Savon, objets en peau humaine, cheveux ...

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phdnm
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Savon, objets en peau humaine, cheveux ...

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Fri Aug 22, 2014 2:34 pm)

Le mythe des flammes qui jaillissaient des cheminées des crématoires



Les cheminées des crématoires des camps de concentration nazis crachaient-elles d’énormes flammes, ainsi que le prétendent nombre de déportés dans leurs récits ? Les révisionnistes en doutent et ils ne sont pas les seuls. Un auteur comme Jean-François Forges, peu suspect de révisionnisme, a lancé une sorte de mise en garde dans Éduquer contre Auschwitz (ESF Éditeur, Paris, 1997, p. 30) : « Les gardiens de la mémoire doivent bien faire leur propre travail et dénoncer les fantasmes complaisants et malsains qui consistent à multiplier monstrueusement les millions de morts, les flammes et les horreurs de toutes sortes.

Il faut cesser de permettre aux malintentionnés de porter la suspicion sur l’ensemble des témoignages. Il est invraisemblable qu’une théorie aussi faible que le négationnisme puisse perdurer et encore séduire. La rigueur pointilleuse de toutes les personnes qui veulent parler d’Auschwitz est une des conditions pour voir enfin cesser ce retour régulier et insupportable des scandales orchestrés par les négationnistes » (c’est nous qui soulignons). Quelques pages plus loin, il écrit : « Elie Wiesel n’a pas encore quinze ans lorsqu’après un voyage épuisant, il arrive sur la rampe de Birkenau. Il est encore dans le wagon quand quelqu’un crie : "Juifs, regardez ! regardez le feu ! Les flammes, regardez ! Et comme le train s’était arrêté, nous vîmes cette fois des flammes sortir d’une haute cheminée dans le ciel noir" [note 77]. De très nombreux témoins évoquent les flammes sortant des cheminées [note 78]. /

On doit sans doute comprendre ces récits comme une description symbolique de l’enfer dans lequel les déportés se trouvent plongés selon les images traditionnelles du monde de la souffrance et de la damnation » [p. 40-41]. Et le texte intégral de la note 78 est le suivant : « Par exemple, parmi tant d’autres, Jorge Semprun qui finit son livre où il parle de Buchenwald, L’écriture ou la vie, page 319, par la phrase : "Sur la crête de l’Ettersberg, des flammes orangées dépassaient le sommet de la cheminée trapue du crématoire", ou les dessins de David Olère, Un peintre au Sonderkommando d’Auschwitz, pages 36, 50, 51. S’agit-il d’étincelles, d’inflammation de gaz résiduels ? Les témoignages sont trop nombreux pour n’être qu’hallucinations. Mais ces images sont parfois amplifiées.

Myriam Anissimov évoque ces flammes à plusieurs reprises dans son livre sur Primo Levi. Elle dramatise une scène évoquée dans Si c’est un homme, à propos du Chant d’Ulysse et de L’Enfer de Dante, en imaginant qu’au même moment "plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants" étaient tués dans les chambres à gaz et que les cheminées "crachaient des flammes humaines de 10 mètres de haut" (page 263). Elle écrit plus loin que les cheminées "crachaient jour et nuit de gigantesques flammes rouges visibles à plusieurs kilomètres" (page 272), visibles même "depuis l’usine de Buna" (page 299). Ces excès d’imagination sont étonnants dans un livre consacré à Primo Levi, modèle de rigueur, de mesure, de scrupule, dont "chaque mot est pesé sur la balance de précision du laboratoire" (page 409). L’image du feu s’est cependant gravée dans la mémoire des témoins des machines de mort comme symbole d’une création infernale.

Au début du film et du livre Shoah, page 18, Simon Srebnick décrit ce qu’il a vu à Chelmno. Il dit : "Il y avait deux immenses fours... et ensuite, on jetait les corps, dans ces fours, et les flammes montaient jusqu’au ciel." Lanzmann demande confirmation : "Jusqu’au ciel ?" Srebnick répond oui, les flammes montaient "jusqu’au ciel". L’image du feu qui s’élève jusqu’au ciel est sans doute la plus forte pour produire de la vérité sur le gigantisme et l’horreur des brasiers. »

Jean-Claude Pressac, dans son « Enquête sur les chambres à gaz », Les Collections de L’Histoire, n° 3, Auschwitz, la Solution finale, p. 34-41, écrit pour sa part (p. 41) : « On sait que les allégations des négationnistes portent essentiellement sur trois points. Nous ne reviendrons pas ici sur leur mise en cause du nombre des victimes juives. Mais pour ce qui concerne les deux autres points : sur l’inexistence des chambres à gaz homicides et le faible rendement incinérateur des fours Topf, elles ont été ou seront balayées par les documents de la Topf. En revanche, ces derniers contredisent, par exemple, les témoignages des survivants de Birkenau évoquant les colonnes de fumées et de flammes crachées par les cheminées des crématoires. Un crématoire ne fume pas parce que les fabricants se le sont interdits dès le premier congrès européen sur l’incinération tenu à Dresde en 1876 [note : F. Schumacher, Feuerbestattung, J. M. Gebhardt’s Verlag, Leipzig, 1939, p. 20 et 21]. La réglementation ultérieure l’a confirmé. Pour la Topf, ce fut une hantise constante dès sa fondation de construire des foyers n’émettant aucune fumée, au point que les deux premiers brevets allemands (le n° 3855 déposé le 16 mars 1878 et le n° 7493 le 14 février 1879) [note : Institut national de la protection industrielle, antenne documentaire de Compiègne] demandés par Johann Andreas Topf sont ceux de foyers fumivores dont le prospectus de réclame promettait aux futurs clients que « les foyers façon Topf assurent une combustion complète et sans fumée ». Prüfer était tenu de respecter ce double impératif (professionnel et réglementaire), même avec les fours concentrationnaires, ce qu’il confirmera aux officiers soviétiques du Smersh l’interrogeant le 5 mars 1946. C’est pourquoi aucune des photos aériennes de Birkenau prises en 1944 par l’aviation américaine ne montre de fumées sortant des six cheminées des quatre crématoires ».

Que faut-il conclure de tout cela sinon que, comme ne cessent de le répéter les révisionnistes depuis cinquante ans et comme devrait le savoir tout historien digne de ce nom, les témoignages ne sont décidément pas très probants ? Pour illustrer cette vérité d’évidence, nous donnons ci-dessous des extraits de récits de déportés qui font état de ces fameuses flammes crachées par les cheminées des crématoires. Jusqu’à preuve du contraire, ces flammes ne sont donc qu’un des nombreux mythes de l’univers concentrationnaire. Merci aux lecteurs qui nous fourniraient d’autres exemples de récits évoquant des flammes.

1954. Henry BULAWKO, Les Jeux de la mort et de l’espoir : Auschwitz-Jaworzno, nouvelle édition revue et complétée, préface de Vladimir Jankélévitch, Recherches, [Fontenay-sous-Bois ?], 1980 [1ère éd. en 1954], 188 p.
P. 162-163 : Les cheminées fument sans cesse, le ciel / [p. 163] de Birkenau est perpétuellement illuminé par les flammes qui sortent des quatre cheminées où se consument des millions de corps anonymes.
P. 180 : Qui aurait pensé voir surgir en plein coeur de l’Europe du XXe siècle, au pays de Kant et de Marx, de Beethoven et de Goethe, les camps de la mort et les cheminées fumantes de leurs crématoires ?

1973. Viktor FRANKL, Un psychiatre déporté témoigne, Éditions du Chalet, [Lyon], 1973. [Auschwitz.]
P. 34-35 : Une main me montre une cheminée, éloignée seulement de quelques centaines de mètres, et d’où s’élève un / [p. 35] haut jet de flammes, sinistre, qui se dissout en un sombre nuage de fumée.

1973 [?]. Germaine TILLION, Ravensbrück, Le Seuil, Paris, 1973, 288 p.
P. 58[Une vieille Tzigane française raconte ce qu’elle a vu à Auschwitz :] Quand nous sommes arrivés à Auschwitz on nous a mis dans un grand hangar en planches avec de la caillasse noire par terre et rien d’autre [...] et par les fentes des planches nous voyions de grandes flammes toutes rouges mais nous ne savions pas ce que c’était.

1976. Fania FÉNELON, Sursis pour l’orchestre, témoignage recueilli par Marcelle Routier, co-édition Stock/Opera Mundi, 1982 [1ère éd. en 1976], Paris, 405 p. [Auschwitz.]
P. 33 : – C’est curieux, on ne voit pas le ciel ; c’est comme s’il n’existait pas. J’ai l’impression qu’entre lui et nous, il y a comme un énorme écran de fumée. Regarde à l’horizon, c’est rouge, on aperçoit une flamme.
P. 261 : L’été est là. Depuis quelques jours, il fait vraiment beau, le lourd nuage de fumée des crématoires stagne dans l’air chaud. Nous manquons d’air mais apercevons parfois le soleil.
P. 283 : Nous sommes entourées d’une épaisse fumée qui nous cache le soleil et dont l’affreuse odeur de carne brûlée nous asphyxie.
P. 343 : Au-dessus des crématoires, les lourdes fumées indiquent qu’ils sont pleins jusqu’à la gueule, qu’ils ne peuvent plus rien absorber, alors on va les laisser là, avec leurs enfants, à attendre leur tour.
P. 356 : Depuis les alertes, la lumière est réduite, seul le ciel rougeoyant nous désigne encore le camp.

1979. Professeur GILBERT-DREYFUS (Gilbert Debrise : pseudonyme), Cimetières sans tombeaux : récit, Plon, Paris, février 1979, 224 p. [Mauthausen.]
P. 22 : « Cette porte, vous ne la franchirez plus jamais », et, nous désignant du doigt la rougeoyante éructation du crématoire : « On ne sort d’ici que par la cheminée. »

1980. Jorge SEMPRUN, Quel beau dimanche !, Éditions Grasset, Paris, septembre 1991 [1980], 388 p. Coll. Les cahiers rouges. [Buchenwald.]
P. 15 : La fumée calme, là-bas, c’était celle du crématoire.
P. 46 : [...] on voyait aussi la cheminée du crématoire. Ca fumait calmement. Une fumée d’un gris pâle montait dans le ciel.
P. 59 : [...] la fumée légère du crématoire [...].
P. 114-115 : La fumée du crématoire est d’un gris pâle. Ils ne doivent pas avoir beaucoup de travail, au crématoire, pour produire une fumée si légère. Ou alors, ce sont des morts qui brûlent bien. Des morts bien secs, des cadavres de copains comme des sarments / [p. 115] de vigne. Ils nous font cette dernière fleur d’une fumée grise, pâle et légère. Fumée amicale, fumée dominicale, sans doute.
P. 124 : Peut-être les oiseaux ne supportaient-ils pas l’odeur de chair brûlée, vomie sur le paysage dans les épaisses fumées du crématoire.
P. 180 : La cheminée du crématoire, elle, fume toujours calmement.
P. 239 : [...] La fumée du crématoire montait dans le ciel [...].
P. 241 : [...] la fumée du crématoire [...].
P. 253 : S’ils avaient tourné la tête, ils auraient vu le bâtiment du crématoire, sa cheminée massive dont le vent aigre et glacial rabattait la fumée par moments.
P. 294 : [...] de l’odeur obsédante du crématoire.
P. 310 : Je regarde distraitement la cheminée du crématoire, je constate que la fumée grise et légère du début de la matinée est devenue plus éparse.
P. 313 : [...] aussi légère qu’une fumée de crématoire [...].
P. 329 : [...] dans le ciel pâle de décembre où flotte la fumée du crématoire.
P. 332 : [...] les fumées calmes et grises qui n’étaient pas des fumées de crématoire : [...].

1981. Walter LAQUEUR, Le Terrifiant Secret. La « solution finale » et l’information étouffée, Gallimard, Paris, 1981.
P. 33 : Adolf Bartelmas, employé des chemins de fer à Auschwitz, a déclaré dans sa déposition au procès d’Auschwitz, qui s’est tenu à Francfort de nombreuses années plus tard, qu’on pouvait voir les flammes à quinze ou même vingt kilomètres de distance, et que les gens savaient que c’était des êtres humains qu’on brûlait. Kaduk et Pery Broad, qui comparurent au même procès, furent encore plus catégoriques : quand les cheminées fonctionnaient, il y avait des flammes de cinq mètres de hauteur. La gare, remplie de civils et de soldats en permission, était couverte de fumée et il régnait partout une odeur douceâtre. D’après Broad, on pouvait voir et sentir les nuages de fumée noire à des kilomètres de distance : « L’odeur était absolument intolérable... »

1983 [?]. Edmond MICHELET, Rue de la liberté : Dachau 1943-1945, Le Seuil, Paris, 1983 (réédition), 249 p.
P. 187 : [...] la cheminée rougeoyante du crématoire crachant le feu nuit et jour, répandant une odeur de cadavre qui semblait les poursuivre jusqu’ici.

1986. André COURVOISIER, Un aller et retour en enfer, France-Empire, Paris, janvier 1986, 324 p. [Sachsenhausen.]
P. 55 : [...] ils se rendaient vers le crématoire d’où sortait constamment une énorme fumée qui sentait une odeur indéfinissable, lorsque le vent la rabattait sur le camp.

