Fusillade au Musée juif de Bruxelles

Moderator: Moderator

User avatar
phdnm
Valuable asset
Valuable asset
Posts: 4533
Joined: Tue Jun 05, 2012 12:11 pm

Fusillade au Musée juif de Bruxelles

Postby phdnm » 9 years 2 weeks ago (Sat May 24, 2014 4:22 pm)

On profite de cette fusillade pour nous en remettre une couche avec l'antisémitisme, la tolérance, sans oublier naturellement : la shoah ... les "pauvres" juifs :roll:


En avril, la communauté juive avait rappelé au monde politique les dangers de l’antisémitisme

24 mai 2014

Le discours de Maurice Sosnowki, Président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique.

En avril dernier, lors du dîner annuel du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, le Président du CCOJB Maurice Sosnowki prononçait un discours devant de nombreux responsables politiques, à Bruxelles. Il y traduisait les craintes de la communauté juive face à l’antisémitisme et à la violence. Presque septante ans après la découverte des camps de concentration nazis, 25 ans après l’attentat qui devait coûter la vie au docteur Wybran à Bruxelles en 1989, et plus récemment après les tueries proférées par Mohammed Merah à Toulouse et Montauban en 2012, ce discours traduit le sentiment de la communauté. Au bas de la retranscription du discours de Maurice Sosnowski, on trouve la réponse du Premier ministre Elio Di Rupo, présent lors de ce dîner.

À l’occasion du dîner annuel du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) organisé le 1er avril à Bruxelles, Maurice Sosnowski, président du CCOJB, et le Premier ministre Elio Di Rupo ont prononcé chacun un discours que nous reproduisons intégralement.

Le Président du CCOJB a notamment formulé trois requêtes précises concernant la reconnaissance du statut de déporté racial ainsi que celui d’orphelin de la Shoah n’ayant pas la nationalité belge en 1940, l’introduction d’un cours d’éducation à la tolérance dans les écoles dès l’âge de 6 ans et l’opposition au classement sans suite de l’affaire de l’assassinat de Jo Wybran.

Le Discours de Maurice Sosnowski, président du CCOJB

« Il faut le reconnaître officiellement : nos autorités ont mené avec l’occupant allemand dans des domaines cruciaux une collaboration indigne ; indigne d’une démocratie, indigne de nos valeurs fondamentales.

En tant que Premier Ministre du Gouvernement belge, je présente les excuses de la Belgique à la communauté juive, même si les comportements de l’époque sont inexcusables.


Monsieur le Premier ministre, en prononçant ces paroles le 9 septembre 2012, à Malines, à l’occasion du pèlerinage annuel face à l’ancien camp d’internement des Juifs, devant notre futur roi, vous avez su trouver les mots justes pour prononcer les paroles de vérité que les rescapés de la Shoah en Belgique attendaient depuis 70 ans.

Je veux ici au nom du CCOJB vous dire notre gratitude pour cela, à vous et à l’ensemble de l’État belge que vous représentez et que vous avez ainsi engagé.

Pourtant aujourd’hui encore de nombreux citoyens belges, Juifs rescapés de la Shoah, se voient refuser la reconnaissance de leur invalidité consécutive aux persécutions dont ils ont été victimes, aux motifs que, n’étant pas belges en 1940, ils ne le sont devenus qu’après 1960 ou que depuis la fin de la guerre ils ont momentanément quitté le pays.

Alors que vous aviez demandé au Sénat je cite « d’étudier la possibilité de reconnaissance du statut de déporté racial ainsi que celui d’orphelin de la Shoah » aucune suite législative n’a été réservée à votre proposition. Je me permets de vous demander Monsieur le Premier Ministre de plaider cette cause en urgence auprès de vos partenaires afin de rendre justice aux derniers rescapés. Car le temps presse surtout pour eux.

Le CCOJB est une institution exceptionnelle dans le paysage politique belge parce qu’elle est l’expression d’une volonté à la fois communautaire et citoyenne. Le pari du CCOJB est de proposer à la société belge dont il est partie intégrante, une « lecture juive » des concepts de paix, de justice et de tolérance avec l’Homme au centre de nos préoccupations. Lors de notre dernier dîner j’avais demandé à Monsieur Leterme votre prédécesseur d’engager le gouvernement dans le seul véritable enjeu : L’éducation. L’Education sera au centre de mon discours. Car un spectre hante l’Europe, le spectre de la haine. Avec toujours la même cible Juifs, noirs, musulmans, Roms, homosexuels… ne sont que la seule et même figure de « l’autre », cet être honni au seul motif qu’il est « différent ».

