Lituanie : Une loi veut allouer 38 M de $ aux survivants de la Shoah
La WJRO qualifie ce projet de loi présenté par la Première ministre Ingrida Šimonytė "d'important" dans un pays encore aux prises avec son passé pendant le génocide
4 décembre 2022
JTA — La Première ministre lituanienne a pris une initiative qualifiée « d’importante » par une organisation juive, au début du mois, en présentant une législation qui prévoit d’allouer en dédommagement plus de 38 millions de dollars aux survivants de la Shoah et à leurs héritiers.
Ingrida Šimonytė a présenté le texte devant le Seimas, le parlement du pays. S’il est adopté, il multiplierait presque par deux l’argent d’ores et déjà mis de côté pour répondre aux demandes de réparation dans un pays dont 90 % de la communauté juive a été assassinée pendant la Shoah.
Il n’y a plus que 5 000 Juifs qui vivent aujourd’hui en Lituanie.
« La proposition faite par la Première ministre Ingrida Šimonytė est une avancée importante dans la quête de justice des survivants de la Shoah lituaniens et dans celle des familles pour les horreurs subies pendant la Seconde Guerre mondiale et après », a estimé dans un communiqué la WJRO (World Jewish Restitution Organization).
« Nous sommes impatients d’avoir l’opportunité d’examiner cette nouvelle législation, qui permettra de continuer le processus de dédommagement des biens qui ont été saisis et qui soutiendra la vie juive en Lituanie », a noté l’organisation.
La Lituanie a des antécédents mouvementés s’agissant de la reconnaissance de son histoire pendant la Shoah. Les collaborateurs lituaniens des nazis avaient été impliqués dans de nombreuses atrocités et notamment dans les massacres perpétrés à Paneriai, une banlieue de la capitale de Vilnius, où 70 000 Juifs avaient été tués entre 1941 et 1944. Les bataillons lituaniens montaient aussi la garde au camp de la mort de Majdanek et au ghetto de Varsovie, supervisant également les déportations.
Les responsables de la communauté juive s’étaient opposés lorsque les députés lituaniens avaient réfléchi à une loi, en 2020, qui aurait déclaré que ni la Lituanie, ni ses dirigeants ne pouvaient être tenus pour responsables de leurs actes pendant la Shoah, le pays étant occupé à ce moment-là. Et dans un contexte de recrudescence des nationalismes dans toute l’Europe de l’Est, des rues, des écoles et des monuments ont reçu le nom de collaborateurs lituaniens.
Le gouvernement lituanien a déjà pris des initiatives visant à indemniser les victimes du génocide.
Il y a plus d’une décennie, le parlement avait approuvé une législation qui prévoyait d’allouer la somme de 36 millions d’euros à une fondation, la Good Will Foundation, finançant des projets au bénéfice de la population juive du pays. Des fonds qui avaient été considérés comme un dédommagement pour tous les biens communautaires qui avaient été saisis aux Juifs lituaniens sous l’occupation nazie.
« Ce paiement n’aura représenté qu’une valeur partielle de l’ensemble des biens », a expliqué la WJRO. Toutefois, « il a offert un argent très nécessaire pour soutenir la vie communautaire juive en Lituanie, pour restaurer plusieurs sites du patrimoine juif et il a permis d’offrir des sommes modestes aux survivants de la Shoah les plus défavorisés ».
Le nouveau projet de loi permettra aux survivants et à leurs familles de réclamer une indemnisation pour les biens qui leur avaient été confisqués et, selon une dépêche de l’Associated Press, les fonds contribueront à soutenir la Good Will Foundation.
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