1987. Primo LEVI, Si c’est un homme, traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger, Julliard, Paris, 1987, 215 p. [Auschwitz.]
Appendice de 1976
P. 200 :[Giuliana Tedeschi] m’a fait remarquer que de la fenêtre on voit les ruines du four crématoire ; à cette époque-là, on voyait la flamme en haut de la cheminée. Elle avait demandé aux anciennes : « Qu’est-ce que c’est que ce feu ? », et elle s’était entendu répondre : « C’est nous qui brûlons. »

1988 [?]. Margarete BUBER-NEUMANN, Déportée à Ravensbrück : prisonnière de Staline et d’Hitler, Le Seuil, Paris, mai 1988 (réédition), 336 p.
P. 195 : [...][Anicka] a l’air toute retournée et me demande d’aller jeter un coup d’oeil par la fenêtre. Je vois une haute colonne de feu s’élever au-dessus du bâtiment cellulaire. Je ne comprends pas tout de suite ce qui peut bien être en train de brûler ainsi. Puis tout à coup, je fais le rapprochement avec le crématoire.
P. 196 : Au cours de cet hiver 1944-1945, les colonnes de feu sortant des cheminées derrière le bâtiment cellulaire en vinrent à remplacer les volutes de fumée dans le paysage quotidien de Ravensbrück.
P. 203 : L’issue semblait toute proche, et pourtant les cheminées des crématoires continuaient à cracher leurs flammes et Winkelmann à choisir ses victimes.

1990. Annette KAHN, Robert et Jeanne : à Lyon sousl’Occupation, Payot, Paris, janvier 1990, 170 p. [Auschwitz.]
P. 136-137 : Dans mon bloc, le 12A, où nous étions en majorité des non-juives, il nous était formellement interdit de: tourner la tête vers les crématoires qui crachaient des flammes très hautes et très droites. Comme tous les autres blocs, le nôtre était équipé d’ouvertures, obturées par des planches qui présentaient des interstices. Il ne fallait pas que nous entendions ou voyions des choses que nous aurions pu répéter, d’où les interdictions, sous peine de suivre le même chemin, de tourner les yeux vers ces cheminées. Or, nous étions comme fascinées, imaginer ce qui se passait là-dedans, penser que peut-être au même instant, un ami, une soeur, un père... J’en frissonne encore. Alors / [p. 137] nous étions collées, l’oeil contre les fentes, à contempler avec horreur cette colonne de fumée noire qui fournit un panache au-dessus de la flamme rouge. [...]
P. 150 : C’est terminé, cet affreux cauchemar symbolisé au plus secret de tous par ces cheminées crachant le feu et la fumée est loin à présent, et chaque tour de roue le fait s’évanouir un peu plus.

1991 [?]. Béatrice de TOULOUSE-LAUTREC, J’ai eu vingt ans à Ravensbrück. La victoire en pleurant, Perrin, Paris, février 1991 [1946 ?], 308 p.
P. 127[vous savez aussi] qu’il y a un four crématoire dont la flamme qui s’échappe de la cheminée rougit trop souvent le ciel.
P. 270 : Les jours allongent, l’appel du matin semble moins long, et cependant la flamme du crématoire est plus rouge que jamais, et les sélections ne nous laissent pas un instant de repos.
P. 295[et je pense] [...] à la flamme rouge qui s’échappe nuit et jour de la haute cheminée. [...].

1992. Sylvain KAUFMANN, Le Livre de la mémoire : au-delà de l’enfer, préface de Robert Badinter, Jean-Claude Lattès/ Stock, Paris, octobre 1992, 522 p. [Présenté, pour la première fois, en intégralité]. [Auschwitz.]
P. 123 : Sa fille a été gazée à l’arrivée. Max me met peu à peu au courant de ce qu’est Auschwitz et il me confirme que les lueurs rougeâtres qu’on aperçoit dans le ciel témoignent de l’activité ininterrompue des crématoires.
P. 170 : [...] en route pour l’une des chambres à gaz, [...] nous voyons d’ailleurs chaque nuit les lueurs rougeâtres des crématoires et ressentons en permanence l’odeur de chair brûlée.
P. 396 : camions asphyxiants [...] La nuit, les lueurs rougeoyantes et sinistres déchiraient le ciel et les coeurs de ceux qui en connaissaient la signification.

1992. Nadine HEFTLER, Si tu t’en sors... : Auschwitz, 1944-1945, préface de Pierre Vidal-Naquet, La Découverte, Paris, 1992, 189 p. [écrit en 1946 ?]
P. v [préface de Pierre Vidal-Naquet] : Nadine Heftler n’a rien de particulier, de neuf, à nous dire sur les chambres à gaz – puisque, honteusement, certains ont tenté de les rayer de l’histoire –, simplement elle a vu, comme tant d’autres, les flammes jaillir du krematorium, et elle a su, de bonne heure, le 22 octobre 1944, que sa mère en a été victime.
P. 42-43 : Nous fûmes tout de suite frappées, maman et moi, par les énormes flammes sortant d’une très haute cheminée qui semblait être celle d’une usine. Bien que très étonnés, nous pen- / [p. 43] sions qu’il s’agissait d’un feu de cheminée, et nous ne nous en soucions pas outre mesure. En réalité, c’était le four crématoire !
P. 123 : [...] et, la nuit, les grandes flammes rouges avaient cessé d’éclairer le camp sordide.

1993. Liana MILLU, La Fumée de Birkenau, traduit de l’italien, préface de Primo Levi, Éditions du Cerf, Paris, 1993, 200 p. Coll. Toledot-Judaïsmes.
P. 7 [préface de Primo Levi] : [...] la présence obsédante des fours crématoires dont les cheminées, situées au beau milieu du camp des femmes – impossibles à éluder ou à nier –, corrompaient de leur fumée impie les jours et les nuits [...].
P. 31 : [...] de ces sables mouvants et boueux que la lumière du four crématoire le plus proche illuminait du reflet de ses hautes flammes ;
P. 36 : D’un geste de colère, je montrai la direction des fours crématoires. Ils étaient tous allumés, zébrant la nuit brumeuse de leurs hautes flammes ; [...] Le visage tourné vers les flammes vives et comme suspendues dans l’obscurité, je regardais, ...
P. 65 : [...] les lourdes volutes des crématoires [...] légères petites fumées blanches [...] lourde fumée de quelque sélection parmi les vieux [...].
P. 70 : « Comme ça flambe ! Seigneur Dieu, comme ça flambe ! […] »
nous avons vu le ciel de la nuit illuminé de rouge et tout scintillant à cause des énormes flammes qui s’élevaient sans cesse des petites tours des crématoires. Le camp était ainsi dominé par une haute couronne de feu visible depuis les maisons d’Auschwitz, depuis celles des paysans et depuis les bourgs lointains.
« Cette nuit, ça flambe beaucoup à Birkenau ! » disaient peut-être ces gens-là. [...]
Les flammes s’élevaient si haut que les ruelles du camp en étaient illuminées. Les reflets dansaient sur la boue et les flaques.
P. 71 : Leurs visages réfléchissaient les lueurs des flammes [...] ces chairs humaines livrées aux flammes [...]
P. 73 : « là-bas », là où quelques langues de flammes s’élevaient et vacillaient encore, [...]
P. 108 : [...] la fumée des crématoires traînait dans l’air lourd [...].
P. 110 : [...] les fumées du crématoire le plus proche.
P. 117 : Du côté de Birkenau, quelques fumées noires restaient suspendues dans l’air lourd.
P. 175 : [...] nous creusions des fossés à côté des crématoires pour y jeter les cendres en trop ; [...] Nous la voyions cette fumée, si noire, si lourde qu’elle avait du mal à se dissoudre pour toujours dans le néant.
P. 177 : [...] et pendant ce temps, le crématoire continuait à fumer et des parcelles de cendre me retombaient sur la tête.
P. 179-180 : Un peu de fumée venait du côté de Birkenau, et le vent l’emportait sur Auschwitz. [...] / [p. 180] Et tout n’était que fumée. Fumée [...].

1995. Denise HOLSTEIN, « Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz... », Éditions n° 1, Paris, janvier 1995. Coll. Témoignage, 144 p.
P. 74 : Quand j’en sors[de l’infirmerie], on nous dirige vers l’autre bout du camp. Le ciel est rouge, l’odeur est effroyable, l’air est irrespirable. Des flammes gigantesques sortent des cheminées. On nous installe dans une baraque, juste en face. Nous y passons quinze jours

1995. Nelly GORCE, Journal de Ravensbrück, avant-propos de Lucien Neuwirth, Actes Sud, Arles, avril 1995, 192 p.
P. 104 : La gueule du monstre[c’est-à-dire du crématoire] est cependant d’une impérieuse gourmandise, il lui faut chaque jour sa ration de chair humaine. Dans le ciel, montent, hautes et lugubres, défiant le monde et l’humanité, les flammes rouge sang entourées d’un halo de fumée épaisse et noire. L’atmosphère est chargée d’une odeur écoeurante de chair calcinée dont la persistance est tenace. [...] Et dans la nuit épaisse, déchirée par ces lueurs sanglantes, nous sentons monter lentement en nous la terreur et l’effroi.
P. 108 : Parfois, à l’arrivée, un tri s’opère : les plus forts sont gardés pour les travaux du camp, et s’ils demandent à leurs bourreaux la nature de ces flammes gigantesques violant le ciel, il leur est répondu:
– C’est la boulange !
Drôle de boulange.
P. 144 : Ce soir, les flammes du crématoire montent haut dans la nuit, on dirait un incendie gigantesque et dévorant.
P. 160 : De temps en temps, la lueur des crématoires strie le ciel, ils sont en plein rendement, l’odeur nauséabonde m’oblige à quitter la fenêtre.

1996. Paul STEINBERG, Chroniques d’ailleurs : récit, Ramsay, Paris, janvier 1996. 192 p.
P. 114-115 : Les crématoires sont sous pression vingt-quatre heures sur vingt-quatre. D’après les informations parvenues de Birkenau, on a brûlé trois mille, puis trois mille cinq, et, la semaine dernière, jusqu’à quatre mille cadavres par jour. Le nouveau Sonderkommando est dédoublé pour assurer le suivi de la chambre à gaz jusqu’au four, jour et nuit. Les cheminées laissent / [p. 115] échapper des flammes de dix mètres visibles la nuit des lieues à la ronde, et l’odeur entêtante de chair brûlée se fait sentir jusqu’à la Buna.

1996. Françoise MAOUS, Coma : Auschwitz, n° A.5553. Récit, préface de Pierre Vidal-Naquet, Le Comptoir éditions, [s.l.], août 1996, 192 p.
P. 46 : et sa main se leva vers la haute cheminée du-bâtiment de briques d’où sortait une grande flamme. Nous l’avions remarqué car à l’appel, nous avions les yeux tournés vers lui. Nous pensions que c’était le crématoire où l’on brûlait les morts.
P. 47 : Tout ce que je ne comprenais pas, toute la terreur qui dormait au fond de moi, tout ce qui m’avait paru inexplicable depuis mon arrivée s’éclairait à la lueur sinistre du crématoire géant ; silencieusement, j’essayais de réaliser cette terrifiante révélation.
P. 89 : Demain, à l’appel, nous verrions la flamme du crématoire monter haut, très haut, nous éclairer ; la cheminée fumerait, indiquant à celles qui n’avaient pas vu qu’un convoi était arrivé hier.
P. 163 : Les flammes étaient si hautes que nous les apercevions de nos lucarnes et nous nous demandions si notre tour allait venir [...].

2000 [?]. Témoignage de C. Kalb recueilli par la Commission de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale et entreposé à l’Institut d’histoire du temps présent. Extrait rapporté dans : Michael POLLAK, L’Expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l’identité sociale, Éditions Métailié, Paris, 2000.
P. 193 : « Nous savions que nous étions là pour mourir et nous nous y résignions. Les premiers jours, les cheminées crématoires avec leur grande flamme rouge continuelle nous avaient beaucoup frappées, mais après nous ne portions plus du tout attention à ces choses. »


Revue Akribeia, n° 6, mars 2000.

http://vho.org/F/j/Akribeia/6/Akribeia23-32.html

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Re: Savon, objets en peau humaine, cheveux ...

