Des enfants à Auschwitz

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Des enfants à Auschwitz

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Sat Aug 16, 2014 4:40 am)

Mais pourquoi donc Sara (11 ans), son petit frère et son (tout) petit neveu n'ont-ils pas été gazés ?


Jean-Marie Boisdefeu



Un colloque international consacré à La mémoire d'Auschwitz dans l'art contemporain a été organisé à Bruxelles les 11 et 13 décembre 1997. Ainsi qu'on va le voir, les actes de ce colloque ne sont pas tout à fait sans intérêt pour le chercheur [1]. Mais tout d'abord, rappelons que, selon l'histoire officielle, plus de 400.000 juifs hongrois ont été déportés à Auschwitz à l'été 44 et gazés pour la plupart dès leur arrivée : c'est la page la plus sanglante de l'histoire d'Auschwitz ; d'une façon générale, d'ailleurs, les inaptes étaient systématiquement gazés à l'arrivée : tout le monde le sait bien. Or, l'un des intervenants à ce colloque, un peintre israélien du nom de Sara Gottliner-Atzmon, est l'une de ces juives hongroises et la version de l'histoire qu'elle donne dans la présentation de son oeuvre picturale n'est pas tout à fait conforme à l'histoire officielle.

Sara est née à Hajdunanas (Hongrie) en 1933 ; elle était la 14ème d'une famille de 15 enfants. Quand elle eut 9 ans [donc vers 1942], son père et quatre de ses frères furent envoyés dans un camp de travail. Mais, apparemment, le père -au moins- en fut libéré puisqu'il fut déporté avec « la famille » à Auschwitz en 1944. Sara avait donc 11 ans et un de ses frères et sœurs était encore plus jeune, sans parler d'un neveu en bas-âge et d'autres frères et sœurs qui ne devaient pas être beaucoup plus âgés qu'elle (la mère n'avait que 44 ans) : ils ne furent pourtant pas gazés ; généralement, les enfants survivants explique le fait d'une façon ou d'une autre : par exemple, « Les chambres à gaz étaient en panne. », voire « Il n'y avait plus de gaz. », mais Sara, elle, n'explique pas comment elle a pu s'échapper de l' « ENFER » [2]. Elle a perdu, dit-elle, 70 personnes de sa famille (ce qui semble très exagéré, ainsi que nous allons le voir) mais, à aucun moment, elle n'évoque les chambres à gaz (sauf en une seule occasion et encore pour un camp où aucun membre de sa famille n'a mis les pieds et où les historiens officiels commencent même à démonter lesdites chambres à gaz : Maïdanek.) ; son père, par exemple, est mort mais de faim et de privations à Strasshof en Autriche (sa mère est revenue et apparemment, la plupart de ses frères et sœurs aussi puisqu'elle affirme avoir perdu 3 frères mais pas nécessairement en déportation).

Fin 1944, la mère et ses enfants furent évacués d'Auschwitz et passèrent 4 jours à se faire désinfecter à Strasshof d'où ils partirent pour Bergen-Belsen où elles furent détenues pendant 5 mois. En avril 44, ils furent libérés près de Magdebourg par les Américains ; ceux-ci leur donnèrent le choix : se rendre aux USA ou se rendre en Palestine. Sans hésitation, Sara et sa mère choisirent la Palestine et s'y rendirent via Buchenwald, accompagnées d'un « groupe d'enfants de 10 à 15 ans ».

Les souvenirs de Sara sont certes confus : ainsi affirme-t-elle qu'elle est passée par Strasshof tantôt en juillet 44 tantôt en fin 44 ou encore qu'elle a été libérée tantôt par les Britanniques à Bergen-Belsen, tantôt par les Américains près de Magdebourg mais, ces divergences peuvent être considérées comme non significatives, l' « essentiel » -pour reprendre un discours cher aux historiens officiels- étant qu'elle et les autres enfants de sa nombreuse famille sont passés par Auschwitz et n'y ont pas été gazés.

La police de la Pensée pourrait-elle nous expliquer cette entorse au dogme ?

NOTES

][1] Actes publiés dans Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz, Bruxelles, n° spécial 60, juillet-septembre 1998 (p. 45-51, 341, 342).

[2] En majuscule dans le texte de Sara.

Akribeia, n° 4, mars 1999, p. 226

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Re: Des enfants à Auschwitz

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Sat Aug 16, 2014 4:45 am)

Mais pourquoi donc les enfants juifs déportés de Vught (Pays-Bas)

à Auschwitz le 3 juin 1944 n’ont-ils pas été gazés ?