Quand des partis d’extrême droite s’épanouissent aux 4 coins de l’Europe c’est la haine de nos démocraties qu’on entend. Quand des salles entières, rigolent aux propos VOMITIFS d’un ancien humoriste, ou se délectent des délires d’un élu de raccord à la chambre c’est la Haine de l’autre qui est à l’œuvre. La haine, Cancer de notre société. Posons-nous la question. Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à invoquer la liberté d’expression pour défendre la liberté de haïr ? La liberté d’expression est un bien précieux. Elle ne peut pas être, la liberté d’appeler à la haine. Cette Haine ne nait pas du néant, elle ne se nourrit pas d’elle-même, elle est stimulée et elle se transmet, aujourd’hui sur internet. Internet véhicule en toute impunité, la promotion de la haine, du fanatisme et de l’endoctrinement. Une régulation de ce fantastique outil est urgente. Et c’est impératif. Madame la Ministre de l’Intérieur connait ma détermination sur ce sujet, nous en discutons avec ses représentants et ceux du Ministère de la justice, mais c’est toute la société civile, opérateurs et médias compris qui doit intervenir. Internet est un lieu où les lois contre le racisme et l‘antisémitisme ont semble-t-il du mal à s’appliquer. Pourtant, comme le rappelait mon collègue du CRIF, cela doit être possible puisque les opérateurs d’internet ont réussis à s’opposer à un autre cancer, celui de la pédophilie. Ceci est ma première requête.

Nous, citoyens belges juifs nous sommes meurtris, par cette haine qui divise la société belge. Comme elle a divisé l’Europe. Les projections du scrutin européen indique près de 25 % de sièges, plus qu’une minorité de blocage, à ceux qui pensent à détruire plutôt qu’à construire l’Europe. Mon ami Richard Laub ici présent nous rappelle que le projet européen s’est notamment construit autour de l’idée que la notion de race soit définitivement bannie de notre continent et que l’espèce humaine soit célébrée dans sa diversité ethnique, linguistique, religieuse, philosophique et culturelle. L’Europe nous importe. Une partie de nos ancêtres l’ont, malgré eux, sillonnée pendant deux millénaires, Européens avant l’heure et parfois sans le savoir. Une Europe en crise nous inquiète, car nous savons que les crises ne se limitent pas à l‘économie. Il y avait 1 % de juifs dans l’Allemagne en crise d’avant-guerre. L’hystérie antijuive d’Hitler a couté la vie à 6000.0000 d’individus.

Certes, les évènements sont par nature uniques ; et le passé ne se répète jamais à l’identique. Mais selon la formule célèbre du philosophe George Santayana que j’aime à répéter « Ceux qui ne peuvent pas se rappeler le passé sont condamnés à le répéter ».

Monsieur le Premier Ministre, je vous demande et ce sera ma 2ème requête, d’introduire très tôt, dès l’âge de six ans, l’enseignement du respect de l’autre et de l’acceptation des différences. Comme le fait le programme du CCLJ, « la Haine je dis non ». Fantastique initiative de notre communauté, soutenue par les pouvoirs publics mais qui touche moins de 10 % des élèves.

Il faut également soutenir les enseignants, qui ont une responsabilité immense et qui sont trop souvent empêchés d’exercer leur métier lorsqu’ils abordent des sujets tels que la Shoah.

Car s’il est important que chaque année à Malines nous nous souvenions et que nous y commémorions « le plus jamais çà », nous devons et, il y a urgence pouvoir enseigner les mécanismes qui ont amené l’humanité dans les ténèbres.


Je tiens à féliciter ici Jonathan Delathouwer et toute son équipe de l’UEJB qui vont se lancer dans ce programme éducatif sur nos campus universitaires. Jonathan tu sais que tu peux compter sur notre soutien et j’en suis convaincu sur celui des autorités universitaires.

