L'aventure révisionniste continuera
Hier soir, j'ai terminé les dernières corrections de mon nouveau livre sur Oradour.Alors que je terminais le travail, je me suis souvenu comment tout avait commencé: un soir de 1990, lorsque je conversais avec un ami national-socialiste un peu plus âgé que moi. Il admirait la SS. Je lui répondis : "Mais tes SS, ils ont massacré les gens d'Oradour." En guise de réponse, il me présenta deux brochures révisionnistes sur le drame. J'ignorais que, sur le sujet aussi, des gens contestaient.
L'affaire me passionna et les mois suivants, je consultais tous les ouvrages et les journaux que la bibliothèque municipale de Caen possédait sur la question.
Au printemps, je décidai de mener ma propre enquête, en commençant par me rendre sur les lieux pour les inspecter et contacter, sur place, les survivants dont j'avais trouvé le numéro de téléphone dans l'annuaire.
J’avais alors 21 ans et ne disposais d’aucun moyen, mais j’étais résolu.
Début août, je partis pour Oradour. Dans mon sac à dos, j'emportais ma tente, un drap, un oreiller, un bol, une cuiller, un petit cahier et un stylo. J'y ajoutais un mètre pliant, un vieil Instamatic Kodak et un enregistreur audio récupérés dans les affaires parentales remisées au grenier.
C'était un samedi matin. J'avais pris un ticket de train pour Limoges, sans savoir comment, de là, je me rendrai à Oradour. Bref, la désorganisation totale. Au contrôleur, je demandai comment me rendre ensuite à Oradour. Il me dit que le samedi soir, je ne trouverais aucun transport en commun. Il me conseilla de descendre à Nantiat et d'y dormir au camping. C'était à 20km d'Oradour.
Le petit camping campagnard était merveilleux, avec une mare et des enfants qui jouaient autour. Je me souviens que, dans sa caravane, un couple regardait "Fort Boyard" (j'avais reconnu la musique).
Le lendemain au petit matin, muni d'une carte achetée au camping, je partis pour 20km de marche. Vers 10 heures, je savais que j'approchais. Soudain, à la sortie d'un virage, je vis le clocher de l'église sans son toit. Un frisson me parcourut. Cette église que, depuis des mois, je contemplais en photo, elle était là, devant moi, "en vrai".
Sur le moment, je pensais venir pour une simple petite enquête. J'étais loin de savoir où l'aventure me mènerait.Vu mon manque d'argent, pas question de dormir à l'hôtel ni de manger au restaurant. Je louais une place au camping municipal qui existait encore. À la supérette voisine, j'achetais des Corn Flakes, du sucre et du lait. Je mangerais cela pendant les six jours prévus pour mon enquête.
La douche du camping dysfonctionnait. Il n'y avait plus d'eau froide, que de l'eau bouillante! Pour me doucher, je passais plusieurs fois et très rapidement sous le jet afin de ne pas me brûler. Un vrai cirque!
Ces six jours furent très fructueux. Lorsque je téléphonais aux survivants ou que je frappais à leur porte, la plupart me disaient: "Mais, comment m'avez-vous retrouvé?" Je leur expliquais que j'avais lu les comptes rendus du procès de 1953 parus dans la presse, que j'avais noté leur nom et que j'avais ensuite cherché dans l'annuaire. Parmi ces témoins que les gardiens de la Mémoire ne mettaient jamais en avant, certains refusèrent de reparler du 10 juin tragique. Mais d'autres furent heureux d'être interrogés. Je pense notamment à Aimé Renaud qui, m'ayant emmené dans les ruines d'Oradour pour me montrer l'endroit exact où il s'était caché le jour du drame, me révéla que l'église avait explosé.
À l'église, je vérifiai qu'effectivement, le confessionnal n'avait pas brûlé.
Étudiant la chimie (des études qui comprenaient la résistance des matériaux), l'examen minutieux des cloches me convainquit que l'événement à l'origine de leur destruction ne pouvait être un incendie. J'allai enfin voir le vitrail par lequel l'unique survivante du drame, Marguerite Rouffanche aurait sauté. Là, je pris des mesures avec mon mètre. Le guide s'approcha: "Que cherchez-vous, monsieur?" me dit-il d'un ton soupçonneux. "À vérifier. Je veux comprendre pourquoi le confessionnal n'a pas brûlé..."
Immédiatement, il lança: "Si vous êtes un partisan de Weidinger, alors je vous demanderai de sortir de cette église!" Je refusai. Un attroupement s'étant formé (c'était l'été), le guide n'insista pas.