Jean-Marie Boisdefeu



Le Kalendarium est un ouvrage rédigé par Danuta Czech du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau et qui résume, jour après jour, les événements qui se sont déroulés à Auschwitz de 1939 à 1945. Publié pour la première fois en plusieurs livraisons au début des années 1960 dans les Hefte von Auschwitz et republié sous forme d’ouvrage et dans une version mise à jour en 1989, il peut être considéré comme reflétant la version de l’histoire adoptée par les autorités responsables de ce haut-lieu de l‘extermination des Juifs. Sa lecture est rien moins que déprimante, particulièrement pour la période de juin 1944, période au cours de laquelle sont arrivés en masse à Auschwitz des centaines de milliers de juifs hongrois, polonais (du ghetto de Lodz notamment) et autres qui, affirment les historiens, y furent gazés et incinérés à un rythme dantesque. Le calcul montre qu’il a dû nécessairement atteindre des pointes de 24.000 déportés par jour, ce qui dépasse d’ailleurs de beaucoup les capacités d’extermination admises par les mêmes historiens. Un mystère de plus !

Or, à la date du 6 juin 1944, on lit l’entrée suivante dans ledit Kalendarium : « Arrivée de Vught [Pays-Bas] de 496 Juifs, hommes et femmes. Après la sélection, 99 hommes, immatriculés 188.926 à 189.024, et 397 femmes, immatriculées 78.253 à 78.533 et 81.735 à 81.850, sont admis dans le camp. » Le Kalendarium ne donne aucune autre indication. Il ne signale notamment pas que l’ensemble du convoi a été immatriculé, donc épargné, chose qu’on peut facilement vérifier, il est vrai, puisque 99 et 397 font 496. Mais, surtout, il donne à penser que tous les détenus du convoi étaient des aptes. Or, la vérité est qu’il y avait des enfants, des vieux et des malades dans le convoi !

Avec le développement d’Internet, l’historien amateur peut même vérifier le fait facilement. En effet, on trouve sur le site du Musée de l’Holocauste de Washington (US Holocaust Memorial Museum : http://www.ushmm.org) des extraits d’un fichier microfilmé à Auschwitz et qui contient un certain nombre de fiches signalétiques (Häftlingspersonalbogen) rédigées à Auschwitz préalablement à l’immatriculation des détenus (soit, hélas, moins de 5.000 fiches étalées sur mai 1943 à octobre 1944). En interrogeant ce fichier soit à la recherche d’éventuels enfants soit à la recherche de détenus entrés à Auschwitz le 6 juin 1944, on trouve notamment 4 enfants juifs néerlandais, tous quatre arrivés le 6 juin et appartenant indubitablement au convoi venu de Vught, soit :

  • Jack S., né le 4 juin 1933 (il avait donc exactement 11 ans). Le fait que son nom ne figure pas dans In Memoriam (Mémorial des Juifs néerlandais morts en déportation) signifie donc que le jeune Jack est même revenu de déportation. (On relèvera au passage que sa mère, laquelle faisait vraisemblablement partie du même convoi, est morte le 5 mai 1945 à Czernowitz en Bucovine du Nord, probablement dans le train qui rapatriait un certain nombre de déportés occidentaux via Odessa.)
  • Jack V., né le 20 avril 1938 (il avait donc 6 ans). Lui aussi est revenu et, si ses parents ont été déportés, eux aussi sont revenus.
  • Hans N., né le 4 décembre 1934 (il avait donc moins de 10 ans). Hans est revenu de déportation ; son père (s’il a été déporté) aussi ; par contre, sa mère est morte à Auschwitz le 31 décembre 1944.
  • Heinie J., né le 19 décembre 1935 (il avait donc moins de 9 ans). Heinie et ses parents (s’ils ont été déportés) sont revenus.
On notera qu’on trouve encore 7 adultes du même convoi dans ce fichier : l’un est mort le 17 mars 1945 à Buchenwald, un autre le 31 mai 1945 à Bergen-Belsen et 5 sont revenus aux Pays-Bas.

Autre vérification à effectuer dans une publication faite au lendemain de la guerre (décembre 1953) par Het Nederlandsche Roode Kruis (la Croix-Rouge néerlandaise) sous le titre de Auschwitz - Deel V : De Deportatietransporten in 1944. Dans la rubrique consacrée à notre convoi, l’auteur (J. Looijenga) précise qu’il comprenait 17 enfants de moins de 15 ans et que, parmi les 60 survivants connus, on comptait 3 garçons d’environ 10 ans et 2 fillettes de 13 ans, de sorte qu’il semble bien qu’il faille y ajouter au moins un des quatre garçons cités ci-dessus (Jack V., 6 ans). Looijenga, il est vrai, n’a compté aucun autre enfant rescapé dans aucun autre convoi mais, à une exception près, tous les convois partis des Pays-Bas sont antérieurs : ils datent donc d’une époque au cours de laquelle les Allemands avaient la possibilité de réimplanter les inaptes en Ukraine, ce qui n’était plus le cas à l’époque du convoi venu de Vught en juin 1944, les Russes ayant reconquis la plus grande partie de l’Ukraine au printemps 1944. Et quel a donc été l’itinéraire ultérieur des déportés de Vught ? Looijenga dit que, peu après leur arrivée, la plupart des déportés du convoi ont été transférés à Langenbielau/Reichenbach, un camp de travail situé au nord-ouest d’Auschwitz mais dépendant de Gross-Rosen.