Monsieur le Premier Ministre trouvez vous normal qu’à Anvers, les orthodoxes juifs soient agressés, qu’à Bruxelles le porteur d’un signe distinctif tel qu’une kippa ou une étoile de David, n’ose plus prendre le métro de peur d’être agressé et que la gangrène raciste atteigne les préaux des écoles où le mot juif est devenu une insulte. Je suis issu de l’école publique et j’en suis fier, mais aujourd’hui je conduis mes enfants dans une école juive. Trouvez-vous normal, que devant les écoles, synagogues, centre culturels, lors de fêtes juives, des gardes privés avec la police en soutien assurent la sécurité des présents. Et que contrairement à ce qui se passe dans les pays voisins, c’est notre communauté et non l’État qui assure les frais de l’organisation de la sécurité de ses citoyens ? Enfin et surtout, pouvez-vous me dire quand viendra le jour où je pourrai conduire mes enfants à l’école, sans apercevoir les gardes privés et la police assurer leur sécurité.

Ceci m’amène à vous parler de ce qui m’inquiète, de ce qui nous inquiète !

Je me targue d’être un humaniste. Le médecin, l’enseignant, jusqu’au président du CCOJB tout dans ma vie est tourné vers l’autre. Comme l’était mon beau-frère le Dr Jo Wybran assassiné il y a 25 ans sur le parking de l’hôpital Erasme. En Belgique les enquêtes n’ont pas abouti.

Belliraj l’un des assassins, a été arrêté au Maroc. Belgo-marocain de nationalité il a déclaré appartenir à l’organisation terroriste Abu Nidal et avoir constitué en Belgique une équipe de quelques personnes pour tuer notamment des juifs. Que le Dr Wybran avait été exécuté (ce sont ses mots) parce qu’il était juif et président du CCOJB. Il s’agit donc du premier meurtre antisémite ciblé depuis la guerre. Belliraj a avoué être informateur de la Sureté de l’État chargé d’informer sur les groupements terroristes.

En juin l’assassinat du Dr Wybran et des 5 autres personnes reviendra devant la justice belge. Le CCOJB intervient dans le procès aux côtés de la veuve du Dr Wybran, ma sœur que je salue au passage et félicite pour sa détermination dans la recherche de la vérité. Aujourd’hui le parquet fédéral chargé de la lutte contre le terrorisme fait tout pour enterrer l’affaire. Il demande purement et simplement le classement des dossiers parce que les assassins seraient inconnus. Pas de débat, pas de procès, un mensonge et un déni en guise de vérité judiciaire. La raison d’État ? Nous nous insurgeons à cette idée. Les assassins sont connus. Certains sont peut-être encore en Belgique. Nous refusons le déni et nous demandons justice.

L’idéologie de Belliraj (ou de Belkacem) est l’islamisme radical, rien à voir avec le Coran. Une religion peut être admirée elle doit pouvoir être attaquée quand elle s’éloigne de l’amour du prochain, qu’elle insulte, humilie, agresse et tue. Nier qu’une religion puisse être meurtrière est absurde l’Histoire l’a suffisamment illustré. Monsieur le Premier Ministre le rejet du Racisme est un des sentiments les plus forts qui m’habite. Mais le racisme ce n’est pas quand on attaque l’islam, le judaïsme, le christianisme ou l’athéisme. C’est quand on attaque le musulman parce qu’il est musulman, le juif parce qu’il est juif, le chrétien parce qu’il est chrétien, l’athée parce qu’il est athée.

En Belgique, les juifs ne sont pas discriminés, alors que les musulmans le sont.

Mais ce que l’on nomme l’islamophobie est un de ces mots toxiques qui veut faire de l’Islam un objet inaccessible à la critique. Au mépris de la démocratie il interdit, dès lors qu’il s’agit de l’islam, qu’on interroge les conséquences de l’emprise de la religion sur la société et la politique.

Théodore Verhaegen celui qui a pensé notre Université, n’était pas catholiquophobe, et pour cause, il était catholique. Il a seulement exigé le droit de pouvoir vivre en accord avec sa conscience sans se plier aux règles du droit canon. A l’instar de Verhaegen face à l’église catholique, beaucoup de musulmans refusent de renoncer au Libre examen en cédant aux injonctions des islamistes. Ces musulmans sont les premières victimes de l’islamisme radical. Leur sort ne s’améliorera pas plus que celui de tous les autres démocrates si nous ne réagissons pas ensemble contre cet intégrisme.

