Qu’ont dit les constructeurs des prétendues chambres à gaz d’Auschwitz ?
Maurice Haas-Colle
On trouve dans Pressac [1] les noms d’ingénieurs, d’architectes, d’ouvriers de la SS et de sociétés diverses qui participèrent à la construction des prétendues usines de mort d’Auschwitz. Les a-t-on interrogés et, si oui, qu’ont-ils dit ?
1. Les ingénieurs et architectes SS
On ne peut qu’être ébahi d’apprendre que le chef de la Zentralbauleitung d’Auschwitz, Karl Bischoff, n'a pas été inquiété après la guerre ; ingénieur en superstructures et en génie civil, à l’époque SS-Sturmbannführer, mort dans les années 50, Bischoff n'a même jamais été interrogé comme témoin ; or, c'est lui qui a présidé aux diverses phases de la conception, de la construction et de la mise en route des crématoires ! Cet oubli de la justice alliée puis de la justice allemande apparaîtra suspect aux plus bienveillants.
Deux de ses adjoints, les SS Walter Dejaco, architecte, chef du bureau des plans, et Fritz Ertl, ingénieur en superstructures et architecte, furent tout de même jugés à Vienne en 1972 à une époque où l'on avait cessé d'interroger les suspects à coups de pied dans les testicules. Ce procès qui fut peu médiatisé (Les débats se déroulèrent parfois devant une salle vide.) a été le véritable « procès d'Auschwitz », dit R. Faurisson, à qui a été refusé l'accès aux minutes du procès. Plus récemment, un autre chercheur révisionniste, Michael Gärtner, a cherché à son tour à consulter ces minutes mais il lui a été répondu qu’elles n’étaient plus disponibles ! Gärtner n’a donc pu que consulter les comptes rendus de la presse [2]. Selon celle-ci, Dejaco a affirmé qu'à aucun moment de la conception et de la construction, il n'avait entendu parler d'un éventuel détournement à des fins criminelles desdits crématoires. Moins clair, Ertl, de son côté, a prétendu avoir tenté de retarder les travaux. Finalement, le tribunal a nommé un expert pour l'éclairer sur deux points, à savoir :
L'examen des plans des crématoires permettait-il d'affirmer qu'ils prévoyaient la construction d'une installation de gazage ?
Les deux accusés pouvaient-ils imaginer qu'il était techniquement possible que, plus tard, on puisse transformer les crématoires en installation de gazage ?
Malgré le fait qu'il bénéficia de l'aide documentaire du Musée d'Etat d'Auschwitz, de l'URSS (où Dejaco avait été emprisonné 5 ans comme prisonnier de guerre) et de toutes les forces juives (Simon Wiesenthal, notamment), l'expert ne put mettre les accusés en difficulté et répondit négativement aux deux questions. Les deux accusés furent donc relaxés.
L'accusation affirma qu'elle ferait appel mais elle n'en fit rien !
2. Les sociétés de construction
Par contre, on n'interrogea pas les responsables des sociétés de génie civil et autres qui travaillèrent à la construction et à l’aménagement des crématoires ; c'était pourtant élémentaire.
Fort heureusement, Werner Rademacher a recueilli en 1988 le témoignage de l'un d'eux, Walter Schreiber. Ce dernier était un ingénieur ayant travaillé de 1937 à 1945 chez Huta, importante entreprise de construction. Il en était le responsable (Oberingenieur) pour le secteur de Kattowitz dont dépendait Auschwitz. Huta a notamment construit les grands crématoires II et III et leurs morgues (les prétendues chambres à gaz dans lesquelles la plupart des juifs auraient été gazés).
Schreiber était donc bien placé pour juger de ce qui s'y était fait et, pour lui, il était tout à fait invraisemblable que les crématoires aient jamais pu servir à des gazages de masse.