Un premier convoi est parti le 10 juin, un second le 23 août et, précise Looijenga, il devait comprendre « environ 50 femmes âgées, femmes malades et mères accompagnées d’enfants ». Sur ces 50 femmes et enfants, 31 ont eu un sort que la Croix-Rouge ignorait encore en 1953 et ils ont été considérés arbitrairement comme morts à la date de leur départ d’Auschwitz.

En tous cas, une chose est sûre : personne parmi les enfants de ce convoi, leurs mères, les femmes et hommes âgés, les malades et invalides qui les accompagnaient n’a été gazé à l’arrivée à Auschwitz et cela n’est pas conforme au dogme. Et pourquoi donc ? Serait-ce un mystère (un de plus) ?

Jean-Marie Boisdefeu

Une première version de cet article a été publiée dans Akribeia n° 5, octobre 1999, p. 141-143.

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Re: Des enfants à Auschwitz

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Sat Aug 16, 2014 4:57 am)

DES ENFANTS RESCAPES D’AUSCHWITZ



Jean-Marie Boisdefeu



En juin 1998 a eu lieu à Bruxelles la « Troisième Rencontre Internationale sur le témoignage audiovisuel des survivants des camps de concentration et d'extermination nazis ». Selon le compte rendu qu’en a publié la Fondation Auschwitz [1], lors de la discussion qui a suivi cette Rencontre, Marie Lipstadt, membre du conseil d’administration de la Fondation Auschwitz, a interpellé Anita Tarsi, chercheur israélien travaillant notamment pour les archives Fortunoff, sur un sujet qu'elle venait d’exposer, à savoir le sort d'un groupe d'enfants nés entre 1927 et 1938 [donc ayant entre 6 et 17 ans en 1944] qui furent envoyés de Dachau à Birkenau mais qui ne furent pas « sélectionnés » [pour être gazés] à leur arrivée ; et de lui faire part de son étonnement : « D'après ma propre expérience, en dessous de 15-16 ans, on était envoyé tout de suite à la chambre à gaz. ». Anita Tarsi lui répond qu'elle aussi, a été étonnée d’apprendre que des enfants arrivés à Auschwitz en 1944 n'avaient pas été gazés mais que la chose était exacte : fin juillet/début août 1944, deux groupes d'enfants étaient arrivés à Birkenau, l'un venant de Maïdanek et l'autre de Dachau et ils n'avaient pas été gazés (du moins pas tout de suite, certains - mais pas tous- ayant été sélectionnés [pour le gaz] quelques semaines plus tard) ; toutefois, Mme Tarsi ne pouvait donner la raison de cette clémence des SS : peut-être que ces enfants, se hasardait-elle, n'étaient pas attendus et que la SS n'avait pas su quoi en faire [On ne peut qu’être étonné de cet embarras.] ; ou bien, peut-être était-ce dû au fait qu'à cette époque, les Juifs de Hongrie arrivaient en masses compactes [Mme Tarsi semblant suggérer que la SS était peut-être bien débordée et désorganisée.]

Un certain Salomon R. intervient alors dans la discussion pour donner raison à Mme Tarsi. Il a connu à Monowitz, précise-t-il, un kommando composé de 25 à 30 enfants de moins de 12 ans. Enfin, quand il est revenu en Belgique en 1945, il a rencontré 5 enfants qui avaient survécu à leur déportation à Auschwitz. [On notera au passage que ce deuxième intervenant pourrait bien être un certain Salomon R., né le 4/3/26, déporté de Malines à Birkenau par le convoi III du 15 août 1942 à l'âge de 16 ans et demi et compté comme mort par les historiens.]

Ces échanges sont vraiment étonnants et même déroutants :