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Fri Aug 22, 2014 2:41 pm)

Le mythe du savon fabriqué à partir de la graisse humaine



Dans une brochure récente intitulée L’Affaire Jörg Haider, Vincent Reynouard écrit que « le mythe du savon humain a été définitivement abandonné dans les années 80 » (p. 55). Il nous semble que c’est aller un peu vite en besogne. En effet, la fin d’un mythe ou d’une croyance ne se décrète pas. Tel est le cas du mythe du savon humain et plus particulièrement juif. S’il a fait l’objet de quelques articles de la part de révisionnistes (voir la bibliographie succincte donnée après la présente introduction), nous ne pensons pas que ce bobard ait été étudié en détail dans ses diverses composantes par un historien ou un sociologue. Le sujet est pourtant digne d’intérêt. À notre avis, il importe avant tout de répertorier le plus possible de références relatives au mythe du corps humain transformé en savon, en colle, en engrais, etc. Ces références – empruntées à tout type d’ouvrages, y compris de fiction – peuvent se rapporter aux époques les plus diverses et aux lieux les plus variés. C’est ce que nous avons voulu commencer à faire dans la petite et volontairement très partielle liste qui suit, même s’il est sans doute difficile, voire impossible, d’établir un lien précis entre toutes ces références. Les lecteurs sont bien entendu invités à enrichir notre liste. Le chercheur qui désirerait étudier la question devra par exemple se poser diverses questions et notamment celles-ci : trouve-t-on, dans un passé plus ou moins lointain (avant le XXe siècle), des références à l’utilisation du corps humain à diverses fins ? dans quels contextes particuliers ? l’histoire de la « fabrique de cadavres » au cours de la première guerre mondiale est-elle une oeuvre de pure propagande ? quelle a été sa diffusion réelle en Europe et dans d’autres pays du monde, notamment en Asie ? par quels canaux ? dans quels buts ? l’histoire du savon juif est-elle une simple rumeur ou bien l’oeuvre d’officines de la propagande alliée ? quelle a été sa diffusion réelle en Europe et dans d’autres pays du monde ? de quelle façon les historiens ont-ils traité cette question depuis 1945 ? dans quelle mesure cette croyance perdure-t-elle en Occident ? dans quels milieux ? qui y ajoute foi aujourd’hui ? quels auteurs s’en ont-ils fait l’écho ? pour quelle raison les historiens de la seconde guerre mondiale n’ont-ils jamais entrepris une étude approfondie de cette question ? Tels sont quelques-uns des sujets auxquels il conviendrait de s’intéresser.

BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE SUR LE SAVON JUIF


Robert FAURISSON, « Le savon juif », Annales d’histoire révisionniste, n° 1, printemps 1987, p. 153-159.
Richard HARWOOD & Ditlieb FELDERER, « Human Soap », The Journal of Historical Review, vol. 1, n° 2, été 1980, p. 131-135.
Bradley R. SMITH, « Rub-A-Dub-Dub. Notes on the Jewish-soap Scam », Remarks, n° 8, septembre-octobre 1991, p. 1-5.
Mark WEBER, « Jewish Soap », The Journal of Historical Review, vol. 11, n° 2, été 1991, p. 217-227.

1450. Giovanni Francesco POGGIO-BRACCIOLINI, Liber Facetium, n° 190. Rapporté dans Foaftale News, n° 35, octobre 1994, p. 3.
Un agent de Landolfo di Maramaur, cardinal de Bari (mort en 1415) aurait débarrassé un hôpital de ses profiteurs et faux malades en annonçant que l’un d’entre eux serait tiré au sort pour être bouilli dans le but d’obtenir un onguent ou une pommade.

1886. V. FOSSEL, Volksmedicin und medicinische Aberglaube in Steiermark, Graz. Rapporté par Montague Summers, lui-même cité dans Foaftale News, n° 35, octobre 1994, p. 3.
Les gens de la campagne autrichienne croyaient que les médecins de l’hôpital de Graz pouvaient disposer chaque année d’une vie humaine à des fins pharmaceutiques. Ils se saisissaient alors d’un jeune homme venu faire soigner un mal de dent ou un autre mal bénin, le pendaient par les pieds et le mettaient à mort. Des chimistes qualifiés faisaient bouillir son cadavre pour en obtenir une pâte qu’ils utilisaient, avec la graisse et les os carbonisés, dans leur pharmacie. Les gens sont persuadés que chaque année, vers Pâques, un jeune disparaît à l’hôpital pour être employé à ces fins.

1942. Congress Weekly [New York, American Jewish Congress], 4 décembre 1942.
Article intitulé : « Corpses for Hitler. »
Traduction d’un extrait : Des cadavres pour Hitler
Nous avons reçu les informations suivantes d’une source allemande digne de foi :
Au cours des derniers mois un grand nombre de trains sont arrivés en Allemagne, de Belgique, de Hollande et de France. Les trains étaient chargés de déportés. Au début du mois d’août, les wagons étaient en partie remplis de cadavres, en partie de déportés vivants. On rapporte que, depuis le début du mois d’août, les trains sont arrivés aux frontières allemandes uniquement avec des cadavres.
Les cadavres sont utilisés dans des usines spéciales pour y être exploités[for valuation]. L’informateur avait personnellement connaissance de deux de ces usines dans lesquelles les cadavres sont utilisés pour la fabrication de savon, de colle et d’huile pour les trains. [...].

1943. Pierre-Antoine Cousteau, « "Christmas Murder", Roman à épisodes », Paris-Soir, vendredi 1er janvier 1943, p. 3 ; col. A.
Paragraphe intitulé : « Savon de cadavres sans tickets. »
Le grand rabbin Wise, qui est une sorte de pape juif des ÉtatsUnis, vient de « révéler » à ses frères de race et à ses esclaves (les aryens des U.S.A. ne sont que les esclaves d’Israël) que les Allemands massacraient d’énormes quantités de Juifs pour fabriquer avec leurs cadavres du savon et de la colle forte. Preuve que le grand rabbin Wise n’a pas beaucoup d’imagination. Car cette histoire du savon à la graisse de cadavre est tout de même un peu usée. Elle était déjà, lors de l’autre guerre, avec le roman des petits Belges aux poignets coupés, à la base de la propagande alliée dans les pays neutres. Mais, en 14-18, il ne s’agissait que des corps des soldats tués au combat. Tandis que, dans la version du grand rabbin, on abat tout exprès les pauvres Juifs pour en faire du savon. Et comme les Yankees n’ont aucun moyen de contrôle, il est possible qu’ils se laissent émouvoir par les contes hébraïques du Dr. Wise. Lesquels contes ne sont pas tellement plus absurdes, après tout, que les bobards colportés chez nous par les fidèles auditeurs de Radio-Londres.

1944. « Trois mois dans un camp de Juifs en Silésie » (édité et diffusé par le M.N.C.R. [Mouvement national contre le racisme], août 1944), dans : Récits d’atrocités nazies, Les Éditions de la clandestinité-Mouvement national contre le racisme, s.l., [vers fin 1944], p. 25-27.
P. 27 : Les femmes, les enfants et les vieillards étaient emmenés à Auschwitz. Il y a là-bas une grande savonnerie qui travaille pour la Wehrmacht. Les ouvriers sont des Juifs et – on le dit – les matières premières aussi. D’Auschwitz, personne ne sort jamais, ni vivant, ni mort.

1945-1946. Le savon humain au procès de Nuremberg. Extraits cités par Carlos PORTER & Vincent REYNOUARD, Délire au procès de Nuremberg. Les accusations grotesques formulées contre les vaincus, Vrij Historisch Onderzoek, Anvers, 1998.
P. 39 : Le 8 février 1946, le procureur général soviétique, le général Rudenko, lut l’extrait d’un « appel adressé à l’opinion mondiale par les représentants de plusieurs milliers d’anciens internés d’Auschwitz ». Il y était question de graisse humaine récupérée pour économiser le pétrole et préparer du savon humain :
[TMI, VII, p. 183]
« Lors de l’arrivée des transports de Hongrie, ces fours ne suffirent plus et l’on dut avoir recours à d’énormes tranchées crématoires. On y installait des bûchers qu’on arrosait de pétrole. Dans ces tranchées, on entassait des cadavres, mais souvent les SS y jetaient aussi des vivants, enfants et adultes. Les malheureux y périssaient d’une mort horrible. Les graisses nécessaires à l’incinération étaient en partie récupérées sur les cadavres des gazés, afin d’économiser le pétrole. Les cadavres fournissaient aussi des huiles et des graisses destinées à des usages techniques et même à la fabrication du savon. »
[TMI, VII, p. 597-601]
[...] À l’institut anatomique de Dantzig, avaient déjà eu lieu des expériences sur la fabrication de savon à partir de cadavres humains et sur les possibilités de tannage de la peau humaine, dans des buts industriels. Je présente au Tribunal, sous le n° URSS-197, la déposition d’un homme qui prit part lui-même à la fabrication du savon à partir de graisse humaine. Il s’appelle Sigmund Masur, préparateur à l’institut anatomique de Dantzig. [...]. J’attire l’attention du Tribunal sur cet extrait :
« QUESTION. – Racontez-nous comment on procédait à la fabrication du savon, à partir de la graisse humaine, à l’institut anatomique de la ville de Dantzig ?
RÉPONSE. – En été 1943 fut construit, à côté de l’institut anatomique, au fond d’une cour, un bâtiment en pierres, à un étage, comprenant trois pièces. Ce bâtiment avait été construit pour l’utilisation des cadavres et pour le traitement des os. C’est ce qui avait été officiellement déclaré par le professeur Spanner. Ce laboratoire portait le nom de "Laboratoire pour la préparation des squelettes humains et la crémation de la chair et des os inutiles". Dès l’hiver 1943-1944, le professeur Spanner ordonna de recueillir la graisse humaine et de la conserver. Cet ordre fut donné à Reichert et à Borkmann. En février 1944, le professeur Spanner me donna une formule pour préparer le savon à partir de la graisse humaine. Cette formule prescrivait de prendre cinq kilogs de graisse humaine, dix litres d’eau et 500 ou 1.000 grammes de soude caustique, de faire bouillir deux à trois heures et de laisser refroidir. Le savon surnageait alors, tandis que les résidus et l’eau restaient au fond des récipients. On ajoutait à ce mélange une poignée de sel et de la soude. Ensuite, on ajoutait de l’eau froide et on faisait bouillir à nouveau le mélange pendant deux à trois heures. Après refroidissement, le savon était coulé dans des moules. »
LE PRÉSIDENT. – Nous allons suspendre l’audience. (L’audience est suspendue.)
COLONEL SMIRNOV. – Je me permettrai maintenant de montrer au Tribunal un de ces moules dans lesquels était coulé le savon bouilli et, ensuite, j’apporterai la preuve que du savon humain non fini a été saisi à Dantzig.
Je continue ma citation :
« Ce savon avait une odeur désagréable et, pour enlever cette odeur, on y ajoutait du benzaldéhyde. »
[…]
Je continue la citation, page 364, quatrième paragraphe :
« Borkmann et Reichert recueillaient la graisse des cadavres. Je préparais du savon avec cette graisse. Une opération de cuisson durait plusieurs jours (trois à sept). Personnellement, je n’ai pris une part directe qu’à une seule opération de cuisson sur deux, dont j’ai eu connaissance. Ces deux opérations eurent pour résultat 25 kilogs de savon, dont la fabrication demanda 70 à 80 kilogs de graisse humaine, tirée d’environ 40 cadavres. Le savon terminé allait au professeur Spanner qui le conservait chez lui.
Autant que je sache, la fabrication de savon à partir de cadavres humains intéressait également le Gouvernement hitlérien. L’institut anatomique a reçu la visite du ministre de l’Éducation populaire (Volksaufklärung), Rust, du ministre de la Santé, Conti, du Gauleiter de Dantzig, Albert Forster et de nombreux professeurs de différents instituts médicaux.
J’ai employé moi-même ce savon fait de graisse humaine pour ma toilette et ma lessive ; j’en ai pris quatre kilogs. »
Je saute l’alinéa suivant et je continue :
« Reichert, Borkmann, von Bargen et notre chef, le professeur Spanner, se sont également servis de ce savon pour leur usage personnel. »
[…]
Je dépose maintenant, sous le n° URSS-196, une copie de la formule du savon [...].
[...] je dépose maintenant comme preuve, sous le n° URSS-272, les déclarations écrites du caporal William Anderson Nealy, du Royal Signals de l’Armée britannique. Messieurs les juges trouveront ce passage à la page 498, tome II du livre de documents :
« [...] Le montage de la machine à fabriquer le savon fut terminé en mars ou avril 1944. Des prisonniers de guerre anglais avaient terminé en juin 1942 la construction du bâtiment dans lequel cette machine devait être installée. La machine elle-même fut montée par une entreprise civile de Dantzig, nommée Aird, qui ne s’occupait pas de production d’armements. Autant que je me souvienne, cette machine faisait fondre les os des cadavres mélangés à un acide. Le processus de liquéfaction durait environ 24 heures. Les parties grasses, provenant en particulier de cadavres de femmes, étaient mises dans un grand récipient en émail, chauffé par deux becs Bunsen. Là aussi on se servait d’un acide ; je crois que c’était de l’acide chlorhydrique. Quand le processus d’ébullition était terminé, on laissait refroidir le mélange et, par la suite, on en faisait des coupes en vue d’examens microscopiques. »
[…]
Je dépose maintenant quelques fragments du savon en question, soit mi-fini, soit terminé : voici un petit morceau de savon qui est resté emmagasiné plusieurs mois, il rappelle le savon de ménage le plus ordinaire. Je présente également quelques spécimens de cuir à moitié terminé, préparé à base de peau humaine. Les échantillons que j’ai amenés démontrent que la fabrication du savon à l’institut de Dantzig était pratiquement mise au point. En ce qui concerne la peau, elle rappelle par son aspect un produit semi-fabriqué. Le morceau que vous apercevez sur le côté gauche de la table est celui qui ressemble le plus à du cuir industriel. On peut donc en déduire qu’à l’institut de Dantzig les essais de fabrication industrielle de savon avec de la graisse humaine étaient déjà achevés, tandis que les expériences en vue de tanner la peau humaine étaient encore en cours. L’avance victorieuse de l’Armée rouge mit un terme à ces nouvelles manoeuvres criminelles des nazis.

