Ce dimanche à Nice, le président national du Conseil représentatif des institutions juives de France a dénoncé la montée des actes antisémites sur fond d’« islamo-gauchisme »
Le dîner annuel du CRIF du Sud-Est a rassemblé, hier soir, au Palais de la Méditerranée à Nice de nombreux convives. Devant les élus, dont l'invité d'honneur, Christian Estrosi, député-maire de Nice, président de la Métropole, et Eric Ciotti, président du conseil général, les acteurs économiques, représentants des cultes, membres de la communauté azuréenne, le président national du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman n'a pas caché son inquiétude face à la montée de l'antisémitisme.
Quel est l'état d'esprit de la communauté juive ?
Notre communauté est inquiète. Cet été, des événements très graves se sont déroulés en France. Avec des manifestations anti-israéliennes sur fond de guerre israélo-palestinienne relancée par l'enlèvement et l'assassinat de trois adolescents israéliens [en juin dernier, en Cisjordanie, ndlr]. Or ces manifestations ont été marquées par des dérives très inquiétantes. Pour la première fois, dans les rues de Paris, on a entendu des cris de « Mort aux Juifs ». Pour la communauté, tout cela est une source d'angoisse, dans un climat tendu.
Les actes antisémites ont-ils augmenté ?
Oui et là aussi de manière inquiétante. Durant les sept premiers mois de l'année, les actes antisémites en France ont progressé de 91 % par rapport à l'an dernier et pour la même période. Parmi eux, on note une très forte progression de violences physiques, ainsi que des attaques contre les synagogues. À Paris, huit synagogues ont été la cible d'attaques perpétrées par des bandes organisées.
Pour quelles raisons ?
À cause de l'islamo-gauchisme. L'extrême gauche a appelé à des manifestations antijuives. Et dans les rangs des manifestants, on a vu une très forte proportion de jeunes maghrébins et de casseurs. Ce phénomène n'est pas propre à notre pays, il est européen. En Allemagne, ce sont de jeunes Turcs qui se mobilisent, en Grande-Bretagne des Pakistanais et Afghans. En Belgique, c'est pire qu'en France, même si ici le climat est lourd. Nous vivons avec le souvenir sanglant de Mohamed Merah [djihadiste toulousain qui, en mars 2012, a assassiné sept personnes dont trois enfants juifs, ndlr], l'attaque du Musée juif de Bruxelles et aussi la perspective de voir revenir, dans notre pays, 900 à 1.000 djihadistes. Alors, la loi antiterrorisme est une bonne mesure. Tout ce qui peut combattre le terrorisme me paraît nécessaire.
Les effets de ce climat antisémite ?
Les départs de familles juives de France dont le nombre ne cesse de s'accroître. En 2012, moins de 2 000 familles sont parties pour s'installer en Israël ; 3.000 en 2013. Cette année, 5.000 familles feront leur alya. Ce qui pour le Premier ministre, Manuel Valls, que j'ai rencontré, constitue un drame. Pour lui, « sans les juifs, la France n'est plus la France ».
Que faut-il faire pour l'enrayer ?
Cela passe par l'éducation. Pas seulement des enfants, mais des parents qu'il faut aussi rééduquer. Par le devoir de mémoire à réactiver.
Il faut mobiliser les syndicats pour qu'ils s'impliquent sur le concept de « vivre ensemble ».
Créer un ministère contre le racisme et l'antisémitisme puisque le comité interministériel ne fait rien. La lutte contre ce fléau doit devenir une cause nationale. Depuis deux mille ans, notre communauté est implantée en France. Depuis 1791, elle possède la nationalité française et on veut nous traiter comme si nous étions des étrangers en notre pays. Tout cela est insupportable.
http://www.nicematin.com/societe/consei ... 13438.html