  • Les chercheurs officiels d’aujourd’hui redécouvrent un fait connu et facilement vérifiable (sur lequel, il est vrai, les historiens de hier ne se sont pas étendus et qu’ils ont même occulté, ce qui explique probablement l’ignorance et l’étonnement de leurs successeurs) : des enfants isolés et même des groupes d'enfants déportés à Auschwitz ont été épargnés. Cette redécouverte est sans doute due au fait que le témoignage audiovisuel est à la mode et que, forcément, plus d'un demi-siècle après la guerre, les chercheurs ne peuvent plus guère interroger que des rescapés qui étaient enfants lors de leur déportation.
  • Le fait précis signalé par Mme Tarsi est d'ailleurs évoqué par le Kalendarium, lequel est bien obligé (nous verrons pourquoi plus loin) de relater à la date du 1er août 1944 l'arrivée et l'immatriculation de 129 garçons de 8 à 14 ans venus du ghetto de Kaunas via Dachau. Leurs mères et sœurs avaient été envoyées au camp du Stutthof (où, disent les historiens officiels, il n'y a jamais eu de chambre à gaz) ; quant à leurs pères et frères aînés, ils avaient été envoyés à Stettin. A Dachau, des détenus avaient affirmé à ses pauvres petits qu'Auschwitz était un camp d'extermination et certains d'entre eux s'étaient sauvés en cours de route. A leur arrivée à Auschwitz, ils avaient été envoyés dans le camp de quarantaine, ce qui signifie clairement que les SS n'avaient nullement l'intention de les gazer (sans que, d’ailleurs, le Kalendarium nous explique pourquoi).
  • L'étonnement de Marie Lipstadt est lui-même étonnant : en effet, elle fut déportée à Auschwitz à 13 ans et demi et, arrivée le lendemain du jour où les garçons de Kaunas/Dachau étaient arrivés, soit le 2 août 1944, elle ne fut pas gazée non plus. Certes, le Kalendarium dit le contraire mais il a tort ; en effet, il y avait dans le convoi de Marie Lipstadt (le 26ème convoi parti de Malines-Bruxelles) 47 enfants (dont Marie Lipstadt elle-même) ; 202 déportés du convoi ne furent pas sélectionnés [pour le travail] et, affirme le Kalendarium, ils furent donc aussitôt gazés : « Les autres 202 personnes, dont les 47 enfants, furent tués dans la chambre à gaz ». Or, il est incontestable que Marie Lipstadt, bien qu’enfant, a été immatriculée à son arrivée et n'a pas été gazée. On relèvera aussi le fait que Marie Lipstadt n'est pas un cas isolé car d'autres enfants de son convoi sont également revenus.
En fait, quand le nombre d'enfants d'un convoi est inférieur au nombre des non-immatriculés, il est possible au Kalendarium d'affirmer de façon dogmatique que les enfants font partie de ces non-immatriculés et ont été gazés. Mais quand le nombre d'enfants dépasse le nombre de personnes épargnées, il ne peut y avoir aucune illusion d'optique ; certes, le Kalendarium peut s'en sortir en ne signalant pas la présence des enfants (nous avons vu -dans Akribeia, n° 5, octobre 1999, p 142- que c'est ce qu'il a fait dans le cas du convoi de Juifs hollandais arrivé de Vught le 3 juin 1944) ; cette échappatoire n'existe toutefois pas quand le convoi est entièrement composé d'enfants comme dans le cas de ce convoi venu de Dachau : dans ce cas, il lui faut bien reconnaître un fait embarrassant mais tellement évident qu’il est incontournable.

En vérité, les participants à cette Rencontre Audiovisuelle Internationale, tous chercheurs professionnels ou militants connus, semblent ignorer qu'on trouve la trace de nombreux enfants rescapés dans la documentation disponible ; il y a certes les nombreux témoignages de ceux qui virent arriver dans les camps de l'Ouest en 1944/1945 des foules de femmes et d'enfants juifs hongrois mais ce que à quoi nous faisons allusion, ce sont des documents (si possible d'état civil) sortant ces malheureux enfants de l'anonymat et donnant des cas précis (nous ne citerons que des enfants ayant moins de 15 ans et, bien entendu, nous ne les citerons pas tous) :

  • Ainsi trouve-t-on le nom et la date de naissance de très nombreux enfants hongrois dans une liste établie en septembre 1945 par une organisation sioniste dans l'ancien camp de Bergen-Belsen (dont certains nés en captivité). Tous ces enfants, affirment les historiens (d’ailleurs à tort dans un certain nombre de cas) étaient passés par Auschwitz au cours du printemps et de l’été 1944. Citons par exemple :
- Estera B., 8 ans et demi
- Sari B., 13 ans
- Gizela B., 14 ans
- Cili B., 13 ans
- Marysia B., 14 ans
- Eszter B., 12 ans et demi

  • On peut aussi citer le témoignage dont nous avons déjà parlé dans Akribeia, n° 4, mars 1999, p 226, celui d'une jeune hongroise passée par Auschwitz sans y avoir été gazée : Sara Gottliner-Atzmon (11 ans), arrivée à l'été 1944 avec un frère (encore plus jeune) et un neveu (lui franchement en bas âge), tous deux également épargnés.
  • On trouve aussi des enfants rescapés dans les convois venus de Tchécoslovaquie (Theresienstadt), par exemple la petite Viennoise Ruth K., arrivée à l’été 1944 à l’âge de 12 ans ou encore Judith Jägermann, arrivée en décembre 1943 à l’âge de 13 ans, et dont nous résumons le témoignage dans ce même numéro d’Akribeia.
  • Les Juifs de Corfou arrivèrent à Auschwitz le 30 juin 1944 et les inaptes, soit les trois quarts du convoi, nous dit le Kalendarium, furent aussitôt gazés. Alors comment peut-on bien expliquer la présence à Bergen-Belsen en septembre 1945 du petit Gabriel B. (13 ans et demi au moment de sa déportation) ?
  • En ce qui concerne les convois venus de Hollande, on a lu dans le numérod’Akribeia cité ci-dessus que 17 enfants de moins de 15 ans arrivés le 3 juin 1944 avaient été épargnés et immatriculés, un certain nombre d’entre eux étant même revenus en Hollande, notamment :
- Jack S., 11 ans
- Jack V., 6 ans
- Hans N., 9 ans et demi
- Heinie J., 8 ans et demi.