Le jour suivant, j'interrogeai Maurice Beaubreuil. Il me raconta que, de sa cachette, il avait entendu une grosse explosion venue de l'église suivie d'une mitraillade venue de tous les coins du bourg. Puis ce fut Robert Hébras qui me débita ses histoires de roncier sous le vitrail central de l'église, roncier qui aurait amorti et interrompu la chute de Marguerite Rouffanche. Hélas pour lui, j'avais consulté suffisamment de photos d'époque pour savoir qu'un tel roncier n'avait jamais existé. Toutefois, je m'abstins de le contredire, ayant pu me rendre compte qu'à Oradour, les gens supportaient très mal les marques d'esprit critique.
Plus tard, mon ami Henri Lewkowicz me dit:
"Les gens d'Oradour ne se comportent pas comme des victimes innocentes, mais comme des menteurs inquiets." Pour les gardiens de la Mémoire, c'est vrai.
Ces six jours me convainquirent qu'effectivement, la thèse officielle était mensongère. Je repartis au petit matin. Dans le bus qui me conduisait à Limoges, je me jurai de poursuivre l'enquête. En fait, je n'avais pas besoin de me faire violence; j'avais hâte, au contraire, de continuer les investigations. J'étais surexcité.
Je revins à Oradour en juillet 1993, trois semaines après la naissance de notre premier enfant. Mon épouse avait invité une amie pour l'aider. Je sus plus tard que mon départ pour le village martyr avait choqué mes beaux-parents: à leurs yeux, j'étais un "fanatique". Je les comprends et j'admets sans peine être un passionné.
Mais quand on sait ce que les gardiens de la Mémoire et les autorités font subir aux révisionnistes, alors on comprend que seuls des jusqu’au-boutistes peuvent mener le combat en première ligne. La providence suscite donc les individus qu'il faut là où il le faut.
Si je raconte tout cela, c'est à l'adresse des jeunes qui seront tentés (à raison) de s'engager dans l'aventure révisionniste. J'ai commencé à enquêter sur Oradour avec des moyens dérisoires. J'ignorais totalement où cela me mènerait. Et lorsque les affaires se sont gâtées, j'ai continué, prêt à tous les sacrifices, sans me préoccuper de l'avenir. Isabelle Rivière soulignait: "il n'est pas une action féconde qui n'ait commencé par le sacrifice – c'est à dire par le contraire même de la prévoyance" (
Sur le devoir d'imprévoyance, Paris, 1941, p. 147).
Pour savoir si l'aventure révisionniste vous est possible, alors interrogez-vous : "Suis-je apte à agir dans l'imprévoyance?" Autrement dit: suis-je prêt à agir même si, à vue humaine, mes moyens sont insuffisants et même si, toujours à vue humaine, des adversaires beaucoup plus forts pourront m'écraser?
Mon expérience démontre que c'est possible. Face aux moyens dont disposent les gardiens de la Mémoire, les miens ont toujours été dérisoires. En 1997, mes adversaires sont parvenus à faire interdire mon livre sur Oradour. Début septembre 1997, le président de l'Association nationale des familles de martyrs a déclaré que cette interdiction "met[tait] un terme à cette tentative de falsifier les faits." (
Le populaire du centre, 8 septembre 1997, p.2) Mes adversaires pensaient donc m'avoir fait taire à jamais.
Mais j'ai persisté avec une cassette vidéo. C'était en 2000.
Pour cette cassette, en 2003 puis 2004, les gardiens de la Mémoire m'ont fait condamner à une forte amende, des dommages et de la prison ferme. Le soir du jugement, Camille Sénon regretta que j'aie pu ressortir libre du tribunal. De son côté, Marcel Darthout lança: "Il est condamné... c'est le principal". Encore une fois, ils pensaient m'avoir fait taire à jamais.
Mais j'ai persisté avec deux séries de vidéos publiées sur Internet. Et 25 ans après la publication de mon premier ouvrage. Je reviens avec un nouveau livre bien plus solide.
Je dis donc aux jeunes: le révisionnisme attend ceux de vous que la providence a désignés pour cette mission. Tout est possible quand on accepte de vivre dans l'imprévoyance, sœur du sacrifice. Nul besoin de grands moyens, la volonté suffit. Je sais que parmi vous, certains assureront la relève en montant en première ligne. D'autres les aideront en les soutenant de l'arrière. Les uns et les autres ont droit à mon respect. Chacun à sa place, l'aventure continuera.
Je vous souhaite une agréable journée.
Vincent