Je m’adresse maintenant à tous les hommes et femmes politiques ici présents, permettez-moi de vous dire (et je ne suis pas le seul a le penser) que le prochain gouvernement devra parler d’une voix bien plus ferme sur ce sujet. Les peuples libres ne sont jamais des peuples faibles disait récemment le Président Français François Hollande. Monsieur le Premier Ministre, nous sommes tous les 2 fils d’immigrés. Votre père a travaillé à la mine en Belgique et l’on sait ce que cela signifie en termes de labeur et de souffrances. Mais vous êtes aujourd’hui le Premier Ministre du pays qui a accueilli vos parents. Ce pays a également ouvert les bras à mon père rescapé d’Auschwitz venu sans famille et les mains vides. La Belgique a donné à mes parents la liberté, le travail et l’aisance suffisante pour que je puisse étudier et devenir ce que je suis. Alors Monsieur le Premier Ministre, c’est peu dire que j’aime la Belgique. Nous sommes tous les deux la preuve vivante qu’en Belgique tout est possible pour quiconque. Encore faut-il respecter la loi et la liberté, fondements de notre constitution. Je demande donc aux forces musulmanes progressistes, et il y en a ici, de travailler avec nous à renforcer cette Belgique que nous aimons et dénoncer celle qui nous menace et inquiète.

Le CCOJB parle au nom de Juifs de Belgique, au nom d’un fragment des Juifs d’Europe. Dans une publication à paraitre sur l’antisémitisme, Joël Kotek rappelle qu’au XIV siècle les juifs du Tournaisi ont été accusés d’avoir transmis la peste, et brûlés vifs. Vous le savez, la peste est transmise par les rats, la propagande nazie dira donc que les juifs sont des rats et comme ils transmettent la peste il faut les tuer. Les juifs sont convertis ou condamnés à l’exil. Le juif est devenu superflu. Comme partout ailleurs en Europe. Cette période ne prendra fin qu’au 18e siècle par l’émancipation des juifs et l’invention de la laïcité. Jusqu’à F. Englert notre dernier Prix Nobel des générations entières de Belges Juifs ou de Juifs belges ont contribué au rayonnement de notre pays. Quelques uns d’entre eux ont leur biographie sur vos tables et dans le programme. Et puisque nous commémorons le centième anniversaire de la première guerre mondiale, je vous invite à lire les biographies de contemporains tel Emile Bernheim, Isidore Gunzburg ou le Général Wiener, qui prouvent si besoin en est que beaucoup de juifs ont été du côté de l’Universel et des lumières.

Vous l’avez compris, je suis fier de faire partie de ce petit peuple trop souvent honni, banni, considéré comme superflu alors qu’il faisait partie du corps de la nation et qu’avec la mosaïque des autres groupes il en assurait son équilibre. En offrant aux descendants des sépharades expulsés un passeport espagnol, l’Espagne nous montre qu’elle a compris que ce petit peuple lui manque. Ce petit peuple a un centre historique et spirituel : Israël. Fier d’être belge et juif, je suis fier d’être sioniste. Le sionisme c’est le mouvement de libération nationale du peuple juif. Monsieur le Premier Ministre je suis sioniste comme l’écrasante majorité des juifs belges. Et je suis fier des réalisations artistiques, technologiques scientifiques d’Israël. Par rapport au PIB leur investissement en recherche est 2 fois plus important que le nôtre. Ainsi, je suis fier quand le Président de l’Institut Weizmann m’indique que les rentrées des brevets de l’Institut équivalent à ceux de Stanford, Harvard, MIT réunies, soit le top 3 des Universités dans le monde et qu’il me propose des échanges interuniversitaires. Mais je suis honteux de lui répondre qu’un mouvement de boycott académique d’Israël animé par l’extrême gauche et la petite minorité de juifs sévit sur nos campus et qu’ils empêcheront par tous les moyens, ce type de développement. Les premiers ont une Haine viscérale d’Israël. Les seconds une idée si élevée de ce que devrait être un état juif qu’ils sont prêts à le voir disparaître s’il ne se conforme pas à leurs standards moraux suicidaires. J’aurais aimé m’adresser à eux mais c’est impossible. Aujourd’hui j’ai la chance de m’adresser aux journalistes et responsables media ici présents. Quand en évoquant les droits de l’Homme on s’attarde sur le quotidien de la famille d’un terroriste emprisonné en Israël, sans mentionner cet étudiant palestinien qui lors d’une réunion de Boycott israélien à Bethleem, s’est vu fracturer les jambes par le service d’ordre parce qu’il dénonçait la corruption et les droits de l’Homme à Gaza. Quand on oublie de parler des soins et abris apportés gratuitement par Israël aux victimes du boucher de Damas pour ne parler que des terres du Golan occupées par Israël. Ou quand un membre de la famille royale plante, à titre privé, un arbre dans une forêt israélienne et que c’est toute l’œuvre du KKL qui est diabolisée sur les 3 premières pages d’un quotidien bruxellois, comme s’il s’agissait d’un Tsunami. Je dis qu’il y a un risque. Oui, Il y a un risque pour la pluralité d’expression, quand la bonne conscience prend le pas sur l’information et qu’on écarte l’opinion non conforme sous prétexte qu’elle est illégitime.