  • Plus probant encore pour nous, francophones, est le cas de nombreux enfants déportés de France et de Belgique car, le plus souvent, ils étaient nés chez nous, avaient notre nationalité, parlaient notre langue, portaient des prénoms qui nous sont familiers, habitaient nos villes et nos rues ; ces enfants font pourtant partie de groupes gazés en bloc à l'arrivée ; on peut citer en exemple :
- Jacqueline F., 9 ans et demi, arrivée en mars 1944 (convoi français 69)
- Jean P., 13 ans et demi, arrivé en mars 1944 (convoi français 70)
- Jeannette G., 13 ans et demi, arrivée en avril 1944 (convoi français 71). On notera encore que Jeannette avait 15 mois de moins que l'aîné des 34 enfants d'Izieu qui faisaient partie du même convoi (Fritz L., 15 ans) et qui, dit le Kalendarium, ont tous été gazés ; dans ce même convoi, au moins cinq autres enfants également plus jeunes que Fritz sont revenus en France.
- Fryma W, 7 ans, arrivée en avril 1944 (convoi français 72)
- Claude M., 13 ans, arrivé en mai 1944 (convoi français 74) et qui fut immatriculé A-5251
- Friedel R., 9 ans, arrivé en mai 1944 (convoi belge XXV). Lors de la sélection, il fut envoyé dans la « file de gauche » composée de femmes inaptes (femmes âgées et femmes accompagnant des enfants en bas âge) qui, d'après le Kalendarium et des témoins (dignes de foi, bien entendu), furent immédiatement gazés. En fait, Friedel fut envoyé au Familienlager et, plus tard, immatriculé A-5241. (Voir Akribeia n° 4, mars 1999, p 218)
- Simy K., 13 ans et demi, arrivée en juin 1944 (convoi français 76). Il s'agit en fait de la fameuse Simone Lagrange.
- Janine L., 12 ans, arrivée en juillet 1944 (convoi français 77)
- Charles Z., 11 ans et demi, arrivé en août 1944 (convoi français 78). Arrivé le 11 août 1944, Charles fut envoyé au Durchgangslager puis, selon le Kalendarium, gazé le 5 septembre ; en fait, il fut immatriculé B-9733 le 7 septembre et, comme tous les enfants cités ci-dessus, il revint chez lui.

Il faut donc bien constater ce fait : on trouve des enfants rescapés dans tous les convois de la période étudiée (celle qui suit la perte de l’Ukraine par les Allemands au printemps 1944) ; notons au passage que, si on disposait des registres mortuaires de l’année 1944, on s’apercevrait sans doute que de nombreux enfants juifs y figurent alors qu’on n’en trouve pas un seul dans les registres des années 1942 et 1943 et c’est peut-être bien la raison pour laquelle lesdits registres n’ont pas encore été retrouvés. En effet, face à ces évidences, les historiens ne pourraient éluder plus longtemps cette question essentielle : pourquoi retrouve-t-on la trace d’enfants -rescapés ou morts- déportés après la perte de l’Ukraine par les Allemands et pourquoi n’en retrouve-t-on pas avant cette période ?

Mais, revenons aux enfants survivants : on nous dira peut-être (ce sont des choses qu'on lit parfois) : tel enfant faisait plus que son âge ; tel autre s'est caché sous les jupes de sa mère ; pour un troisième, il n'y avait plus de gaz ; un quatrième est arrivé alors que les chambres à gaz étaient en panne ; un cinquième était une éplucheuse de pommes de terre hors concours. Et pour les autres ?

Et bien, on ne sait pas ; on ne trouve rien à leur sujet dans le Kalendarium sinon qu'ils ont été gazés, ce qui est inexact ; leur retour constitue donc une entorse inexplicable au dogme selon lequel tous les enfants étaient, sauf rares exceptions, gazés à leur arrivée à Auschwitz ; il nous faut donc faire preuve d’humilité et admettre sans honte le fait que le retour de ces enfants constitue un mystère c'est-à-dire une vérité de foi inaccessible à notre pauvre raison.

La seule explication rationnelle qu’on pourrait peut-être avancer est que, en la matière, l’exception à la règle est devenue la règle et que, comme Pierre Vidal-Naquet l’a énoncé à propos des « coefficients multiplicateurs » de Jean-Claude Pressac, il s’agit là d’une « conquête scientifique que nous aurions grand tort de bouder ». Peut-être bien.