Résumé de l'interview donnée à Werner Rademacher par Walter Schreiber :
Q : « On dit que les morgues devaient être utilisées comme chambres à gaz pour le meurtre de masse ? »
R : « On ne pouvait rien déduire de tel de l’examen des plans. Au vu des plans de masse et de détail dont nous disposions, ces pièces étaient des morgues ordinaires. »
Q : « Savez-vous s’il y avait des orifices [pour l’introduction du Zyklon-B] dans le toit en béton des morgues ? »
R : « Non, pour autant que je m’en souvienne. Comme ces morgues devaient servir accessoirement d’abris antiaériens, ces orifices auraient été contre indiqués. Je n’aurais pasmanqué de le faire remarquer. »
Q : « Est-il pensable que vous ayez été trompés et que la SS vous ait fait construire à votre insu des chambres à gaz ? »
R : « Celui qui connaît le développement d’un chantier sait bien que cela n’est pas possible. »
Q : « Connaissez-vous les chambres à gaz ? »
R : « Naturellement. Tout le monde dans l’Est européen connaissait les chambres à gaz de désinfection. Notre société a construit des chambres à gaz de désinfection qui ressemblaient à toute autre chose. (...) »
Q : « Quand avez-vous appris que votre société avait construit des chambres à gaz destinées au meurtre de masse ? »
R : « Après la guerre. »
Q : « Est-ce que cela vous a surpris ? »
R : « Oui ! J’ai pris contact avec mon ancien supérieur et je l’ai interrogé. »
Q : « Qu’est-ce que vous avez appris ? »
R : « Il en avait également entendu parler après la guerre mais il m’a assuré que notre société Huta n’avait sûrement pas construit des morgues - chambres à gaz. »
Q : « Est-ce qu’une transformation des morgues après votre départ est pensable ? »
R : « Oui mais je l’exclus plutôt pour des raisons de temps. La SS ne pouvait entreprendre ce travail elle-même avec les seuls détenus et elle aurait donc dû à nouveau faire appel à des entreprises extérieures. Sur la base des connaissances techniques sur les chambres à gaz que j’aiacquises par la suite, je peux dire que la chambre que nous aurions construite à cette époque aurait été complètement ratée, et ceci pour des raisons techniques et humaines. » [3]
W. Rademacher lui a encore demandé pourquoi il n’avait pas témoigné. Et W. Schreiber de répondre que, d’une part, au lendemain de la guerre, il avait d’autres préoccupations et, d’autre part, personne ne l’avait jamais interrogé sur ses activités à Auschwitz ou ailleurs. W. Schreiber a autorisé W. Rademacher à publier son témoignage mais après sa mort (survenue en 1999), ce qui en dit long sur l’état de la liberté d’expression en Allemagne cinquante ans après la mort d’Hitler.
3. Les détenus qui ont participé aux travaux
Comme l’indique Schreiber, de nombreux détenus ont participé à la construction des crématoires. On ne possède le témoignage d’aucun d’eux sans que, pour autant, on nous affirme qu’on les a supprimés comme témoins gênants. Incompréhensible !
4. La Topf und Söhne
La société Topf a livré les fours pour l’élimination des corps et elle aurait participé à la mise au point de l’outil de mise à mort par gazage (notamment en fournissant la soufflerie). Ludwig Topf junior, co-directeur de Topf se suicida fin mai 1945 quand les Américains (Erfurt était alors sous leur contrôle.) semblèrent s’intéresser à son entreprise (non pas, pensait Pressac, à cause de la fourniture de fours à Auschwitz mais à Buchenwald). Son frère Ernst-Wolfgang Topf, co-directeur de la société, parti en Allemagne de l’Ouest pour affaires fin juin 1945, ne se pressa pas de rentrer à Erfurt puis finalement y renonça et créa en 1951 une nouvelle société Topf à Wiesbaden.
Auparavant, comme des millions d’Allemands, il avait dû comparaître devant une chambre de dénazification et, bien entendu, il y fut question de ses fours, ce qui incita la justice ouestallemande à s’intéresser de plus près à son cas mais il n’y eut pas de suite notamment parce que les Allemands de l’Est ne permirent pas au personnel de l’ancienne Topf de témoigner.
Cette mansuétude de la justice ouest-allemande reste toutefois incroyable. Kurt Prüfer, chef de la division « Construction des crématoires » de Topf, fut arrêté fin mai 1945 par les Américains ; Pressac affirme que ses papiers furent saisis mais que, comme il les avait préalablement expurgés, on n’y découvrit rien d'anormal et Prüfer fut relâché après 15 jours de détention. En fait, Pressac fait preuve de dogmatisme et recourt à la pétition de principes : il ne peut donc lui venir à l’esprit qu’il y a peut-être bien là la preuve de l’innocence de Prüfer ! En juillet 1945, Erfurt passa dans la zone d’occupation soviétique. Topf continua normalement son activité et eut même l’occasion de fournir aux nouvelles autorités deux fours pour ordures. En octobre 1945, les Russes commencèrent à s’intéresser à Prüfer mais celui-ci ne s’en inquiéta pas et ne tenta apparemment pas de passer à l’Ouest, ce qui semble à nouveau indiquer qu’il n’avait rien à se reprocher. Malgré quoi, les Soviétiques l’arrêtèrent en mars 1946 et l’emmenèrent en URSS avec trois de ses collègues (Fritz Sander, qui mourut presque aussitôt pendant les interrogatoires, Karl Schultze, qui s'était occupé de la ventilation des crématoires d’Auschwitz et Gustav Braun, directeur de la production) ; interrogés par le Smersch, ils n'eurent d'autre solution que de reconnaître la réalité des chambres à gaz mais sans donner le moindre détail convaincant.