Comprenez moi bien, je ne dis pas que la politique du gouvernement israélien n’est pas critiquable, ce que je dis, c’est qu’un regard déséquilibré ne fait que réactiver les animosités. Ceux qui liront ou entendront plus souvent un reportage équilibré sur Israël, accepteront mieux un reportage équilibré sur la Palestine. Pour qu’il y ait deux états pour deux peuples il faut dire la vérité sur chacun de ces peuples.

Monsieur le Premier Ministre, je tiens à vous remercier pour votre présence malgré l’agenda d’un Premier Ministre complété de celui d’un chef de parti en campagne. Le CCOJB existe depuis 42 ans. Je me félicite du dialogue franc et respectueux qui a toujours prévalu entre les autorités politiques du pays et le CCOJB. Au prochain dîner c’est mon successeur qui s’adressera à cette assemblée. Il n’aura pas la tâche facile, parce que les derniers sondages montrent notre communauté inquiète, très inquiète et sur le qui-vive. Je peux néanmoins vous assurer qu’il continuera à exprimer comme moi notre amour de la Belgique. Nous aimons notre pays, qui ne manque pas de défaut, parce qu’il est une démocratie, parce qu’il dispose donc de l’atout indispensable à s’améliorer, on peut y rêver l’avenir. Nous aimons Israël, pour les mêmes raisons. Monsieur le Premier Ministre, nous sommes un Peuple de rêveurs éveillés, c’est ce qui nous a permis de traverser les épreuves. »


L’allocution d’Elio Di Rupo qui répond à Maurice Sosnowski

« Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre invitation. Chaque fois, votre accueil chaleureux me réjouit et fait de ce rendez-vous un moment privilégié. Chaque fois, j’apprécie la qualité de vos réflexions et la hauteur des vues qui sont exposées.

A cet égard, je vous remercie, Monsieur le Président, pour la force et la franchise de votre discours. Ceci vous honore et j’en profite pour saluer le travail que vous réalisez depuis 2010 à la tête du CCOJB.

C’est avec beacucoup d’émotion que je vous délivre ce soir un message de solidarité. Emotion, parce qu’en tant que Premier ministre, j’ai conscience de la responsabilité particulière que notre pays a contractée à l’égard de ses citoyens juifs.

J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer devant nombre d’entre vous la responsabilité de l’État belge dans la déportation des Juifs vers les camps de la mort. Au nom de notre pays, je vous ai présenté nos excuses.

Ces évènements nous engagent, nous les autorités belges. Ils ont fait naître un devoir. Celui de ne plus faillir. Je suis pleinement conscient de cette responsabilité particulière. La Belgique est votre pays. Vous êtes ses enfants. Et c’est notre devoir de veiller à ce que votre vie y soit paisible et épanouie. En tout temps !

Si je suis ému, c’est aussi en raison de mon propre parcours. Comme l’a rappelé votre président, Ma famille est issue de l’immigration. À l’instar d’une partie importante de la communauté juive. Certaines de vos familles sont là depuis des siècles, d’autres depuis quelques décennies seulement. Ils nous ont montré la voie d’une immigration réussie. Ils ont parfois dû essuyer les plâtres, mais ils nous ont indiqué le chemin de l’espoir et de l’intégration. Ils sont en quelque sorte nos grands frères. Fort heureusement, aujourd’hui, nous sommes tous des concitoyens, égaux en droits et en devoirs, quelle que soit notre origine, religion ou culture.

Si, ce soir, mon message est un message de fraternité, il est aussi un message de vigilance et de fermeté. La rapidité des mutations de notre société provoque des lézardes dans la maison commune. Et de ces lézardes, s’échappent parfois des odeurs nauséabondes.