Jean-Marie Boisdefeu

NOTES

[1]Bulletin de la Fondation Auschwitz, n° 63, avril-juin 1999, essentiellement constitué du Cahier international sur le témoignage audiovisuel, n° 3, juin 1999.


Akribeia, n° 6, mars 2000, p. 94-99.

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Re: Des enfants à Auschwitz

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Sat Aug 16, 2014 6:22 am)

Friedel, 9 ans : gazé mais revenu


Selon la version officielle et obligatoire de l’histoire, les juifs arrivant à Auschwitz étaient triés par sexe puis répartis en deux files : d'une part, la « file de droite »avec les aptes au travail, provisoirement épargnés et promis à une mort rapide par le travail ; d'autre part, la « file de gauche » avec les inaptes, destinés à être aussitôt gazés et incinérés (les malades, les invalides,les enfants et les adultes qui les accompagnaient). Ceux qui n'y croient pas seraient des êtres abjects et même des « criminels de la Pensée » (Lionel Jospin) ou des « criminels contre la Vérité » (Jacques Chirac).

Alors, voyons le cas du convoi belge n° XXV arrivé à Auschwitz le 21 mai 1944 c'est-à-dire au début de la période la plus noire del'histoire d'Auschwitz. (Ainsi, les historiens indiquent-ils qu'il y a eu, à cette époque, jusqu’à 24.000 gazages par jour.) [1]A la date du 21 mai 1944, le Kalendarium indique :

« Arrivée du convoi 25 venant de Malines (Belgique) avec 507 Juifs à bord (228 hommes, 2 garçons, 221 femmes, 29 fillettes). Il est probable que 200 Juifs d'autre origine ont été rattachés à ce convoi lors de la sélection à l'arrivée, à l'issue de laquelle 300 hommes [2] et 99 femmes ont été admis dans le camp et immatriculés A-2546 à A-2845 (pour les hommes) et A-5143 à A-5241(pour les femmes). Les quelque 300 autres personnes ont été gazées.»

Un témoin oculaire confirme d'ailleurs la chose : Régine Beer, qui fut vice-président de la Fondation Auschwitz et qui a inlassablement témoigné dans toutes les écoles de Flandre et sur les plateaux de télévision ; Régine Beer a publié naguère le récit de sa déportation à Auschwitz dans ledit convoi XXV. [3]

La description de la sélection à l'arrivée que fait Régine Beer est on ne peut plus conforme au dogme holocaustique : il y est question de SS en armes, de fouets, de chiens aboyants (toutes choses, on le notera, qu'on ne retrouve d'ailleurs pas dans les nombreuses photos qui ont été prises à Auschwitz même) ; bien entendu, Madame Beer n'oublie pas, au passage, d'insulter les révisionnistes qui pourraient mettre en doute son récit.

Mais que s'est-il plus précisément passé sur la rampe ? « Au bout de la route [comprendre : du quai], le commandant du camp ou le médecin du camp : d'un mouvement de la main à droite ou à gauche, ils décidaient si l'on devait disparaître tout de suite ou si l'on avait le droit de vivre encore un peu. Les vieux, les malades, les infirmes, les gens qui portaient un enfant dans les bras ou à la main, les femmes enceintes et des groupes entiers de jeunes enfants étaient immédiatement envoyés à gauche. Pour être gazés et brûlés : mais nous ne le savions pas encore. »

C'est ici que se situe un épisode récurrent, un classique du témoignage holocaustique, un « must » : Régine descend du train en portant dans ses bras un enfant que sa mère, épuisée, lui a confié mais que sa grand-mère récupère au moment de la sélection ; « C'est ce qui m'a sauvé la vie : avec l'enfant dans les bras, j'aurais été envoyée immédiatement aux chambres à gaz. C'est ainsi que j'ai survécu à cette première sélection. »

Dans ce même convoi se trouvaient Esther T. (44 ans) et son fils âgé de 9 ans seulement, Friedel R.. A cet âge, Friedel ne pouvait évidemment qu'être envoyé dans la file de gauche, celle des inaptes à gazer, en compagnie de sa mère. Il faut en effet se rappeler que, sauf exception, les SS ne séparaient jamais les enfants de leur mère ; les garçons eux-mêmes suivaient leur mère dans le camp des femmes, tout en figurant dans la statistique du camp des hommes. [4]

Pour les historiens, si les SS agissaient de la sorte, ce n’était pas par humanité mais dans le but de se simplifier la tâche : l'apte ainsi sacrifié (puisqu'on le gazait alors qu'il aurait pu être mis au travail) les aidait à maintenir l'ordre dans les rangs des victimes ; c'est là une interprétation tout à fait incohérente, d'ailleurs, car c’était bien de la part des adultes que les SS pouvaient craindre des gestes de rébellion mais peu importe car ce qui compte, en l'occurrence, c'est qu'Esther accompagna logiquement son fils dans la file de gauche. Esther et son petit Friedel furent donc immédiatement gazés comme tous les inaptes de cette file de gauche.

