Histoire : Hitler, Himmler et l’« Holocauste »
par Vincent REYNOUARD
Faute d’avoir retrouvé un ordre d’Adolf Hitler d’exterminer les juifs, faute d’avoir trouvé un projet clair, un budget, un organe centralisateur et, surtout, faute de pouvoir nous prouver la réalité de l’arme du crime, la « chambre à gaz » homicide pour plusieurs centaines de personnes à la fois, les exterminationnistes s’appuient sur trois documents afin d’impressionner le grand public : un discours d’Adolf Hitler le 30 janvier 1939, un discours de Heinrich Himmler le 4 octobre 1943, et un ordre de Heinrich Himmler le 25 novembre 1944. Examinons-les.Dans son discours prononcé le 30 janvier 1939, Adolf Hitler aurait annoncé qu’en cas de guerre mondiale, les juifs d’Europe seraient massacrés. Voici la phrase que l’on cite depuis 1945 :
« Au cas où la finance judéo-internationale des pays européens et extra-européens réussirait encore à précipiter les nations dans une guerre mondiale, celle-ci se terminerait non par la bolchévisation, et, en conséquence, par la victoire du judaïsme, mais bien par l’anéantissement de la race juive en Europe (die Vernichtung der jüdischen Rasse in Europa). » Adolf Hitler a bien déclaré qu’une guerre mondiale aurait pour conséquence l’« anéantissement de la race juive en Europe ». Cependant, on ne mentionne jamais le paragraphe qui suit et qui dévoile ce que le Führer pensait par-là. Le voici dans une version française parue à l’époque :
« En effet, le temps n’est plus où les peuples non juifs étaient sans défense dans le domaine de la propagande. L’Allemagne nationale-socialistes et l’Italie fasciste possèdent maintenant les institutions qui leur permettent, le cas échéant, d’éclairer le monde sur la nature d’une question dont bien des peuples ont une notion instinctive, mais qui leur paraît obscure au point de vue scientifique. Pour le moment, la juiverie peut, dans certains États, mener campagne avec le concours d’une presse qui est entre ses mains, du cinéma, de la radiophonie, du théâtre, de la littérature, etc. Cependant, pour le cas où les juifs réussiraient à nouveau à inciter des millions d’êtres humains à une lutte insensée en ce qui les concerne, et ayant pour unique objet la défense des intérêts juifs, on verra se manifester l’efficacité d’une propagande éducatrice qui, en Allemagne même, a réussi en quelques années à terrasser [faire succomber serait plus exact] la juiverie ».
Nulle part, il n’était question d’une extermination physique. Adolf Hitler affirmait qu’en cas de nouvelle guerre provoquées par la finance juive, les peuples européens, lassés de se battre vingt-et-un ans après 1918, seraient prêts à écouter la propagande antisémite et à réduire les juifs à l’état de citoyens de seconde zone, comme cela avait fait en Allemagne depuis 1935, annihilant de ce même fait leur puissance. Certes, contrairement à ce qu’il pensait, Adolf Hitler n’était pas prophète sur ce coup-là, mais ce second paragraphe démontre ce qui signifiait pour lui l’« anéantissement de la race juive en Europe ». Cette expression signifiait l’anéantissement de la puissance juive, autrement dit de la juiverie, pas l’extermination physique de tous juifs d’Europe. Je note d’ailleurs que dans son livre Himmler et la Solution finale, l’exterminationniste Richard Breitman a l’honnêteté de reconnaître que la notion d’« anéantissement » (Vernichtung) était polysémique :
« L’anéantissement, écrit-il, pouvait signifier la destruction d’un groupe en tant que communauté dotée d’une conscience de soi, la désintégration d’un peuple ou, peut-être, une élimination physique ». Or, dans l’esprit d’un antisémite, un peuple juif débarrassé de sa puissance allait sans doute s’étioler de lui-même… Mais surtout, Richard Breitman rappelle une réalité trop souvent oubliées :
« Qu’il s’agisse de commettre un massacre ou un génocide, le gouffre est cependant abyssal entre la parole et l’acte ». Dès lors, même à refuser mon analyse, le discours d’Adolf Hitler peut être tout au plus considéré comme l’indice d’une volonté exterminatrice. Il ne constitue pas une preuve de quoi que ce soit. Si l’on veut prouver qu’un pogrome sans précédent a été perpétré entre 1941 et 1945, faisant 5 ou 6 millions de victimes, il faut apporter des preuves matérielles.