1954. Henry BULAWKO, Les Jeux de la mort et de l’espoir : Auschwitz-Jaworzno, nouvelle édition revue et complétée, préface de Vladimir Jankélévitch, Recherches, [Fontenay-sous-Bois ?], 1980 [1ère éd. en 1954], 188 p.
P. 72 : On nous exploite jusqu’à notre dernier souffle. Plus tard, les S.S. s’en vantent eux-mêmes, ils tireront du savon de la graisse de nos corps calcinés.
En nous distribuant le savon, aux douches de la mine, le Kommando-führer avait ricané : « Juden Fets. »
– C’est de la graisse de Juif.
Nous crûmes qu’il plaisantait. Nous avons appris à ne plus rien prendre à la légère.
P. 180 : Qui aurait pensé voir surgir en plein coeur de l’Europe du XXe siècle, au pays de Kant et de Marx, de Beethoven et de Goethe, les camps de la mort et les cheminées fumantes de leurs crématoires ? Les hallucinants abattoirs humains, avec le savon de graisse de Juif, les cheveux tissés, les dents en or arrachées et envoyées à la Reichsbank – et cette montagne de souliers d’enfants gardant la forme des milliers de tout-petits pieds qui ne courront plus jamais, devant laquelle s’arrête aujourd’hui, la gorge serrée, le visiteur d’Auschwitz ?

1957. Robert ANTELME, L’Espèce humaine, édition revue et corrigée, Gallimard, Paris, 1978 [1ère éd. en 1957], coll. Tel, 306 p.
P. 195 : Les petits tziganes de Buchenwald asphyxiés comme des rats. [...] Toutes les cendres sur la terre d’Auschwitz.
[...] sous les tonnes de cendres d’Auschwitz. [...]
on fait du savon avec leur corps. Ou bien on met leur peau sur les abat-jour des femelles SS. Pas de traces de clous sur les abat-jour, seulement des tatouages artistiques. [...)

1970. Brigitte FRIANG, Regarde-toi qui meurs. Une femme dans la guerre, Éditions Robert Laffont, Paris, 1970, 450 p.
P. 135 : Que signifiait donc cette pancarte, tracée en lettres gothiques noires, sous la voûte d’entrée du camp. C’est clair, pourtant. Seuls les morts sortent d’ici. En fumée et en savon. Cet insignifiant commentaire n’était pas mentionné. Qu’importe. Nous ne comprenons pas l’allemand. Mais nous serons très vite au courant.

1973 [?]. Germaine TILLION, Ravensbrück, Le Seuil, Paris, 1973, 288 p.
P. 47 : Naturellement, on récupérait les bagages des morts, leurs vêtements, leurs dents en or, leurs cheveux, leurs cendres pour faire du savon, mais ce n’était pas encore assez [...].

1973. A. MOJONNIER, Histoire de la Confédération suisse, Éditions Stauffacher, Zurich, 1973.
P. 234 : [à propos de la bataille de Marignan]
Les lansquenets allemands fêtèrent la victoire selon l’usage du temps. On raconte qu’ils enduisirent leurs bottes et leurs piques de la graisse du gros landamman d’Uri, Puntiner... Cette profanation n’était pas dépourvue de sens, car à l’époque la graisse humaine était considérée comme un médicament remarquable. On la payait fort cher, et c’est pour cela que, sur les champs de bataille, les corps des hommes gras étaient vidés en toutes règles [pas de source indiquée].

1976. Fania FÉNELON, Sursis pour l’orchestre, témoignage recueilli par Marcelle Routier, co-édition Stock/Opera Mundi, Paris, 1982 [1ère éd. en 1976], 405 p.
P. 36, note 1 : Plus tard, j’apprendrai que les cheveux récupérés servaient à tisser des gaines de câbles électriques, des feutres, des tissus. Les os étaient transformés en engrais, en noir de fumée. Un système de filtres permettait de recueillir les graisses humaines qui servaient à fabriquer des huiles, des savons.
P. 254 : « Et vos rabbins, pauvres andouilles, hurle Florette, c’étaient donc tous des salauds pour qu’on les jette dans les fours ? Ca cuit bien, les rabbins, mieux encore que les autres, hein ? C’est gras, ça fait du très bon savon ! Il est parfait votre Bon Dieu : il laisse brûler ses prêtres ! Il n’y a rien, entendez-vous, rien, rien ! »

1981. Walter LAQUEUR, Le Terrifiant Secret. La « solution finale » et l’information étouffée, Gallimard, Paris, 1981.
P. 16 : [...] utilisation par les Allemands des cadavres de soldats pour la production de lubrifiants comme la glycérine et le savon.
P. 17 : [fin 1941-1942] [...] et de savons fabriqués à partir de cadavres, [...].
P. 70 : Un mois plus tard [en août 1943 ?], l’ambassade britannique à Madrid fit savoir que le Gouvernement espagnol accepterait l’idée d’autoriser les Juifs détenteurs de passeports espagnols à venir en Espagne au lieu d’être envoyés en Pologne où ils mourraient probablement dans des camps de concentration et serviraient à fabriquer du savon.
[Note : cité dans l’ouvrage de B. WASSERSTEIN, Britain and the Jews of Europe 1939-1945, Londres, 1979, p. 237.]
P. 103 : Il y eut un rapport qui affirmait que les cadavres des victimes à fabriquer du savon et des engrais : il émanait probablement de Sternbuch à Montreux, le représentant des Juifs orthodoxes, qui le tenait d’une source polonaise. Riegner raconta une histoire semblable sur la foi d’un « officier antinazi attaché à l’état-major de l’armée allemande » : il y avait deux usines qui utilisaient les cadavres des Juifs pour fabriquer du savon, de la colle et des lubrifiants. Ces histoires invraisemblables renforcèrent le scepticisme à Londres et à Washington. Comme Frank Roberts l’écrivait : « Les faits sont déjà assez graves sans qu’on y ajoute une vieille histoire comme celle de la fabrication de savon à partir de cadavres. » [Wasserstein, p. 169]. Il s’avéra après la / [p. 104] guerre que l’histoire était en fait fausse. Mais les cheveux des victimes du sexe féminin servaient effectivement à l’effort de guerre, et les rumeurs concernant la fabrication de savon à partir des cadavres des victimes juives s’étaient largement répandues, en tout cas, parmi les non-Juifs en Pologne, en Slovaquie et en Allemagne. Il y était fait allusion dans divers rapports confidentiels allemands et même dans la correspondance échangée entre les dirigeants nazis.

1988 [?]. Raul HILBERG, La Destruction des juifs d’Europe, traduit de l’anglais par Marie-France de Paloméra et André Charpentier, Fayard, [Paris], 1988.
P. 637 : Bientôt de nouvelles informations filtraient, non seulement dans les milieux gouvernementaux, mais également dans le public. En juillet 1942, un groupe de 700 Allemands de souche mais « asociaux », en provenance de Slovaquie, fut « réinstallé ». Au moment de leur départ, une rumeur commença à circuler : les « réinstallés » allaient être « bouillis et transformés en savon » [note](zur Seife verkocht werden). Cette rumeur reprenait un bruit bien connu selon lequel, dans les centres d’extermination, les Allemands faisaient des savonnettes avec la graisse humaine.
Note : Karmasin (chef des Allemands de souche en Slovaquie) à Himmler, 29 juillet 1942, NO-1660.
P. 638 : S’adressant à Ludin, Tuka affirma qu’un évêque avait cité des bruits faisant état d’exécutions massives de Juifs en Ukraine et précisant qu’on tuait non seulement les hommes, mais aussi les femmes et les enfants. Avant leur exécution, les Juifs devaient creuser eux-mêmes leur fosse. Ceux qu’on n’enterrait pas étaient transformés en savonnettes.
P. 836 : Ce puissant réseau de rumeurs n’atteignait pas que les oreilles allemandes. Nous avons déjà eu l’occasion de noter que les informations sur les centres de mise à mort parvinrent aux populations de plusieurs pays sous la forme d’un bruit bien précis : la graisse des cadavres dont les Allemands faisaient du savon. On n’a pas encore retrouvé l’origine de cette rumeur, mais une indication nous est sans doute fournie par le témoignage, après la guerre, d’un inspecteur de la SS, le Dr Konrad Morgen, qui fut très actif en Pologne à une époque. Le Dr Morgen se pencha notamment sur le cas du Brigadeführer Dirlewanger. Il faut souligner que Dirlewanger n’avait rien à voir avec les centres de mise à mort. Il commandait une célèbre brigade de SS douteux stationnée dans le Gouvernement général en 1941. Que faisait cet homme ? D’après Morgen :
[...] Dirlewanger avait arrêté des gens illégalement et arbitrairement et avec ses prisonnières – de jeunes Juives –, il fit la chose suivante : il réunit un petit groupe d’amis consistant en membres d’une unité d’appui de la Wehrmacht. Puis il procéda à de pseudo-expériences scientifiques, qui incluaient le déshabillage des victimes. On leur injecta ensuite de la strychnine. Dirlewanger observait la scène en fumant une cigarette, comme ses amis, et ils regardèrent mourir ces filles. Aussitôt après, les cadavres furent découpés en petits morceaux, mélangés à de la viande de cheval, et bouillis pour en faire du savon.
Je voudrais dire ici, catégoriquement, que nous n’avions, pour ce qui est de cette affaire, que des soupçons, même s’ils étaient extrêmement insistants. Nous avions les déclarations de témoins concernant ces incidents, et la Police de sécurité de Lublin a procédé à des enquêtes bien précises... [note 23]
Le 29 juillet 1942, le chef des Allemands de souche en Slovaquie, Karmasin, avait écrit à Himmler une lettre où il décrivait la « réinstallation » de 700 Allemands de souche « asociaux ». Un des problèmes, précisait Karmasin, était le bruit qui courait (et que reprenait le clergé) selon lequel les « réinstallés » allaient être « cuits et transformés en savon(dass die Aussiedler "zur Zeife verkocht werden") » [note 24]. En octobre 1942, la Division de la propagande du district de Lublin rapportait que, d’après une rumeur qui se propageait dans la ville, c’était à présent au tour des Polonais d’être utilisés, comme les Juifs, pour la « production de savon(Die Polen kommen jetzt genau wie die Juden zur Seifenproduktion dran) [note 25] ». À la Generaldirektion der Ostbahn, les responsables du trafic ferroviaire disaient en plaisantant / [p. 837](ironisch), à propos des gazages, qu’une nouvelle distribution de savon était en route [note 26].
Les SS et la Police ne parvenaient pas à faire cesser les rumeurs – qui persistèrent bien après la fin de la guerre [note 27].
Note 23 : Témoignage en cours d’instruction de Morgen, procès n° 11, tr., p. 4045-4076.
Note 24 : Karmasin à Himmler, 29 juillet 1942, NO-1660.
Note 25 : GG Division centrale de la propagande, rapports hebdomadaires d’activité des divisions de district de la propagande, rapport de la division de Lublin du 3 octobre 1942, Occ E 2-2.
Note 26 : Témoignage oral de Christian Johann Liebhauser du 28 août 1961, procès Ganzenmüller, vol. 5, pp. 154-159.
Note 27 : La rumeur relative au savon semble avoir été particulièrement insistante. D’après Friedman(Oswiecim, p. 64), la population polonaise boycottait le savon parce qu’on croyait que des composants humains avaient été utilisés dans sa fabrication. Un document du professeur R. Spanner, directeur de l’institut d’anatomie de l’Académie de médecine de Dantzig, du 15 février 1944, USSR-196, comporte une recette pour fabriquer du savon avec des restes de graisse(Seifenherstellung aus Fettresten), accompagnée de recommandations pour la suppression de l’odeur. Le document ne fait aucune allusion à de la graisse humaine. Toutefois, le 5 mai 1945, le nouveau maire (polonais) de Dantzig, Kotus-Jankowski, attesta lors d’une session du Conseil national : « Nous avons découvert, à l’institut d’hygiène de Dantzig, une fabrique de savon où l’on utilisait des corps humains venant du camp de Stutthof, proche de Dantzig. Nous avons découvert 350 cadavres, des prisonniers polonais et soviétiques. Nous avons trouvé une marmite contenant des restes de chair humaine bouillie, une boîte d’os humains préparés, et des paniers de mains et de pieds et de peau humaine, dont la graisse avait été enlevée. » Cité par Friedman, Oswiecim, p. 64. La rumeur du savon se perpétua même après la guerre. Des savonnettes, qui auraient été confectionnées avec la graisse de Juifs morts, sont conservées en Israël et par le YIVO Institute de New York.