On peut d’ailleurs le vérifier : Esther ne fait pas partie des 99 femmes qui furent épargnées et immatriculées A-5143 à A-5241 (dont Régine Beer, immatriculée A-5148) et Friedel ne fait pas partie non plus des quelque 300hommes qui furent épargnés et immatriculés A-2546 à A-2845.

D'autres documents nous le confirment : ainsi le Mémorial de la déportation des Juifs de Belgique affirme-t-il conformément au dogme que tous les enfants du convoi ont été gazés sur le champ.

En réalité, ce sont là des fariboles et la vérité est toute autre : s'il est exact qu'Esther et son fils ont bien été envoyés dans la file de gauche, ils n'ont pas été gazés pour autant et cela pour la raison incontournable qu'ils sont revenus en Belgique. On peut le vérifier sans faire de grandes recherches puisqu'ils figurent dans la liste nominative des rescapés publiée par l'Administration des Victimes de la Guerre à Bruxelles.

Les historiens objecteront peut-être aussitôt que Friedel a été épargné pour faire l'objet d'expérimentations médicales [autre poncif holocaustique] et qu'il y a survécu et, qui sait, n'y a peut-être finalement pas été soumis pour l'une ou l'autre raison ; cette objection maligne ne peut évidemment être retenue car, dans ce cas, Friedel aurait été envoyé dans la file de droite et immatriculé avec les aptes du convoi.

Esther et son fils furent finalement immatriculés mais plus tard et ils reçurent des numéros sans rapport avec les numéros reçus par les aptes de la file de droite.

Que s'est-il donc passé ? Selon une note rédigée en 1945 par une association affiliée au Service International de Recherche d'Arolsen (Aide aux Israélites victimes de la Guerre, Esther a déclaré qu'après la sélection, elle avait été envoyée avec son fils dans le « camp des familles » et qu'ils y étaient restés jusqu'à la libération du camp par les Russes en janvier 1945. Esther a précisé avoir travaillé dans un « Aussenkommando ». Et qu'étaient devenus les autres femmes, enfants et autres inaptes de la fameuse file de gauche ? Peu curieux, ne sachant pas qu'il écrivait l'histoire,le fonctionnaire qui l'interrogeait a simplement noté : « N'a rien su de ce qui se passait avec le transport car a été d'abord au Familienlager.» Une chose est sûre : le sort qu'ont connu Esther et son petit Friedel ne s'explique pas à la « lumière » de la version officielle de l'histoire c'est-à-dire dans les « ténèbres » du dogme.

Le témoignage d’Esther n’a jamais intéressé les médias ; il est sans intérêt puisqu’il n’a rien d’extravagant ; de plus, il s’inscrit mal dans l’opération de bourrage de crâne à laquelle les historiens nous soumettent depuis un demi-siècle ; d’ailleurs le témoignage d’Esther ne serait-il pas nauséabond puisqu’il conforte les thèses révisionnistes ? La seule présence sur le plateau d’une chaîne de télévision d’Esther et de Friedel ne serait-elle déjà pas un outrage abominable à la Mémoire ? Mieux vaut donc recourir au témoignage de folles s’en allant répétant contre toute vraisemblance que le ciel d’Auschwitz était obscurci par des flots de fumée noire sortant de crématoires dans lesquels on brûlait des enfants juifs comme Friedel.


[1] Récit tiré d’un article de J-M. Boisdefeu, Akribeia, n° 4, mars 1999.

[2] A savoir quelque 100 hommes du convoi XXV auxquels ont été rattachés 200 hommes d’un autre convoi.

[3] « KZ A5148 », EPO, Bruxelles, 1992

[4] Ainsi, ce ne sont pas eux qui, au cours de l’été 1942, à Pithiviers, ont séparé plus de 4.000 enfants de leur mère mais les Français.


Revue Dubitando, n° 11, avril 2007

http://www.vho.org/aaargh/fran/revu/dubitando/dubitando11.pdf

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Re: Des enfants à Auschwitz

Postby phdnm » 8 years 9 months ago (Thu Aug 21, 2014 9:29 am)

Un témoignage d’enfant sur Auschwitz


Jean-Marie Boisdefeu



On trouve sur Internet le témoignage de Judith Jägermann née Pinczovsky, qui fut déportée à Auschwitz à l’âge de 13 ans. [1] On en retiendra ce qui suit. Précisons d'abord que le texte entre crochets [ ] est de nous.

Judith est née vers 1930 à Karlsbad (Tchécoslovaquie) dans une famille de juifs pieux (son père était restaurateur casher). Vers 1939, la famille dut quitter Karlsbad pour Prague. Vers 1942, la mère et deux de ses trois filles (notre Judith, 11 ans et demi, et Ruth, laquelle avait un an de plus) furent envoyées à Theresienstadt.