L’antisémitisme, c’est une évidence, fait partie de ces émanations odieuses que nous n’avons pas le droit d’ignorer. Vous l’avez dit, Monsieur le Président, et je ne peux qu’approuver votre propos avec tristesse. Autour des écoles et des synagogues, sur la voie publique en général, l’insouciance n’est pas toujours de mise. La prudence est encore trop souvent la règle dans votre quotidien, dans vos activités. Révéler sa qualité de Juif, c’est parfois prendre un risque. Ce qui est inadmissible ! On se pince pour y croire, plus de 70 ans après la Shoah. Mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce constat désolant.

Nous devons même les ouvrir tout grand. Nous devons identifier le mal et le prendre à sa racine. Nous devons apporter les réponses fortes que commandent notre État de droit et nos valeurs démocratiques.

Il est clair que la société du mélange, la société interculturelle, est autant porteuse de progrès que de défis à relever. On n’imagine pas de revenir à la Belgique des années 50, monochrome et encore fermée sur elle-même. Les échanges ont permis à notre société de s’ouvrir et d’évoluer, dans d’innombrables domaines. Ces échanges lui ont apporté une jeunesse nouvelle et ils ont fait de notre pays une terre de créativité, avec un bouillonnement culturel qui fait notre richesse. Vous y avez largement contribué.

Malgré ces avancées, des difficultés demeurent. Je ne veux pas, et vous non plus, d’une Belgique constituée de microsociétés qui se confronteraient sans jamais partager une citoyenneté commune. Notre plus grand défi est de réussir à rassembler dans une seule et même communauté de vie en harmonie des personnes et des groupes issus du monde entier. Ce projet n’est pas utopique. Il peut et doit réussir.

Pour cela, nous devons mobiliser ce que nous avons de meilleur en nous et chez nous. Je pense bien évidemment à nos valeurs démocratiques. Les générations actuelles, singulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale, ont été bercées par les idées d’égalité, de tolérance et de droit à la différence. L’immense majorité de nos citoyens rejettent aujourd’hui l’antisémitisme, le racisme et la discrimination. C’est sur cette base que nous devons travailler et bâtir l’avenir.

Nous vivons dans un État de droit. L’État et la loi sont là pour garantir nos valeurs démocratiques et vous protéger. Il faut le rappeler : nos lois interdisent et sanctionnent l’antisémitisme, le racisme et les discriminations.

Je pense aussi à l’école. Notre école démocratique est le lieu par excellence où les jeunes se retrouvent à égalité, nourris des mêmes enseignements et des mêmes règles de vie. Pour cette raison, nous devons rejeter toute idée de ségrégation scolaire. Nous devons aussi transmettre la même Histoire, des valeurs et des règles de vie communes.

A cet égard, je réaffirme une fois encore l’absolue nécessité d’enseigner la Shoah dans nos écoles. Cette Histoire est la nôtre, et nous devons tous l’assumer collectivement. C’est en Belgique, notamment, qu’ont eu lieu des rafles et des déportations. C’est chez nous que des étoiles jaunes ont été portées, que des registres de Juifs ont été ouverts, que des crimes raciaux ont été commis. Celui qui nie ces faits, celui qui nie le génocide ou tente de minimiser cette barbarie, doit savoir – et je le dis en tant que Premier ministre – qu’il se met au ban de notre société. Plus que jamais, nous devons poursuivre et renforcer le travail de mémoire.

Je tiens à cet égard à saluer l’excellent projet du « Train des Mille », qui permet à 1.000 jeunes de visiter le camp d’Auschwitz-Birkenau. J’ai moi-même accompagné ces étudiants en 2012 et je peux vous dire combien ce voyage les a marqués.

Je pense enfin, pour résoudre les problèmes du « vivre-ensemble », à la question de l’émancipation sociale. Que l’on se comprenne bien. Jamais la pauvreté ne pourra servir d’alibi au racisme et à l’antisémitisme. Jamais le chômage ou la précarité ne pourront fournir des circonstances atténuantes à un agresseur. Jamais la frustration sociale ne pourra justifier que l’on pousse des cris haineux dans des stades, que l’on insulte les juifs dans la rue ou que l’on profane des mosquées.

Mais reconnaissons-le, chaque fois que nous faisons progresser les conditions de vie d’une personne, nous réduisons le risque de la voir sombrer dans la haine ou la recherche d’un bouc émissaire.

Malgré les difficultés, notre pays résiste beaucoup mieux à la crise que bon nombre de pays européens. Nous n’avons pas, en Belgique, des banlieues qui s’embrasent. Ceci est notamment dû à notre système social particulièrement efficace. Là où l’État est nécessaire, il se montre présent et très actif. Nos services publics, nos services sociaux, nos dispositifs de lutte contre la pauvreté, notre police de proximité, et bien sûr notre Sécurité sociale, sont d’extraordinaires remèdes contre l’exclusion et la frustration.