1990. Yehuda Bauer. Propos rapportés par Hugh ORGEL, « Holocaust expert rejects charge that Nazis made soap from Jews », The Northern California Jewish Bulletin, 27 avril 1990.
TEL AVIV. – Le professeur Yehuda Bauer, directeur du département d’histoire de l’Holocauste à l’Université hébraïque et considéré comme l’un des principaux spécialistes de l’Holocauste, a démenti l’accusation fréquemment lancée selon laquelle les nazis utilisèrent les corps des victimes juives des camps de la mort pour faire du savon.
Les possibilités techniques pour la transformation de la graisse humaine en savon n’étaient pas connues à cette époque, a déclaré Bauer dimanche, lors d’un rassemblement pour le Yom Hashoah à la mémoire de l’Holocauste.
Les détenus des camps étaient prêts à croire n’importe quelle histoire horrible à propos de leurs persécuteurs et les nazis ne demandaient pas mieux que de leur laisser croire les récits, a-t-il dit.
« Les nazis ont fait des choses suffisamment horribles pendant l’Holocauste. Nous n’avons pas à continuer de croire à des histoires mensongères », a dit Bauer.
Des rumeurs sans fondement sur l’utilisation des cadavres de soldats britanniques pour la fabrication de savon avaient circulé pendant la première et la seconde guerre mondiale, a-t-il dit.
Raoul Hilberg, professeur de sciences politiques à l’Université du Vermont et éminent historien de l’Holocauste, admet que la rumeur du savon, bien que répandue, était probablement infondée.
« Il y avait toutes sortes de rumeurs », a-t-il déclaré, faisant observer qu’un article du New York Times pendant la guerre avait insinué qu’on donnait aux juifs des injections mortelles avant la déportation et qu’ils arrivaient dans les camps d’extermination déjà morts.
D’autres rumeurs supposaient que les juifs étaient tués dans le camp de Belzec par électrocution dans l’eau ; certains pensaient que les juifs étaient gazés dans les trains. « Toutes ces rumeurs sont sans fondement et ne reposent sur absolument rien », a déclaré Hilberg. « Aucune preuve n’est apparue » démontrant que les nazis ont utilisé de la graisse humaine pour faire du savon.
À Danzig, en Allemagne (à présent Gdansk, en Pologne), des photos de personnes corpulentes mortes coupées en morceaux et une recette pour faire du savon ont été découvertes en 1945 dans le camp de Stutthof. « Mais nous ne savons pas si c’étaient des cadavres de juifs ou si les photos et la recette allaient ensemble », a dit Hilberg.
De plus, la rumeur circulait dès 1942, selon des indices documentaires.
« On peut raisonnablement penser que l’histoire a circulé, mais je ne peux pas dire si elle est vraie ou pas », a déclaré Hilberg.
[Concernant la véritable [?] position de Bauer sur le sujet du savon humain, on lira avec intérêt la note de lecture dans Akribeia, n° 2, mars 1998, p. 209-210.]

1991. Georges-H. PESCADÈRE, 77023 : quarante-quatre ans après, préface de Henri Guignard, IMF Productions, achevé d’imprimer en novembre 1991 sur les presses de l’Imprimerie Littéraire Michel Fricker, St-Estève, [14]-632 p.
P. 418 : [...] savon fait avec des cendres de nos camarades « holocaustés », qu’on dit, mis en forme de savonnette... Se laver avec des cendres de nos frères amis... Non, non, on n’a pas encore tout vu : Est-ce vrai ?

1992. Sylvain KAUFMANN, Le Livre de la mémoire : au-delà de l’enfer, préface de Robert Badinter, Jean-Claude Lattès/ Stock, Paris, octobre 1992, 522 p. [Présenté, pour la première fois, en intégralité].
P. 420 : Car les corps ont servi pour partie à faire des savons, pour partie à faire des engrais, même après leur carbonisation, et la Vistule a charrié le reste.

1993. Emmanuel CARRÈRE, Je suis vivant et vous êtes mort. Philip K. Dick 1928-1982, Le Seuil, Paris, 1993.
P. 81 : Après leur écrasante victoire de 1947, les puissances de l’Axe, décida-t-il, se sont partagé le monde. L’Europe, l’Afrique et l’est de l’Amérique, jusqu’aux montagnes Rocheuses, reviennent au Reich. Le chancelier Martin Bormann y poursuit la politique de son prédécesseur, transformant un appréciable pourcentage de ses populations en savonnettes et le continent africain en... on ne sait pas quoi, et on préfère éviter d’y penser.

1993. Reynald SECHER, « La Vendée, mémoire et génocide », dans : collectif, L’Envers des droits de l’homme, Renaissance Catholique, Issy-les-Moulineaux, décembre 1993.
P. 178 : Cependant, la richesse est telle en Vendée que se pose un problème de transport. On fait donc une razzia sur toutes les charrettes disponibles. Les Vendéens, qui ont compris ce qui se passe, retirent les roues de leurs charrettes. On décide alors de créer des ateliers de construction de roues. Mais on n’a pas de graisse : c’est alors que germe l’idée de faire fondre les corps de Vendéens et de récupérer la graisse pour graisser les roues des convois qui pillent la Vendée. Là encore, on dispose de tous les rapports originaux à ce sujet. De même que l’on a retrouvé les rapports concernant les tanneries de peaux humaines.

1993. Henry ROUSSO, « La blessure d’Israël » [recension du livre de Tom SEGEV, Le Septième Million], Libération, 9 décembre 1993.
P. 23 : [...] cette humanité souffrante et désespérée, rescapée des camps de la mort, qu’un terme populaire de l’époque appelait les Sabon (Savons), allusion à la légende selon laquelle les nazis fabriquaient des savons avec les cadavres ?

1994. Gustave CORCAO, Le Siècle de l’enfer, Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 1994.
P. 443 : Les juifs se mobilisent, parce qu’ils ont des millions de parents et d’amis transformés en peaux d’abat-jour ou en savonnettes...

1994. FLS News : The Newsletter of the Folklore Society, n° 19, juin. D’après une note de lecture de Foaftale News, n° 35, octobre 1994, p. 16, il serait question, dans ce n° 19, d’un récit de 1939 sur une atrocité de guerre dans laquelle les Britanniques fabriqueraient de la colle forte(glue) à partir de crânes d’Espagnols morts.

1995. Denise HOLSTEIN, « Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz... », Éditions n° 1, Paris, janvier 1995. Coll. Témoignage, 144 p.
P. 50-51 : [Quand elle arrive à Auschwitz, un détenu lui dit :] « Surtout, ne prends pas de gosse dans les bras. » Je ne comprends pas, je lui demande pourquoi. « Tu comprendras d’ici quelques jours. » Puis, me montrant / [p. 51] les petits : « Tu vois, ça va faire du savon. »
P. 71 : « Ca va faire du savon » m’a dit l’homme auquel j’ai parlé le jour de notre arrivée.
P. 106 : À l’arrivée, les personnes qui montaient dans les camions entraient dans une pièce pour se déshabiller. Il y avait là de grands écriteaux demandant aux gens de bien ranger leurs affaires pour les retrouver à la sortie. Ils descendaient dans une chambre de douche où ils étaient asphyxiés au Zyklon B. Le plancher s’écartait et les corps tombaient sur une espèce de tapis roulant et, un peu plus loin, on coupait les cheveux pour en faire des bas en soie. On retirait les dents en or à coups de marteau et on découpait les tatouages car la femme du commandant avait la manie de faire des abat-jour avec la peau tatouée des suppliciés. Ensuite les corps étaient brûlés et on récupérait la graisse humaine pour en faire du savon.
P. 126-127 : [elle répond aux questions de collégiens :] Ils me demandent aussi si j’ai encore des cauchemars, si les Allemands faisaient vraiment du savon avec la graisse humaine [...] / [p. 127] Oui, dans les camps d’extermination, le pire fut vrai, chambre à gaz et crématoires, assassinats et tortures diverses, savon fait à partir de graisse humaine et abat-jour en peau humaine tatouée...

1995. Jacques LANGLOIS, « Savon maudit », Rivarol, n° 2241, 14 avril 1995, p. 7.
Le 3 avril a éclaté en Israël un affreux scandale, dont le très influent quotidien « Ma’ariv » a parfaitement résumé les fatales implications : « Les antisémites du monde entier se frottent les mains quand, en Israël, des souvenirs de l’Holocauste sont vendus aux enchères. C’est ce qu’ils affirment toujours : pour de l’argent, les juifs sont prêts à vendre leur âme. Il est reconnu que les Allemands n’ont fabriqué aucun savon avec la graisse ou les cendres de juifs. C’est une légende née d’une fausse interprétation du sigle pour le savon dans les camps de concentration. Si les juifs mentent sur ce thème, ceux qui nous haïssent diront : "Ils mentent donc aussi sur le thème des chambres à gaz et des fours crématoires". »
Enchères aux étoiles
De quoi s’agit-il donc ? La société « Zodiac » venait d’annoncer, pour le 25 avril à Tel Aviv, la vente aux enchères d’« archives et biens de famille » dispersés par un certain Moshé Yahalom, propre fils du déporté qui avait collectionné ces « reliques ». Parmi lesquelles des étoiles jaunes, des convocations de rassemblement, des certificats de décès frappés de la croix gammée... et le fameux savon, que le vendeur précisait avoir été « produit par de la graisse humaine prélevée sur les victimes ».
Dans un premier temps, la mise aux enchères de ce produit ne suscita que l’indignation du grand rabbin ashkenaze Israël Lau et d’un ancien président de la Knesseth, Dov Shilansky. Celui-ci fut horrifié à l’idée que quiconque pût acquérir un objet où « survit peut-être encore un membre de votre famille », et, indique « Actualité juive » (du 6 avril), le grand rabbin demanda que « le savon soit dignement inhumé s’il est authentifié ».
Mais pouvait-il l’être ? C’est alors que, furieux, entra en scène le professeur Yehuda Bauer, principal spécialiste israélien de l’Holocauste et conservateur du mémorial de Yad Vashem. Le 5 mai 1990, dans une déclaration qu’avait reprise le « Jerusalem Post », l’historien avait affirmé : « Nazis never made human-fat soap », soulignant d’ailleurs que si les nazis n’avaient donc jamais fabriqué de savon humain, c’est parce qu’ils ne disposaient pas... de la technologie nécessaire ! Bauer n’en déclarait pas moins que « les nazis avaient commis assez d’atrocités sans qu’il fût nécessaire d’ajouter de fausses allégations ».
Allégations attentatoires à la crédibilité de la Shoah et donc gravement préjudiciables à la dignité des survivants comme à la mémoire des disparus, d’où la véritable affaire d’État qu’est devenue la vente de la collection Yahalom, vente qui d’ailleurs serait maintenue – à l’exception du fameux savon – à la date prévue, ce qui amplifie d’ailleurs le scandale : car le 25 avril se trouve être l’avant-veille du Jour de la Shoah, commémorant en Israël « le génocide de six millions de juifs ». [...].

1996. 1er janvier, Libération. P. 20 : Heiner Müller, poète et dramaturge allemand, mort le 30 décembre 1995.
Poème intitulé Savon à Bayreuth.
Poème de Heiner Müller à Daniel Barenboïm (traduit par J.-L. Besson et Jean Jourdheuil) :
Enfant j’entendais les adultes dire :
Dans les camps de concentration avec les Juifs
On fait du savon. Depuis j’ai toujours eu de l’antipathie
Pour le savon et j’exècre l’odeur du savon.
Aujourd’hui je mets en scène TRISTAN et j’habite
Dans un appartement moderne de la ville de Bayreuth.
L’appartement est propre comme je n’en ai jamais vu
Tout est à sa place : Les couteaux, Les cuillères, Les fourchettes/
Les casseroles, Les poêles, Les assiettes, Les tasses, Le lit double./
La douche, MADE IN GERMANY, réveillerait les morts.
Aux murs du kitsch floral et alpin.
Ici l’ordre règne, même la verdure derrière la maison
Est en ordre, la rue silencieuse, en face la HIPOBANK.
Quand j’ouvre la fenêtre pour la première fois : l’odeur du savon./
Je sais à présent, dis-je face au silence,
Ce que ce signifie habiter en enfer et
Ne pas être un mort ou un assassin. Ici
Naquit Auschwitz dans l’odeur du savon.
1996. Les Cahiers d’histoire sociale, n° 7, automne-hiver 1996. Article de Pierre Rigoulot sur les camps de concentration en Corée du Nord, p. 143-155.
P. 150 : An affirme avoir entendu une conversation entre le chef de la garde et deux autres membres du personnel d’encadrement du camp n° 13 où étaient évoquées des pratiques qu’on croyait réservées aux seuls exterminateurs des camps nazis. « Camarades, dit l’un d’eux, sous-chef d’escouade, j’ai vu hier les fumées à la cheminée du Troisième Bureau. Est-il vrai qu’on comprime les corps pour en extraire la graisse ? »

1997. Fortean Times, n° 95, février 1997, p. 17. Cite une dépêche de l’Associated Press du 19 juin 1996.
Au Canada, Sandy Charles, 14 ans, habitant l’État du Saskatchewan, a tué et dépiauté une camarade de jeux âgée de 7 ans, puis a fait cuire la chair de sa victime sur un poêle. Son avocat a déclaré qu’il avait été influencé par le film d’horreur Warlock qu’il avait vu au moins dix fois. Il a cru qu’il pourrait voler s’il buvait de la graisse humaine bouillie.