La mère obtint que le père, emprisonné préalablement à Karlien, les rejoigne ; une troisième fille habitait à Leipzig mais elle avait émigré en Palestine vers 1938. Au bout de 16 mois, en décembre 43, ils furent tous quatre déportés à Auschwitz, où, selon la rumeur, ils devaient être gazés. En route, un employé des chemins de fer leur confirma que leur convoi devait passer « par la cheminée qui fumait 24 heures sur 24 ». Ces rumeurs rendait le père malade (« crampes d'estomac et diarrhée ») ; le monde semblait basculer et Judith finit par admettre qu'ils allaient mourir : « Je compris immédiatement que nous allions être gazés. Mais comment ? Allaient-ils nous torturer à mort ? Je fus saisie de frissons et Papa aussi. ».

En fait, Judith s'alarmait inutilement et le père se rendait malade en vain car, comme tous leurs compagnons, ils furent immatriculés et envoyés dans le camp des familles (BIIb, bloc 12). Le père fut mis à travailler aux cuisines des SS [Affectation bien indiquée puisque, ainsi que nous l'avons vu, le père était restaurateur casher.] ; le travail y était dur et « si les SS n'avaient pas trouvé la nourriture bonne, ils lui auraient plongé la tête dans l'eau jusqu'à ce qu'il suffoque presque. » ; en bon père, il rapportait à sa famille des pommes de terre bouillies puis regagnait sa baraque « en se demandant ce qu'il allait bien pouvoir cuisiner d'agréable aux SS pour éviter d'être torturé. »

Un jour, sa sœur Ruth et une amie aperçurent des convois de Juifs hongrois arriver à Birkenau et entrer aussitôt dans les chambres à gaz ; elles furent surprises par les SS, qui, pour les punir, les tondirent ; les cheveux des deux malheureuses étaient à peine repoussés depuis la coupe qu'on leur avait imposée à leur arrivée dans le camp et l'incident dégénéra en crise de nerfs générale jusqu'à ce qu'on put mettre la main sur une perruque pour la malheureuse Ruth ; toutefois, il en resta des séquelles car l'incident déprima Judith encore un peu plus.

En juillet 44, Mengele procéda à une sélection dans le camp des familles : « Personne ne savait quel côté était synonyme de vie et quel côté, synonyme de mort. Comme par miracle, nous fûmes poussées toutes les trois du même côté et c'est comme cela que nous restâmes ensemble. » ; ensemble et en vie, puisqu'elles furent chargées dans un train, envoyées à Hambourg, près du port, et mises immédiatement au travail de déblaiement des ruines provoquées par les bombardements alliés. Judith et ses camarades évitaient soigneusement de donner l'impression qu'elles étaient inaptes au travail « à cause du danger permanent d'être envoyées à Birkenau pour y être gazées. »

Une nuit, en rentrant du travail, elles trouvèrent leur camp complètement détruit par un bombardement anglais et toutes celles de leurs co-détenues qui y étaient restées pour l'une ou l'autre raison, avaient péri.

Le commandant du camp, un certain Spiess, avait voulu tuer sa mère d'un coup de revolver sous le prétexte qu'elle avait ramassé une épluchure de pomme de terre mais le coup n'était pas parti : « Il est bien possible que le revolver n'était pas chargé ; aussi le commandant s'en était servi pour frapper maman jusqu'à ce que la bave lui arrive aux lèvres. Pendant des semaines, maman ne put aller au travail et sa tête était terriblement enflée. »
« Nous avions perdu du poids depuis notre arrivée à Hambourg, neuf mois plus tôt. Nous avions connu de terribles bombardements au cours desquels nous étions nombreuses à crier 'Shma Israël' et assez souvent, nous pensions que notre dernière heure était arrivée. Tout ceci était dû au fait que notre camp se trouvait à proximité de la zone industrielle, véritable objectif des Anglais. »

De Hambourg, Judith et ses compagnes partirent pour Bergen-Belsen où régnait un chaos total. Libérées par les Anglais, Judith, sa sœur et leur mère regagnèrent Prague. Elles y attendirent en vain le retour du père. Puis, Judith fut envoyée en Israël rejoindre sa sœur aînée. Apparemment, la mère et l'autre sœur restèrent en Tchécoslovaquie.

[Au terme de ce récit vient aux lèvres une question lancinante car sans réponse depuis plus d'un demi-siècle : mais pourquoi donc ces deux gamines qu'étaient Judith (13 ans) et Ruth (14 ans) n'ont-elles pas été gazées à leur arrivée à Auschwitz ?]


NOTES.

[1] Judith Jägermann née Pinczovsky, Memories of my Childhood in the Holocaust, décembre 1985, 23 p., http://remember.org/witness/jagermann.html

Revue Akribeia, n° 6, mars 2000, p. 104-106

http://vho.org/F/j/Akribeia/6/Boisdefeu104-106.html


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