Dans une période d’extraordinaires mutations comme la nôtre, il est essentiel d’intégrer chacun et d’y mettre les moyens. À cet égard, la préservation d’un modèle de société solidaire, avec une Sécurité sociale forte, des services publics comme l’école, qui émancipent, donnent un métier et forment des citoyens, est vitale.

Bien sûr, les défis restent nombreux. Je pense notamment aux trop nombreuses personnes dans la précarité et aux trop nombreuses personnes qui cherchent un emploi.

J’ouvre ici une parenthèse. Même si ce point ne figurait pas dans l’accord de Gouvernement, j’ai invité le Sénat, lors de mon discours à Malines en septembre 2012, à débattre dès que possible de la proposition de résolution relative à la responsabilité de l’État belge. Cette proposition traitait également de la question du dédommagement des victimes de la Shoah.

Le 24 janvier, le Sénat adoptait la résolution. Mon collègue le Ministre de la Défense a pris cette problématique à cœur. Fin novembre 2013, le Conseil des invalides et victimes de guerre a répondu à sa requête, en proposant enfin d’assouplir les conditions de nationalité et de résidence. Il s’agirait donc de remplacer la condition de résidence ininterrompue par une condition de résidence au moment de la guerre, et l’obtention de la nationalité belge à la date du 1erjanvier 2013 au lieu du 1er janvier 1960.

Je suis conscient que le dossier n’a que trop traîné. Mais nous avançons enfin, avec votre soutien. La décision du Conseil supérieur est un pas important. Elle doit maintenant être concrétisée. Les prochaines élections ne peuvent constituer une excuse ou un prétexte pour prendre encore du retard. Quelle que sera ma qualité lors de la confection du prochain budget de l’État, j’y prêterai une attention toute particulière, je peux vous l’assurer. Je referme la parenthèse.

La Belgique est un pays formidable. Un pays construit, notamment, par de nombreuses générations de citoyens de confession ou de culture juive. D’immigration lointaine ou plus récente, les Juifs n’ont cessé de contribuer au développement et au rayonnement de notre pays. Je ne vais pas faire ici la très longue liste des apports dont votre communauté a enrichi notre patrimoine.

Qu’il s’agisse de médecine, de recherche scientifique, d’économie, de culture ou d’enseignement, les Juifs de Belgique aident inlassablement notre pays à progresser. Je veux saluer cette contribution. Vous avez su trouver l’équilibre complexe, subtil, entre l’appartenance citoyenne et la fidélité aux racines propres à chacun. Ce faisant, vous avez permis aux générations successives de Juifs belges de donner la pleine mesure de leurs talents et de s’épanouir dans leurs identités multiples. Ce parcours, je le souhaite à tous les citoyens venus rejoindre notre pays.

Plus que jamais, nous devons mettre en valeur toutes les réussites de notre société interculturelle. Et plus que jamais aussi, nous devons nous rassembler lorsque cela s’avère nécessaire. Lorsque nos valeurs sont menacées. Lorsque des personnes sont discriminées. Il faut répéter et répéter ce message, sans jamais se lasser, sans jamais renoncer.

Quand une personne se fait agresser ou discriminer à cause de son origine, de sa couleur de peau, de ses convictions philosophiques ou de ses choix de vie, c’est la société tout entière qui est agressée. C’est la société tout entière qui est bafouée. C’est l’ensemble des citoyens qui voient leurs droits se réduire.

Pour conclure, je voudrais rendre hommage à une grande dame qui nous a quittés la semaine dernière, à l’âge de 93 ans. Il s’agit évidemment de Régine Beer. Cette Anversoise qui fut arrêtée lors de la Seconde Guerre mondiale. Détenue à la Caserne Dossin de Malines et ensuite déportée à Auschwitz. Ayant survécu à cette épreuve, elle témoigna pour raconter son histoire devant des milliers d’élèves dans les écoles. Des dizaines de milliers d’entre eux ont eu la chance de l’entendre. Ils n’oublieront jamais son récit. Et surtout, ils ont été marqués à jamais par sa force de conviction. Elle leur a transmis son refus absolu du racisme, de l’antisémitisme et de l’intolérance. Elle les a vaccinés contre la haine et la folie des hommes.