1999. Zoran RADOSAVLJEVIC, « Death "was done manually" in Croatian concentration camp : witness. Commander’s Trial », National Post [Canada], 6 mai 1999, p. A 13.
Procès de Dinko Sakic, 77 ans, à Zagreb, ancien commandant du camp de concentration de Jasenovac d’avril à novembre 1944, accusé de plus de 2 000 meurtres.
Josef Erlih, 71 ans, ancien détenu, a témoigné devant le tribunal.
[...] M. Erlih a déclaré que les Oustachis essayèrent d’imiter les camps allemands sur un point à la fin de 1944.
« Ils construisirent d’énormes chaudières à fusion[melting pots] pour faire du savon mais ils en abandonnèrent l’idée. D’abord, il y avait l’odeur, et puis, les détenus étaient tellement émaciés, sans graisse, que le procédé ne produisait que du liquide, pas de savons », a-t-il déclaré.

1999. Lucien Luck, article clôturant un dossier intitulé : « Justice, Pardon et Crime contre l’Humanité », Shofar, n° 210, septembre-octobre 1999, p. 41-42. Cité d’après la brochure de Vincent REYNOUARD, L’Affaire Jörg Haider ou Quand la Shoah est utilisée contre toute tentative de résurrection nationale, Vrij Historisch Onderzoek, [Anvers], février 2000, p. 55.
Qu’est-ce qu’un crime de lèse-humanité ? Un acte pervers dans lequel on dénie la qualité d’être humain à des hommes, des femmes et des enfants. Au point de le ravaler à l’état d’objets recyclables, en leur infligeant une mort honteuse. N’extrayait-on pas des cadavres, au cours de la Shoa, graisses saponifiables, dents en or, cheveux pour l’industrie textile ? Même les peaux humaines servaient à fabriquer des abat-jour, dont l’éclairage fascinant charmait les loisirs des bourreaux.

1999. David FINCHER, réalisateur du film Fight Club, interrogé par Samuel Blumenfeld, Le Monde, 6 novembre 1999, p. 32. Extraits.
– Vous montrez dans Fight Club une secte fondée par un certain Tyler Durden qui gagne sa vie en fabriquant du savon à partir de graisse humaine subtilisée dans les poubelles d’une clinique pratiquant la liposuccion.
– Je tenais à me moquer des pratiques de la chirurgie esthétique et de ces femmes que l’on peut croiser à Beverly Hills et dont le visage a été refait tant de fois qu’elles en deviennent méconnaissables.
– Savez-vous que la seule fois où l’on a utilisé de la graisse humaine pour fabriquer du savon, c’était dans les camps de la mort, ce qui jette une étrange lumière sur cet épisode de Fight Club ?– J’ignorais que les nazis avaient de telles pratiques. Je ne connais rien de cet épisode, mais mon idée n’était pas d’offenser qui que ce soit.
– Les journalistes ont reçu en cadeau un savon identique à celui que vend Tyler Durden dans Fight Club. Étiez-vous au courant et qu’en pensez-vous ?
– J’étais vaguement au courant, mais je ne m’occupe pas de la promotion.
– Les membres de la secte « Fight Club » ont en général la tête rasée et portent des calots qui peuvent leur donner l’aspect d’un déporté. Ce rapprochement était-il intentionnel ?
– Bien sûr que non. Beaucoup de personnes peuvent avoir la tête rasée. Vous n’auriez pas tendance à voir le IIIe Reich un peu partout ?
[…]

1999. Olivier MALENTRAIDE, « La première fois(sic) où l’on a utilisé de la graisse humaine... », Présent, 9 novembre 1999.
P. 4 : Le 10 novembre sortira sur les écrans, en France, Fight Club de David Fincher. Un film très violent qui, aux États-Unis, a soulevé de violentes polémiques. On y voit notamment un homme qui gagne sa vie en fabriquant du savon à partir de graisse humaine. Ce qui a interpelle Le Monde. Qui a chargé Samuel Blumenfeld d’aller demander des comptes à David Fincher. En lui demandant notamment :
– Savez-vous que la seule fois où l’on a utilisé de la graisse humaine pour fabriquer du savon, c’était dans les camps de la mort ?
Eh bien, non. Ce n’est ni la seule fois ni la première fois. Là, encore, les nazis ont été précédés dans de telles pratiques par les Grands Ancêtres qui, en Vendée, se sont – peut-être pour la première fois – livrés à de telles abominations. Sur le sujet, on conseillera donc au Monde de lire les travaux définitifs de l’historien Reynald Secher.


Revue Akribeia, n° 6, mars 2000

http://vho.org/F/j/Akribeia/6/Akribeia33-49.html

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Re: Savon, objets en peau humaine, cheveux ...

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Fri Aug 22, 2014 2:47 pm)

Le mythe des objets fabriqués avec de la peau humaine



Le mythe des abat-jour nazis en peau humaine est à l’image du mythe du savon juif : lui non plus n’est pas près de disparaître. Nous avons rassemblé ci-dessous quelques références à ce mythe de la peau humaine utilisée dans la fabrication d’objets divers. Aux références se rapportant à la seconde guerre mondiale et plus particulièrement aux camps de concentration nazis, nous en avons ajouté d’autres, d’époques et de lieux différents, qui donneraient à penser que, peut-être, de la peau humaine a bel et bien servi à la confection de sacs à main ou de reliures de livres, par exemple. Tout cela resterait à étudier et à vérifier. Merci aux lecteurs qui pourraient contribuer à compléter cette liste.

1945-1946. Transcriptions du procès de Nuremberg citées par Carlos PORTER & Vincent REYNOUARD, Délire au procès de Nuremberg. Les accusations grotesques formulées contre les vaincus, Vrij Historisch Onderzoek, Anvers, 1998.
P. 47 : Le 29 janvier 1946, le procureur général français adjoint, Charles Dubost, interrogea le témoin de l’accusation Alfred Balachowsky, russe naturalisé français en 1932. Voici ce que l’on put alors entendre dans l’enceinte du tribunal :
M. DUBOST. – Je pense que la déclaration de ce second témoin éclairera définitivement le Tribunal, quelles que soient les tentatives faites par la Défense pour nous induire en erreur. (Au témoin.) Avez-vous eu connaissance du sort des hommes tatoués ?
Dr BALACHOWSKY. – Parfaitement.
M. DUBOST. – Voulez-vous nous dire ce que vous en savez ?
Dr BALACHOWSKY. – Les peaux humaines tatouées étaient entreposées au bloc 2, qui s’appelait, à Buchenwald, la pathologie.
M. DUBOST. – Y avait-il beaucoup de peaux humaines tatouées, au bloc 2 ?
Dr BALACHOWSKY. – Il y avait toujours des peaux humaines tatouées au bloc 2, je ne peux pas dire s’il y en avait beaucoup, parce qu’il en venait et il en repartait ; d’ailleurs il n’y avait pas que des peaux humaines tatouées, il y avait des peaux humaines tannées tout simplement et qui n’étaient pas tatouées.
M. DUBOST. – On avait donc écorché des humains ?
Dr BALACHOWSKY. – On avait prélevé la peau et on l’avait tannée.
M. DUBOST. – Continuez votre témoignage sur ce point.
Dr BALACHOWSKY. – J’ai vu des SS sortir du bloc 2, pathologie, avec des peaux tannées sous le bras. Je sais par mes camarades qui travaillaient au bloc 2 de la pathologie, qu’il y avait des commandes de peaux et ces peaux tannées étaient données en cadeau à certains gardes et à certains visiteurs qui s’en servaient pour relier certains livres.
M. DUBOST. – On nous a dit que Koch, qui était chef à cette époque-là, avait été châtié pour cet usage.
Dr BALACHOWSKY. – Je n’étais pas témoin de l’affaire Koch, qui s’est passée antérieurement à ma présence au camp.
M. DUBOST. – Par conséquent, même après son départ, il y avait des peaux tatouées ou tannées ?
Dr BALACHOSWKY. – Il y avait des peaux tannées et tatouées en permanence, puisque lorsque les Américains ont libéré le camp, ils ont encore trouvé dans le camp du bloc 2 des peaux tatouées et tannées, le 11 avril 1945.
M. DUBOST. – Où étaient tannées ces peaux ?
Dr BALACHOWSKY. – Ces peaux étaient tannées au bloc 2 et peut être aussi dans les bâtiments du crématoire qui n’étaient pas très loin du bloc 2.
M. DUBOST. – C’est donc, selon votre témoignage, un usage constant qui s’est poursuivi même après l’exécution de Koch ?
Dr BALACHOWSKY. – Parfaitement. Cet usage s’est perpétué, je ne sais pas dans quelles proportions.
M. DUBOST. – Avez-vous été témoin des visites faites au camp par des personnalités allemandes, et quelles étaient ces personnalités ?
Dr BALACHOWSKY. – Je peux vous répéter quelque chose à propos de Dora en ce qui concerne les visites.
M. DUBOST. – Je vous demande pardon, il me reste une chose à vous demander au sujet des peaux. Êtes-vous au courant de la condamnation de Koch ?
Dr BALACHOWSKY. – Je suis au courant de la condamnation de Koch par les rumeurs et par les témoignages que j’ai pu entendre de la part de mes vieux camarades qui se trouvaient dans le camp mais, personnellement, je n’ai pas été témoin de cette affaire.
M. DUBOST. – Peu importe ; il me suffit de savoir que même après sa condamnation, il y avait toujours des peaux tatouées et tannées.
Dr BALACHOWSKY. – Parfaitement.
Le 13 décembre 1945 (TMI, vol. III, p. 521-522), l’avocat général américain Thomas J. Dodd avait lu le témoignage suivant, émanant d’un ancien prisonnier à Buchenwald :
P. 521 : Les internés tatoués étaient particulièrement destinés à cette sorte de mutilation. Je dépose ces objets comme preuve sous la cote USA-252 ; ils sont accompagnés d’un extrait du rapport officiel de l’Armée américaine qui décrit les circonstances dans lesquelles ce document a été obtenu ; cet extrait figure dans le document PS-3240 auquel je me réfère en partie ; [...].
« [...] L’auteur de ce compte rendu est le prisonnier de guerre Andrèas Pfaffenberger, 1 Coy, 9 Landesschützen Bn, âgé de 43 ans et peu instruit, boucher de son état. [...].
En 1939, on ordonna à tous les prisonniers qui avaient des tatouages de se présenter à l’infirmerie. Personne ne savait pourquoi, mais après avoir été examinés, ceux qui avaient les plus beaux tatouages furent gardés à l’infirmerie et Karl Beigs, un détenu condamné de droit commun, leur administra des piqûres / [p. 522] mortelles. Les corps furent ensuite envoyés à la section de pathologie, où l’on préleva les parties tatouées pour les traiter de façon voulue. Le résultat obtenu fut envoyé à la femme du SS Standartenführer Koch qui en fit des abat-jour et autres ornements pour son intérieur. J’ai vu moi-même des peaux tatouées avec des dessins et des légendes tels que "Hansel et Gretel", qu’un prisonnier avait sur son genou, et des bateaux, que des prisonniers avaient sur la poitrine. Wernerbach était le nom du prisonnier qui faisait ce travail. »
De Franz Blaha, ancien interné tchèque au camp de Dachau (TMI, vol. V, p. 173-174, 11 janvier 1946) :
P. 173 : 9. Il était d’usage courant de retirer la peau des morts. On m’a donné plusieurs fois l’ordre de le faire. Les docteurs Rascher et Wolter, en particulier, réclamaient la peau provenant des dos et des poitrines humaines. Cette peau était traitée chimiquement et séchée / [p. 174] au soleil, on en faisait des selles, des culottes de cheval, des gants, des pantoufles d’intérieur et des sacs à main pour dames. Les peaux tatouées étaient particulièrement appréciées par les SS. Des Russes, des Polonais et d’autres internés étaient utilisés de cette façon. Mais il était défendu de prélever la peau d’un Allemand. Cette peau devait provenir d’internés parfaitement sains et être sans défaut. Quelquefois nous manquions de cadavres à la peau intacte et Rascher disait alors : « Très bien, vous aurez des cadavres ! » Le lendemain nous recevions vingt à trente cadavres d’individus jeunes. On avait dû leur tirer une balle dans le cou ou les frapper à la tête de façon à ne pas abîmer leur peau. Nous avions souvent aussi des demandes de crânes ou de squelettes d’internés. Dans ce cas, nous faisions bouillir les têtes ou les cadavres entiers. Puis les chairs molles étaient détachées, les os blanchis, séchés et le squelette était reconstitué. Pour les crânes, une dentition en bon état était exigée. Lorsque nous recevions une commande de crânes d’Oranienbourg, les hommes des SS disaient alors : « Nous allons essayer de vous en fournir avec de bonnes dents. » Ainsi, il était dangereux d’avoir la peau ou la dentition en bon état.

