Quelques "témoins" qui entonnent le même refrain.
Vidéo réalisée par des élèves journalistes, lors d'un voyage d'endoctrinement de médecins, d'étudiants en médecine et de lycéens à Auschwitz.
Ils étaient accompagnés par quatre "rescapés", dont Raphaël ISRAIL, président de l'Union des déportés d'Auschwitz et d'Anne HIDALGO, qui n'était pas à l'époque (28 mars 2012) maire de Paris.
On apprend à la seizième minute de ce "reportage" que chacun des "fours crématoires" (pour un total de cinq) des Krema II et III peut incinérer 1444 humains par jour.
Ce qui fait la bagatelle d'un corps toutes les cinq minutes.
Sachant que le très moderne crématorium du Père-Lachaise met quatre vingt-dix minutes pour incinérer un corps, il faut saluer cet exploit de la technique allemande !
Mais ce qui retient l'attention est une phrase prononcée par une "rescapée" à la deuxième minute de la vidéo qui raconte qu'on lui a répondu : "ici on rentre par la porte et on ne sort que par la cheminée".
On retrouve cette phrase plusieurs dizaines de fois dans la littérature concentrationnaire ou dans les "témoignages".
Voici un petit florilège qui laisse à penser que les SS avaient désigné dans chaque camp un "préposé à la plaisanterie de mauvais goût sur les Krema" mais surtout qui confirme qu'à force d'entendre les mêmes histoires, on finit par se les approprier.
L'interprète nous a dit : "Ici, on rentre par cette porte et on sort par la cheminée".
Entretien de Stéphanie Vignaud avec René Dupau, Mémoire d'un résistant déporté.
Ce qui s'est passé exactement ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'on sort par la cheminée
Ruth Webber, 1992, Us Holocaust Mémorial Museum.
http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_oi.php?Mediald=2736
Auschwitz : [...] On nous a dit : "Ici on entre par la porte, on sort par la cheminée".
Simone Lagrange, 25 mai 1987, Libération propos cité par Jean-Baptiste Harang.
(A notre arrivée) Nous eûmes droit à la harangue suivante : « Le travail c'est la liberté. Ici on rentre par la porte et on sort par la cheminée des fours crématoires ».
Georges Parouty, déporté à Mauthausen cité dans Le grand livre des témoins, p146.
La terrible sentence que dans tous les camps les S.S. se plaisaient à répéter à l'arrivée de chaque convoi a pris là sa lourde signification : « Ici on entre par la porte, on sort par la cheminée ».
Site de la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes.
C'est alors que je vis le four crématoire, à son entrée se lisait cette inscription : « Ici on entre par la porte et on sort par la cheminée ».
René Dumur, notre séjour au camp de Dachau, site de l'Association des déportés, internés et familles de disparus.
Puis, l'arrivée et le quotidien dans le camp de Ravensbrück, en se rappelant ce qui se disait à l'époque : « Ici, on entre par la porte, on sort par la cheminée ».
Marie-Jo Chombart de Lauwe, présidente de fondation pour la mémoire de la déportation et est directrice honoraire au CNRS, conférence pour les 70 ans de la libération à Lamballe.
Mais il ne nous a pas fallu vingt-quatre heures pour constater la réalité des chambres à gaz. Les S.S. n'en faisaient pas mystère. Ils disaient ouvertement : « Ici on entre par la grande porte et on sort par la cheminée »
Marie-Claude Vaillant-Couturier, propos recueillis par Arnaud Spire pour l'Humanité, 30 novembre 1993.
De son passage dans les camps de la mort, Charles Gottlieb n'a « rien oublié ». C'était le 11 août 1944. Arrêté à Lyon après deux années de résistance, le jeune juif a 18 ans quand il embarque dans l'avant-dernier convoi pour Auschwitz. « A mon arrivée, des déportés m'ont dit : Ici on rentre par la porte et on sort par la cheminée »
Propos recueillis par Aurélie Selvi pour 20 minutes, 20 février 2011.
Soixante-cinq ans après, l'octogénaire n'a pas oublié ce que les gardiens lui ont dit à son arrivée : « Ici on entre par la porte ; on sort par la cheminée. » Après un passage au camp de Bergen-Belsen où elle se souvient « avoir avoir souri à Anne Frank », elle sera « libérée par les Anglais le 15 avril 1945 » et retrouvera sa mère saine et sauve.
Sarah Montard, déportée à Auschwitz en 1944 dans le Parisien, publié le 11 mai 2009.
Ils apprennent que l'ex-institutrice est déportée dans les camps de Ravensbrück puis de Buchenwald. Elle évoque alors la vie de ces camps d'extermination où l'on entre par la porte, et l'on sort par la cheminée.
Yvette Lundy, l'Union l'Ardennais, 12 octobre 2011.
« On sort par la cheminée ».
C'est de cette manière qu'on avertit souvent les nouveaux arrivants dans tous les camps de concentration du destin qui les attend.
Annette Wieviorka, Auschwitz, la mémoire d'un lieu, 2005.