Ce sont des personnes comme Régine Beer qui nous tirent collectivement vers le haut. Nous devons reprendre le flambeau magnifique qu’elles nous ont légué. Et faire plus que jamais de la Belgique. Celui de citoyens éveillés, libres et égaux.

Je vous remercie de votre attention.

Mercredi 2 avril 2014 »


http://www.lesoir.be/553549/article/act ... ntisemitis



Le Musée Juif, un «espace de tradition et d’ouverture

Depuis une trentaine d’années, le Musée Juif de Belgique présente l’histoire, la culture et la religion juives. Dans une optique volontairement orientée vers le dialogue.

Le Musée Juif se présente comme un « espace de tradition et d’ouverture qui se veut accessible à tous les publics ». Détails des deux versants.

Tradition : lieu de découverte et de mémoire

Installé depuis une trentaine d’années dans le quartier historique du Sablon, le Musée propose une exposition permanente, permettant au grand public de (re)découvrir l’histoire des Juifs dans nos régions depuis le Moyen Âge à nos jours. L’exposition est conçue comme un sentier de découverte. « Le parcours évoque l’histoire d’une communauté en s’appuyant notamment sur des récits de vie. Il présente et explique le culte et les objets rituels, la très riche symbolique juive et les principaux rites de passage : naissance, circoncision, bar mitzvah, mariage, décès. »

Les acquisitions de l’organisme sont impressionnantes : 750 objets de culte, 1.250 œuvres d’art, 20.000 photos, 5.000 affiches, des enregistrements audio et plus de 25.000 ouvrages. Elles proviennent de nombreux dons et de divers dépôts, comme ceux du Consistoire Central Israélite de Belgique et des communautés juives du pays.

Le Musée organise aussi des excursions pour découvrir les traces juives dans des villes comme Bruxelles ou Anvers. Notons encore qu’une salle est spécialement consacrée à la Shoah, « pour répondre aux attentes des visiteurs et en mémoire de toutes les victimes de la haine raciale et de la barbarie suscitée par les nazis et leurs complices ».

L’institution participe également à des chantiers de restauration de cimetières juifs. Ces sessions sont organisées en collaboration avec l’association « Aktion Sühnezeichen Friedensdienste » (ASF), une organisation protestante allemande, engagée depuis 1958 dans divers projets en faveur des victimes du nazisme.

Ouverture : des artistes invitant au dialogue

Le Musée Juif expose régulièrement des expositions temporaires, qu’elles soient culturelles ou historiques. Dans une optique volontairement ouverte et orientée vers le dialogue… Et pour preuve : après quelques clics que le site, on découvre deux expositions à venir. Le bâtiment accueillera bientôt les clichés d’Adi Nes, un artiste de Tel Aviv mettant en scène l’homosexualité et l’identité masculine, mais aussi l’œuvre du Français d’origine marocaine Mehdi-Georges Lahlou, qui fait dialoguer cultures arabo-musulmane et judéo-chrétienne.


http://www.lesoir.be/553575/article/act ... -ouverture

User avatar
phdnm
Valuable asset
Valuable asset
Posts: 4533
Joined: Tue Jun 05, 2012 12:11 pm

Re: Fusillade au Musée juif de Bruxelles

Postby phdnm » 9 years 1 week ago (Mon May 26, 2014 8:25 am)

Image


"Une renaissance de l'antisémitisme"(Badinter)

Invité ce matin à Europe 1, l'ancien garde des Sceaux, Robert Badinter, est revenu sur le crime commis dans le musée juif de Bruxelles hier. "Il est évident que c'est un crime d'inspiration antisémite", a-t-il déclaré.

"C'est vrai que nous assistons à une renaissance de l'antisémitisme, le nombre de violences et d'insultes antisémites n'a cessé de croitre dans les dernières années, alors c'est d'abord l'éducation, l'école, ne rien laisser passer, ne rien tolérer dans les classes dans lesquelles on refuse d'écouter l'enseignement de la Shoah.

Et dans les familles, j'insiste sur ce point : rien ne doit être complaisance, ricanement, on raconte une bonne blague entre guillemets antisémite : jamais on ne doit passer cela ! [COLOR="Red"]On sait où cela mène ![/COLOR] C'est le devoir à la fois des familles, de l'Enseignement, et des autorités républicaines
."


'Une renaissance de l'antisémitisme'(Badinter)


Return to “Forum Révisionniste en Français”

Who is online

Users browsing this forum: No registered users and 4 guests