1957. Robert ANTELME, L’Espèce humaine, édition revue et corrigée, Gallimard, Paris, 1978 [1ère éd. en 1957], coll. Tel, 306 p.
P. 195 : Les petits tziganes de Buchenwald asphyxiés comme des rats. [...] Toutes les cendres sur la terre d’Auschwitz.
[...] sous les tonnes de cendres d’Auschwitz. [...]
on fait du savon avec leur corps. Ou bien on met leur peau sur les abat-jour des femelles SS. Pas de traces de clous sur les abat-jour, seulement des tatouages artistiques. [...]

1978. Joseph DREXEL, Voyage à Mauthausen. Le cercle de la résistance de Nuremberg, France-Empire, Paris, 1981 [Stuttgart, 1978].
P. 139-140 : [peaux tatouées découpées] sacs à main ou autres objets de luxe pour « dames ».
Annexe
P. 280 : fragments de peau tatouée avec lesquels on reliait des livres, on fabriquait des abat-jour et des sacs.

1980. Jorge SEMPRUN, Quel beau dimanche !, Éditions Grasset, Paris, septembre 1991 [1ère éd. en 1980], 388 p., coll. Les cahiers rouges.
P. 22 : [...] sous le commandement du SS-Obersturmbannführer Koch, dont la femme, Ilse, on s’en souvient, confectionnerait plus tard des abat-jour avec la peau des détenus dont les tatouages avaient retenu son attention.

1990. Jean Edward SMITH, Lucius D. Clay : An American Life, Henry Holt, New York, 1990.
P. 301 : Un journaliste l’avait appelée la « Chienne de Buchenwald » et avait écrit qu’elle possédait chez elle des abat-jour faits à partir de peau humaine. Cela fut présenté devant le tribunal où il fut absolument prouvé que les abat-jour étaient en peau de chèvre.

1992. L’Événement du jeudi, n° 382, 24 février-4 mars 1992. Article de Luc VIRGIS, « Quand le Troisième Reich surgit des archives argentines », p. 3435.
Il est question au début de l’article d’une Bible du XIXe siècle, reliée d’une peausserie luisante et douce qui éveille la curiosité de N.
« C’est du juif, dit sans sourciller son hôtesse au doux regard bleu. Mon mari a servi dans un camp, en Pologne. »

1994. Gustave CORCÀO, Le Siècle de l’enfer, Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 1994.
P. 443 : Les juifs se mobilisent, parce qu’ils ont des millions de parents et d’amis transformés en peaux d’abat-jour ou en savonnettes

1995. Denise HOLSTEIN, Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz... », Éditions n° 1, Paris, janvier 1995. Coll. Témoignage, 144 p.
P. 106 : À l’arrivée, les personnes qui montaient dans les camions entraient dans une pièce pour se déshabiller. Il y avait là de grands écriteaux demandant aux gens de bien ranger leurs affaires pour les retrouver à la sortie. Ils descendaient dans une chambre de douche où ils étaient asphyxiés au Zyklon B. Le plancher s’écartait et les corps tombaient sur une espèce de tapis roulant et, un peu plus loin, on coupait les cheveux pour en faire des bas en soie. On retirait les dents en or à coups de marteau et on découpait les tatouages car la femme du commandant avait la manie de faire des abat-jour avec la peau tatouée des suppliciés. Ensuite les corps étaient brûlés et on récupérait la graisse humaine pour en faire du savon.
P. 127 : [elle répond aux questions de collégiens :] Oui, dans les camps d’extermination, le pire fut vrai, chambre à gaz et crématoires, assassinats et tortures diverses, savon fait à paraître de graisse humaine et abat-jour en peau humaine tatouée...

1996. Michel TATU, « Le nazisme jusqu’à la nausée », supplément TRM au quotidien Le Monde, 29-30 septembre 1996.
P. 4 : Seul Goebbels est resté fidèle. Goebbels l’homme de la haine, le plus fanatique des six. À la différence de Himmler, qui se fait faire des meubles avec des ossements et un abat-jour en peau humaine, le chef de la propaganda « tue avec des mots ».

1996. Smith’s Report, n° 36, octobre 1996, 6-7. Smith rapporte ce qu’il a lu dans Outlaw Biker Tattoo Revue, n° 52, 1996. Un article est intitulé : « The Tattoer Skins of Buchenwald : Hidden Horror of the Holocaust. » Écrit par Kenneth Kipperman (« né à Lodz, en Pologne, fils de deux survivants de l’Holocauste »), il concerne les histoires de tatouages de Buchenwald (avec Ilse Koch notamment) et la fable des abat-jour en peau humaine, fable à laquelle l’auteur de l’article ajoute foi.

VENDÉE


1993. Reynald SECHER, « La Vendée, mémoire et génocide », dans : collectif, L’Envers des droits de l’homme, Renaissance Catholique, Issy-les-Moulineaux, décembre 1993.
P. 178 : Saint-Just fait en effet le constat que la France manque de matières premières pour habiller les soldats et les officiers. Il a donc l’idée de prendre la matière première là où elle est. On va ainsi monter en Vendée des ateliers militaires de tannerie de peaux humaines. Il y en a une qui a sévi aux Ponts-de-Cé et qui a été parfaitement décrite par des contemporains dans un rapport que j’ai retrouvé. Je peux donc vous dire comment on dépiautait les Vendéens, comment on les scalpait, comment on coupait les sexes des hommes pour les arborer comme médailles afin de montrer le nombre de gens que l’on avait tués dans la journée. Ce sont de véritables litanies de l’horreur.

DIVERS


1986. Joe NICKELL, Entities. Angels, Spirits, Demons, and Other Alien Beings, Prometheus Books, Amherst, 1995, p. 64. Nickel rapporte une anecdote qu’il tire de Arthur MEYERS, Ghostly Register, Contemporary Books, Chicago, 1986, p. 227-229.
Un assassin, Antoine LeBlanc, est pendu. Pour payer les frais du procès et célébrer cette occasion festive, on enleva la peau de son corps et on en fit des sacs à main et des portefeuille. Certains habitants de Morristown les possèderaient encore.

1988. Tattootime, volume 4, Life & Death Tattoos. Le sommaire de ce volume est donné dans le catalogue 1994 de Loompanics Unlimited, p. 274. Un article ou chapitre serait intitulé : « Remains to be seen (the tanned human skin tattoo museum in Tokyo). » Il y aurait donc un musée à Tokyo qui exhiberait des peaux humaines tatouées et tannées. À vérifier.

1994. Fortean Times, n° 76, août-septembre 1994, p. 7. Rapporte le contenu d’une dépêche de l’agence Reuters du 5 avril 1994.
Le poète Donal Eugene Russell, habitant l’État américain de l’Oregon est mort le 3 février à l’âge de 62 ans. Son dernier voeu ne sera pas exaucé. Il avait demandé que sa peau soit utilisée pour relier un volume de ses poèmes. Le 4 avril, sa veuve, Rachel Barton Russell, a accepté, après des poursuites engagées par l’État, qu’il soit incinéré.

1995. Fortean Times, n° 84, décembre 1995-janvier 1996, p. 8. Cite en substance le Sunday Express du 19 mars 1995.
Andan Kazir de Dhaka (Bangladesh), fou de douleur après la mort de sa femme, a dépiautée celle-ci afin de pouvoir se faire un habit avec sa peau. Son épouse pesait 170 kilos et le tailleur pourra donc travailler avec beaucoup de matière.

1995. Fortean Times, n° 84, décembre 1995-janvier 1996, p. 8. Rapporte une dépêche de l’Associated Press du 6 juillet 1995.
Un Ukrainien de 21 ans, accusé d’avoir tué une femme et de s’être servi de sa peau pour se confectionner un soutien-gorge et un slip, a déclaré lors de son procès qu’il avait fait cela pour se calmer les nerfs.

1997. Christian GALANTERIS, Manuel de bibliophilie, Vol. I, Du goût de la lecture à l’amour du livre ; vol. II, Dictionnaire suivi d’observations sur la bibliographie et d’une bibliographie sélective, Éditions des Cendres, Paris, octobre 1997.
Vol. I, p. 107 : Un critique, amusé des habitudes parfois morbides des bibliophiles à la recherche de matériaux extraordinaires pour faire relier leurs écrivains préférés, en était arrivé à proposer cette mention mirifique : Exemplaire relié en pleine peau de l’auteur.
[...] Mais les bibliophiles connaissent la véridique histoire macabre d’un auteur réellement relié avec sa propre peau ! Delille, en qui ses contemporains voyaient un nouveau Virgile, est mort en 1813. Dans une chapelle ardente où l’on avait exposé sa dépouille un fanatique s’introduisit et, ô sacrilège (ou ô ferveur), y préleva un morceau de peau de son idole. / [p. 108] Plus tard, on apprit que ce fragment avait été greffé au centre d’une reliure qui recouvrait une édition de luxe des oeuvres du glorieux poète (note 57 : Ce livre toujours conservé dans une collection privée au milieu du XXe siècle a été l’objet d’une étude détaillée dans Le livre et ses amis, n° 15, janvier 1947).
Vol. II, p. 220, 222, article RELIURES EN PEAU HUMAINE :
P. 220 : Tannée, apprêtée, la peau humaine peut au même titre que celle d’un animal se prêter à la reliure et, dans des conditions climatiques normales, se conserver longtemps / [p. 222] intacte. Elle ressemble à la peau de truie en plus fin. Les exemples de reliure de ce type sont nombreux mais restent au secret, ni le relieur ni l’amateur ne se vantant de les exécuter ou de les posséder. - Bibliogr. Roger Devauchelle, « Un chapitre inédit de La Reliure en France : Reliures bizarres [en peau humaine] », in Le Livre et l’Estampe, XXII, Bruxelles, 1960, p. 144-153.


Revue Akribeia, n° 6, mars 2000.

http://vho.org/F/j/Akribeia/6/Akribeia61-68.html

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Re: Savon, objets en peau humaine, cheveux ...

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Fri Aug 22, 2014 2:57 pm)

Les cheveux d'Auschwitz


par Robert Faurisson


12 mars 1982

Une certaine Ruth Abram-Rosenthal vient d'écrire dans le journal hollandais Handelsblad NRC du 6 mars 1982, sous le titre "En Pologne l'antisémitisme continue de vivre":

"Des écoliers qui visitent les anciens camps de concentration tels ceux de Treblinka, Birkenau et Sobibor reçoivent des brochures où ils peuvent lire que les gazages sont des inventions juives. On suggère aux enfants, lors d'une visite prochaine chez le coiffeur, d'envoyer leurs cheveux coupés à l'instance commémorative d'Auschwitz pour que celle-ci puisse les ajouter à sa fallacieuse collection de cheveux."

Personnellement, pour des raisons que je n'ai pas envie de développer ici, je dirais que la journaliste hollandaise a été la victime d'une provocation; ou peut-être sait-elle fort bien qu'il s'agit d'une provocation et que cela l'arrange de chercher à nous faire croire que des antisémites polonais seraient à l'oeuvre.

En revanche, ce qui est sûr, c'est que la collection de cheveux présentée derrière l'une des vitrines du Musée d'État d'Auschwitz est bel et bien fallacieuse. En effet, tout ou partie de ces cheveux rassemblés en 1945 ne venait pas des camps d'Auschwitz ou de Birkenau mais... d'une usine de tapis et peluches, sise à Kietrz! Cette ville de Kietrz se situe, à vol d'oiseau, à environ quatre-vingt-dix kilomètres à l'ouest d'Auschwitz, à proximité de la frontière tchécoslovaque. Une expertise polonaise du 27mars 1947 portant sur 4,2kg de cheveux saisis dans cette fabrique permettait de découvrir des traces d'acide cyanhydrique dans des cheveux ainsi décrits: "de teintes peu variées: blond foncé, châtain pour la plupart, certains légèrement grisonnants". Cette présence d'acide cyanhydrique était normale puisque, aussi bien, l'usine devait désinfecter les cheveux avant d'en faire des tapis ou des peluches et que les Allemands, comme beaucoup d'autres peuples, avant et après la guerre et encore aujourd'hui, utilisaient ou continuent d'utiliser le Zyklon-B (qui est un absorbat d'acide cyanhydrique), quand il s'agit de désinfecter quelque matériau que ce soit et surtout des cheveux, avec leurs impuretés, leurs poux et leurs lentes. Mais le fameux juge d'instruction Jan Sehn, de Cracovie, célèbre pour avoir interrogé Rudolf Hoess et bien d'autres Allemands responsables du camp d'Auschwitz, s'empressa d'y voir une preuve de crime. Il fit saisir ces cheveux et les proposa au directeur du musée d'Auschwitz qui les accepta. De Cracovie, le6 mai 1947, Jan Sehn écrivait à la Commission centrale d'investigations sur les crimes allemands en Pologne (lettre n·366/47):

"Je considère comme le moyen le plus sûr d'assurer la conservation de ces cheveux leur remise au Musée national d'Auschwitz, ce qui garantira leur conservation dans l'état dans lequel ils se trouvent actuellement et permettra pendant longtemps de s'en servir, si besoin, comme preuve matérielle [contre les accusés}."Je me suis entendu à ce sujet avec M.Wasowicz, directeur du Musée, qui s'est déclaré prêt d'en assurer, par ses propres moyens, le transport de Kietrz à Auschwitz pour les garder, d'une part, comme objets d'exposition, et, de l'autre, comme éléments de preuves susceptibles de servir à l'avenir."

