Qui a dénoncé Anne Frank et sa famille aux nazis ? Une nouvelle enquête lève le mystère
17 janvier 2022
Au bout de cinq ans de recherches, une équipe internationale d'enquêteurs croit ce lundi avoir mis un nom sur le délateur responsable de l'arrestation de la famille Frank à Amsterdam, en 1944. Il s'agirait d'un notaire soucieux de protéger sa famille. Cette conclusion figure dans un livre à paraître ce mercredi.
Une équipe internationale d'enquêteurs, menée par un agent du FBI, s'appuyant sur des centaines de milliers de documents entreposés dans huit pays différents et les témoignages tirés d'entretiens conduits auprès de 70 personnes, le tout sur une période de cinq ans. Tel est le dispositif d'investigations qui permet ce lundi de connaître l'identité de la personne responsable de la dénonciation et de l'arrestation d'Anne Frank et sa famille, un funeste matin de l'été 1944 à Amsterdam.
Il s'agit, assure notamment le quotidien belge Le Soir qui a chroniqué les conclusions de cette enquête qui doit paraître mercredi dans le livre Qui a trahi Anne Frank ? d'Arnold Van den Bergh. Ce dernier, lui-même juif - et membre du Conseil juif de la capitale néerlandaise, aurait d'ailleurs livré la localisation de l'annexe où les Frank avaient trouvé refuge - ainsi que d'autres adresses - aux services de renseignement de la SS afin de protéger sa propre famille.
Le silence plein d'humanité d'Otto Frank
Le dévoilement du nom de cet homme, notaire de son état, ne va pas sans son cortège de précautions. Au long de ses cinq années de labeur, l'équipe de l'agent du « Bureau » américain, Vince Pankoke, a étudié une trentaine de pistes et celle-ci n'est jamais que la plus plausible. Toutefois, un élément accablant l'étaye : la copie - de la main d'Otto Frank, le père d'Anne - d'une lettre reçue par ce dernier dans sa boîte aux lettres après son retour des camps.
On y lisait : « Votre cachette à Amsterdam a été signalée à l’époque à la Jüdische Auswanderung d’Amsterdam (l'organisme local chargé de la déportation), Euterpestraat, par A. van den Bergh, qui habitait à l’époque près du Vondelpark, O. Nassaulaan. Le J.A. avait toute une liste d’adresses qu’il donnait ». Cette note, restée inédite pendant 80 ans, a été retrouvée par les enquêteurs.
Une question reste entière. Pourquoi Otto Frank, seul survivant de son foyer, a-t-il choisi de garder le silence, après la Libération comme après la mort d'Arnold Van den Bergh, survenue en 1950 ? Les auteurs de la découverte hésitent entre l'humanité d'un père endeuillé comprenant le dilemme familial de son délateur, ou la prudence d'un homme craignant de nourrir une forme d'antisémitisme par l'exemple d'une complicité avec les nazis au sein de la communauté juive.
Deux ans loin des regards
Avant leur interpellation le 4 août 1944, alors que les chenilles des chars alliés couvraient déjà les bruits de bottes de l'occupant, les Frank étaient parvenus à se dérober aux regards allemands et collaborateurs pendant deux ans. Pour ce faire, ils s'étaient cachés, à compter de juillet 1942, dans l'annexe jouxtant les bureaux d'une entreprise d'Amsterdam.
C'est là qu'Anne Frank écrira son fameux journal. L'adolescente, quant à elle, est morte - à une date demeurée incertaine de 1945 - moins d'un an après sa déportation, alors qu'elle était détenue au camp de Bergen-Belsen, en Allemagne.
https://www.bfmtv.com/international/une-enquete-internationale-revele-le-nom-du-denonciateur-d-anne-frank-et-de-sa-famille_AN-202201170382.html
[Le délateur aurait dénoncé la fille mais pas le père ?]
http://robertfaurisson.blogspot.com/1978/08/le-journal-danne-frank-est-il.html
BOCAGE INFO - Dépêche No 014/2022
Des chercheurs doutent de la nouvelle théorie sur le dénonciateur d’Anne Frank
19 janvier 2022
Emile Schrijver, directeur du quartier culturel juif d’Amsterdam, a déclaré avoir reçu un exemplaire du livre en avant-première à la fin de la semaine dernière. « Les preuves sont beaucoup trop faibles pour accuser qui que ce soit », a-t-il déclaré. « C’est une énorme accusation qu’ils ont faite en utilisant beaucoup d’hypothèses, mais elle n’est vraiment basée sur rien d’autre qu’un extrait d’information. »
Mardi, lorsque des experts d’Anne Frank, de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste ont eu l’occasion de réfléchir aux résultats, beaucoup ont déclaré qu’ils doutaient de la théorie du livre.
« Ils arrivent avec de nouvelles informations qui doivent être examinées de plus près, mais il n’y a aucune base pour cette conclusion », a déclaré Ronald Leopold, directeur exécutif de la Maison Anne Frank. Il a ajouté que le musée ne présente pas les résultats comme un fait, mais peut-être comme l’une des nombreuses théories, y compris d’autres qui ont été considérées au fil des ans.
La « dénonciation d’Anne Frank » nous dit que van den Bergh avait une liste de Juifs cachés, qu’il a reçue du Conseil juif d’Amsterdam, l’organisation à laquelle il a déjà siégé. Le Conseil a été créé par le régime nazi néerlandais en 1941 pour gouverner la population juive et a nommé ses dirigeants provenant d’autres organisations juives qui avaient été interdites. Le personnel du Conseil a été inscrit en tant que tel sur les cartes d’identité pour empêcher leur déportation jusqu’en 1943, lorsque l’organisation a été dissoute et ses employés arrêtés.
Mais il n’y a aucune preuve que le Conseil avait une telle liste, a déclaré Laurien Vastenhout, chercheur à l’Institut NIOD pour les études sur la guerre, l’Holocauste et le génocide qui est un expert de l’histoire du Conseil juif à Amsterdam. « Pourquoi les gens cachés donneraient-ils leur adresse au Conseil juif ? » s’interroge Vastenhout.
Leopold, directeur de la Maison d’Anne Frank, a déclaré qu’il avait entendu des rumeurs selon lesquelles le Conseil aurait pu conserver des listes d’adresses, « mais seulement de sources peu fiables ». Il a ajouté : « Le Conseil juif était sous le contrôle spécial des forces d’occupation » et qu'« il serait très, très risqué de tenir de telles listes ».
Van Twisk a confirmé que son équipe n’avait pas trouvé de liste. Mais il a ajouté : « nous avons plusieurs sources qui mentionnent l’existence de listes ».
https://r7newss.com/scholars-doubt-new-theory-on-anne-franks-betrayal/
[Si les juifs se méfient et se dénoncent entre eux, pourquoi devrait-on les croire sur parole pour le reste ?]
BOCAGE INFO - Dépêche No 017/2022