Les trois survivants furent condamnés en 1948 à Moscou à 25 ans de détention, ce qui était ridicule compte tenu de ce dont ils étaient accusés : Prüfer mourut en 1952 mais les deux survivants furent libérés dès 1955 ; sans doute bénéficièrent-ils de la mesure de clémence générale accordée aux prisonniers de guerre allemands. A leur retour, Schultze et Braun s'installèrent en RDA et on ne sait pas ce qu'il leur est advenu. Qu’avaient-ils dit à Moscou ? L'Evénement du Jeudi, citant l’historien judéo-anglais Fleming en octobre 1993, a donné un aperçu saisissant de la vacuité de leurs aveux ; cela a été confirmé par l’analyse détaillé du compte rendu de leur interrogatoire par le révisionniste suisse Jürgen Graf. [4]
Intéressant aussi est le cas de Heinrich Messing, ouvrier de Topf qui travailla à la mise au point des crématoires pendant les cinq premiers mois de 1943 ; Pressac a d’ailleurs utilisé les comptes rendus rédigés par Messing, comptes rendus dans lesquels il découvrit (à tort, selon les révisionnistes) certaines de ses fameuses 34 « traces de preuve » de la réalité des gazages.
D’après le Geschichtsort Topf & Söhne (un institut de repentance d’Erfurt [5]), la fille de Messing témoigne (aujourd’hui) de ce que son père lui a dit en rentrant d’Auschwitz à la mi-43 : « Si ce que j’ai vu voit le jour, alors nous pataugerons tous dans le sang jusqu’aux genoux. » [6]
Phrase sibylline s’il en est : en tous cas, après la guerre, Messing resta à Erfurt en RDA ; toutefois, prévenu de ce que les Russes le recherchaient, il s’enfuit pendant 2 semaines puis rentra tranquillement chez lui et ne fut plus inquiété. Il commença à travailler en 1945 à la police judiciaire d’Erfurt (dont le chef était également un ancien de Topf). Il la quitta en 1951 et devint chef du personnel dans diverses sociétés. Entré au parti communiste en 1933 , Messing avait été emprisonné 3 mois par les nazis ; il bénéficia jusqu’à sa mort à 83 ans en 1985 à Erfurt d’une pension au titre de « victime reconnue du fascisme ». Sa fiche à la Stasi dit : « Pendant la guerre, fut employé en Pologne comme travailleur dans des entreprises concernées par la guerre. »
Conclusions
Il est a priori incroyable qu’on n’ait pas cherché à interroger tous les intervenants dont nous venons de parler mais, après réflexion et ainsi que le montre le procès intenté à Dejaco et Ertl, on peut le comprendre ; ces gens étaient des techniciens qualifiés et, sauf recours à la torture (recours problématique en dehors de la période de l'immédiate après-guerre), il pouvait sembler difficile de les faire coopérer à la fabrication d'une légende ; il était plus simple de s'appuyer sur les élucubrations de militaires comme Höss (après les avoir torturés), de déséquilibrés comme Gerstein ou encore de fabulateurs comme Wiesel.
[1] Jean-Claude Pressac, « Les crématoires d’Auschwitz. La machinerie du meurtre de masse », CNRS Editions, Paris, 1993, 155 p.
[2] VffG, n° 1, mars 1997.
3] Werner Rademacher, « Im memoriam Dipl.-Ing. Dr. techn. Walter Schreiber », VffG, Heft 1, Juni 2000, p. 104 sqq.
4] Jürgen Graf, « Anatomie der sowjetischen Befragung der Topf Ingenieure », VffG, Heft 4, Dezember 2002, p. 398 sqq.
[5] http://www.topfundsoehne.de
[6] « Wenn das rauskommt, was ich gesehen habe, werden wir alle bis zu den Knien im Blute waten. »
http://www.vho.org/aaargh/fran/revu/dub ... ando08.pdf