Et c'est ainsi, pensera le touriste d'Auschwitz, que la magnifique tresse blonde qui trône au milieu du tas de cheveux qu'on lui présente aujourd'hui comme ayant appartenu à des femmes "gazées" peut très bien avoir appartenu à une Silésienne allemande qui aurait sacrifié sa chevelure à l'effort de guerre allemand.

De toute façon, ces étalages muséographiques de cheveux, de lunettes, de blaireaux, de chaussures, de béquilles n'ont pas grand sens. Dans toute l'Europe en guerre, chez tous les coiffeurs, on faisait de la récupération de cheveux. On "récupérait" d'ailleurs et on rassemblait dans toutes sortes de dépôts toutes sortes de matériaux ou d'objets. Dans les usines, dans les prisons, dans les camps de travail ou de concentration, on utilisait une main-d'oeuvre considérable pour le traitement ou le retraitement de ce qu'on avait récupéré. Certains camps de concentration contenaient de véritables usines de fabrication de chaussures ou de vêtements.

Aujourd'hui, le touriste abusé se voit présenter tous ces objets comme autant de preuves de la barbarie allemande. Il est sûr que certains de ces objets ont pu appartenir à des internés dépouillés après leur mort. Mais il en allait de même pour les dépouilles des populations civiles allemandes recueillies, après chaque bombardement, par des équipes d'internés conduites sur les lieux à déblayer. Il en allait de même pour les dépouilles des soldats allemands concentrés dans des dépôts militaires.

L'Allemagne était engagée dans un formidable conflit et subissait un blocus presque total. On essayait de gâcher le moins possible et de récupérer le plus possible.

Mais le touriste est si facile à tromper. Pourquoi ne pas en profiter? C'est un rêveur. Nourrissons ses rêves, n'est-ce pas, surtout s'ils sont malsains. D'Auschwitz, qui fut un lieu de souffrances et de drames, les communistes polonais ont fait une sorte de Disneyland.

ROBERT FAURISSON: Les cheveux d’Auschwitz

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Re: Savon, objets en peau humaine, cheveux ...

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Fri Aug 22, 2014 3:17 pm)

Les cheveux, les habits, les prothèses, les valises etc. visibles à Auschwitz sont-ils la preuve d’une extermination de masse ?


Vincent Reynouard


(...)
Les tonnes de cheveux et les centaines de prothèses trouvées à Auschwitz ne sont pas la preuve d’un meurtre de masse


Mais l’exterminationniste n’a pas encore épuisé ses arguments : admettons, dira-t-il, que les effets personnels et les vêtements saisis ne prouvent pas que leurs propriétaires aient été tués. Que faites-vous cependant des tonnes de cheveux et, surtout, des dentiers et des prothèses retrouvés à Auschwitz ?

Les Allemands récupéraient les cheveux des déportés tondus à leur arrivée


Ma réponse se fera en deux temps. En ce qui concerne les cheveux, tout d’abord, on sait que dans tous les camps, les détenus étaient entièrement rasés et désinfectés avant d’être immatriculés et affectés dans les commandos (voir photos). Voici quelques témoignages sur le sujet :

- Témoignage d’André Rogerie, déporté à Buchenwald ;

[…] je passe dans la salle contiguë ; une dizaine d’hommes sont là, armés de tondeuses électriques, et les poils tombent sur le ciment, les cheveux, le collier de barbe que j’avais laissé pousser à Compiègne, et tout le système pileux de mon individu[35].

- Témoignage de Georges Briquet, déporté à Dachau :

A la queue leu leu, dans la salle de douches, nous passons au coiffeur. C’est la tonte à ras, la tête d’abord, la figure ensuite, plus de moustache, plus de barbe, monsieur le curé ! Puis tous les poils superflus tombent sous la tondeuse, sous les bras, sur la poitrine, sur le bas-ventre, plus bas encore, entre les fesses…, on n’oublie rien ![36]

- Témoignage de Guy Kohen, déporté à Drancy puis à Auschwitz :

Ayant eu la tête rasée à Drancy, un travail était déjà épargné aux coiffeurs du camp[37].

- Témoignage de Pelagia Lewinska, déporté à Auschwitz :

[…] toutes nues, nous nous assîmes devant une des détenues chargée de nous tondre. Des centaines, des milliers de femmes passent sous ses ciseaux. Elle est éreintée, sa main faiblit[38].

- Témoignage de d’une autrichienne :

[…] j’ai été — moi et les 25 000 détenues politiques de mon « carré » d’Auschwitz — j’ai été rasée et tatouée[39].

- Témoignage de Paulette Apfelbaum :

[…] le crane rasé à double zéro, les pieds nus dans les sabots[40].

Tous ces anciens déportés que je viens de citer (et bien d’autres encore) sont revenus de déportation. Pourtant, leurs cheveux avaient été coupés et — n’en doutons pas — récupérés[41].

Quant aux déportés qui ne faisaient que transiter par Auschwitz (avant de repartir soit plus loin vers l’Est, soit dans d’autres camps de concentration), ils étaient également désinfectés, ce qui comprenait nécessairement le rasage et la récupération.

La présence de tous ces cheveux à Auschwitz (sept tonnes d’après les Soviétiques[42]) n’est donc nullement la preuve d’un assassinat de masse ; c’est uniquement la preuve que, pendant la guerre, les Allemands récupéraient tout ce qui pouvait l’être. Comme les habits, des stocks sont finalement restés en souffrance lorsque le système de communication allemand s’effondra définitivement (ou lorsque les usines qui les traitaient furent définitivement détruites).

Sur les prothèses


J’en termine avec les prothèses en général (qu’elles soient dentaires ou non). J’admets sans problème qu’elles ont été prélevées sur des morts. Mais « mort » ne veut pas dire « assassiné ». Les grandes déportations organisées à partir de 1942 ont touché — c’était fatal — des malades, des vieillards, des invalides et des éclopés. A ce sujet, le cas de Theresienstadt est intéressant. Le 20 janvier 1942 à Wannsee, Richard Heydrich déclara :

Pour les juifs âgés de plus de 65 ans, on se propose, non pas de les évacuer vers l’est, mais de les transférer dans un ghetto de vieillards — il est prévu que ce sera Theresienstadt[43].

Ce projet se réalisa, si bien qu’au cours de l’été 1942, ce ghetto se trouva peuplé à 57 % de juifs de plus de 65 ans[44]. Rapidement, toutefois, Theresienstadt fut surpeuplé, si bien qu’à l’automne 1942, près de 20 000 personnes âgées furent, malgré les projets initiaux, déportées vers les confins de la Pologne (Treblinka notamment)[45]. Puis durant l’hiver, une épidémie de typhus exanthématique toucha le ghetto, ne fut jugulée qu’en mars 1943 (Ibid., p. 23). C’est durant cette période que partirent les premiers convois pour Auschwitz. Cinq furent organisés entre le 20 janvier et le 1er février 1943, qui emmenèrent 7 001 personnes (Ibid., p. 242). Après une pause de sept mois, les départs reprirent et intervinrent régulièrement pendant un an. De septembre 1943 à septembre 1944, ainsi, dix convois partirent pour Auschwitz, évacuant 21 569 personnes (Id.). En octobre 1944, enfin, neuf départs eurent lieu, concernant 14 403 déportés (Id.). Si l’on prend en compte le convoi du 26 octobre 1942, on arrive à un total de 44 839 personnes — dont une grande majorité de vieillards (voir photo) — qui furent finalement dirigées sur Auschwitz.

A ceux-là, il faut ajouter tous les autres, venus directement de Pologne, de France, de Belgique, des Pays-Bas, de la Roumanie etc. Sans compter les centaines de milliers de juifs hongrois déportés en 1944. Parmi ces pauvres gens figuraient nécessairement des vieillards, des invalides et des éclopés. Les clichés reproduits ci-contre et qui ont été pris par les Allemands à Auschwitz pendant mai-juin 1944 sont d’ailleurs très révélateurs.
Un homme qui a assisté aux premières évacuations du ghetto de Varsovie se souvient :

[…] tous les habitants du bâtiment devaient se regrouper dans la cour puis s’entasser au plus vite dans des chariots tirés par des chevaux, sans distinction de sexe ni d’âge, des nourrissons jusqu’aux vieillards […].
J’aperçus [sur la place du rassemblement] des vieillards étendus dans un coin, des hommes et des femmes qui avaient sans doute été raflés dans un hospice. D’une maigreur affreuse, ils paraissaient à bout de force, consumés par la chaleur et les privations[46].

Il est certain que même avant l’effondrement du Reich, beaucoup d’entre eux — moins résistants que les autres — ont dû mourir, soit pendant les terribles voyages, soit pendant les quarantaines, soit dans les camps, lorsqu’ils étaient en attente de transport (mort naturelle, maladie, accident, épuisement, suicide…). Les Allemands se sont donc retrouvés avec des cadavres dont un certain nombre portaient des prothèses. Celles-ci ont été récupérées. Pourquoi ? Deux raisons me paraissent devoir être invoquées, qui se complètent :

a) la recherche effrénée de tout ce qui pouvait constituer de la matière première (bois et métaux — parfois précieux — des prothèses notamment) ;
b) les économies de combustible : sachant que les cadavres à Auschwitz était brûlés dans des fours et que, pendant la guerre, le combustible manquait, certaines prothèses en bois (jambes ou bras notamment) devaient être retirées afin d’alléger sensiblement les charges.

C’est sordide, j’en conviens, mais c’est sans rapport avec une extermination de masse.

Naturellement, certains pourront rejeter ces explications. Mais j’en reviens à ce que j’ai écrit au début de cette partie : à supposer que les Allemands aient massacré tous ces gens, pourquoi auraient-ils gardé (puis abandonné) toutes ces prothèses qui devaient plus tard constituer autant de preuves ? A-t-on déjà vu un assassin tenter d’effacer certaines traces de son crime et, en même temps, conserver soigneusement ce qui permettra de le condamner ? C’est absurde.

Voilà pourquoi je n’hésite pas à le dire : ces tonnes d’affaires retrouvées en 1945 par les Soviétiques (cheveux, vêtements, effets personnels, prothèses…) ne prouvent pas qu’Auschwitz aurait été un centre d’extermination... Elles prouvent uniquement que dans une guerre totale, certaines barrières morales s’effondrent.

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[35] voy. A. Rogerie, Vivre c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 36.

[36] Voy. G. Briquet, Rescapé de l’enfer nazi (éd. France au Combat, sd [1945]), pp. 125-16.

[37] Voy. Guy Kohen, op. cit., p. 60.

[38] Voy. P. Lewinska, Vingt mois à Auschwitz (éd. Nagel, 1945), p. 48.

[39] Voy. Les Lettres Françaises, 27 avril 1945, article intitulé : « Comme du bétail… ».

[40] Voy. L’Humanité, 5 avril 1945, article intitulé : « Paulette, rescapée du “camp de la mort” accuse… ».

[41] On sait que les Allemands récupéraient les cheveux pour divers usages. A Nuremberg, un ancien déporté à Treblinka, Samuel Rajzman, déclara qu’ils servaient « à la fabrication de matelas » (TMI, VIII, 326). Dans ses « confessions » (où tout n’est assurément pas faux), Kurt Gerstein affirme qu’ils servaient au calfatage dans les sous-marins (voy. H. Roques, Quand Alain Decaux raconte l’histoire du SS Kurt Gerstein [éd. V. Reynouard, 1998], annexe II, pp. 68-71). Citons également R. Höss qui écrit : « Les cheveux coupés aux femmes étaient expédiés à une fabrique en Bavière qui les utilisait pour les besoins de l’armement » (voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 94). Dans une note page 82, les auteurs qui commentent ses mémoires parlent de quatre usines « qui s’occupaient de la transformation des cheveux humains » : l’entreprise Held à Friedland, l’entreprise Alex Zink près de Nuremberg, les teintureries de la société anonyme Forst à Lausitz et une usine de feutre à Katscher.

[42] Voy. le document URSS-008 in TMI, XXXIX, p. 260.

[43] Voy. le « protocole de Wannsee » (doc. NG-2586), p. 8, § 5. Ce protocole a été reproduit en fac-similé dans De Wannsee-Konferentie en de « Endlösung » (éd. VHO, 1992). Une traduction française intégrale peut être consultée dans l’ouvrage de Wilhelm Stäglich, Le Mythe d’Auschwitz (éd. La Vieille Taupe, 1986), pp. 43-52.

[44] Voy. Sabine Zeitoun et Dominique Foucher, Le masque de la barbarie. Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945 (éd. du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Lyon, 1998), p. 15.

[45] « les risques que représente la surpopulation du ghetto a pour conséquence, à l’automne 1942, la déportation vers l’Est de 17 870 personnes âgées (28 survivants) » (Ibid., p. 16. Voy. aussi p. 242, la liste des convois.

[46] Voy. W. Szpilman, op. cit., pp. 106 et 119.


http://www.phdnm.org/uploads/3/0/0/1/30 ... tution.htm


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