Je passe au prétendu ordre de Heinrich Himmler de démanteler les installations d’extermination, le 25 novembre 1944. Sur un site affilié au Mémorial de la Shoah, on lit à propos d’Auschwitz :
« Fin novembre 1944, Heinrich Himmler donne l’ordre d’arrêter les opérations de gazage et de démanteler les installations de mise à mort. » S’il a donné cet ordre, dira-t-on, c’est que les Allemands avaient effectivement construit des chambres à gaz homicides pour y asphyxier des gens. Ce raisonnement est certes légitime ; mais encore faut-il que cet ordre ait réellement existé. Dans l’ouvrage de Raul Hilberg, qui reste considéré comme le pape de l’exterminationnisme, on lit, page 848 : « En novembre 1944, Himmler décida que, pour des raisons pratiques, la question juive était résolue. Le 25 de ce mois, il ordonna le démantèlement des installations de mise à mort ». La note 13 de cette page est la suivante :
« Déposition en cours d’instruction de Kurt Becher, du 8 mars 1946. PS-3762 ». Le lecteur superficiel croira que le document PS-3762 est cet ordre, avec peut-être des précisions apportées par ce Kurt Becher. Il se trompe. Ouvrons le tome 33 du procès de Nuremberg. A La page 68, on trouve le document PS-3762. Il s’agit d’une simple déclaration sous serment d’un ancien SS, Kurt Becher, sans aucun ordre de Heinrich Himmler qui y serait annexé. On lit :
« Moi, ancien colonel-SS Kurt Becher […] déclare sous serment ce qui suit : Entre la mi-septembre et la mi-octobre 1944, j’ai obtenu que le Reichsführer SS Himmler publie l’ordre suivant, dont j’ai reçu deux orignaux destinés aux généraux SS Kaltenbrunner et Pohl ainsi qu’une copie carbone pour moi : “A effet immédiat, j’interdis tout annihilation (Vernichtung) de juifs et ordonne, au contraire, que des soins hospitaliers soient donnés aux personnes faibles et malades. Je vous tiens (ici, Ernst Kaltenbrunner et Oswald Pohl étaient impliqués) personnellement responsables, même si cet ordre venait à ne pas être strictement observé par les échelons subalternes” ». Bref, l’existence de l’ordre en question n’est nullement démontrée. Elle repose sur les déclarations d’un homme.
Or, ce récit de Kurt Becher était de la plus haute fantaisie pour une première raison évidente : en tant que chef de l’Office central de l’Économie et de l’Administration (WVHA), Oswald Pohl n’était mêlé que très indirectement à la Solution finale de la question juive. Si, en 1944, Heinrich Himmler avait rédigé un tel ordre, il l’aurait destiné à Ernst Kaltenbrunner (le successeur de Reynard Heydrich) et, peut-être, à Adolf Eichmann, qui était chargé de la déportation des juifs. Mais certainement pas à Oswald Pohl qui s’occupait de l’exploitation économique des camps.
Un fait, d’ailleurs, démontre que les vainqueurs avaient conscience de cette grave anomalie. La déclaration sous serment PS-3762 de Kurt Becher a bien été utilisé lors du premier procès de Nuremberg, afin d’accabler Ernst Kaltenbrunner qui qualifia ce témoignage de
« en partie exact et en partie faux ». Mais les vainqueurs ne l’ont pas utilisée lors du procès d’Oswald Pohl, en 1947. L’index des documents utilisés ne comporte pas le PS-3762.
Kurt Becher était-il oublié ? Non, puisque la défense avait utilisé une autre déclaration sous serment de lui. Il aurait donc été facile à l’accusation d’utiliser son premier témoignage du 8 mars 1946. Elle ne l’a pas fait parce que, très probablement, elle savait qu’Oswald Pohl aurait très facilement pu dévoiler la supercherie. Non content d’utiliser ce document manifestement faux, Raul Hilberg n’a pas hésité à en falsifier le contenu.
Sur la date d’abord. Alors que Kurt Becher parlait d’un ordre rédigé entre la mi-septembre et la mi-octobre 1944, Raul Hilberg le plaçait le 25 novembre. Pourquoi ? Tout simplement parce que, le 24 novembre 1944, les Allemands avaient fermé le secteur B1 du camp de Birkenau et que, le lendemain, ils avaient rattaché Birkenau à Auschwitz I. Raul Hilberg a donc changé la date afin de faire cadrer le témoignage de Kurt Becher avec la thèse officielle. Alors que, d’après Kurt Becher, Heinrich Himmler aurait interdit toute annihilation de juifs, Raul Hilberg parlait du
« démantèlement des installations de mise à mort ». Ce dernier mensonge n’est pas innocent, car le lecteur allait se dire : « puisque Heinrich Himmler a ordonné le démantèlement des chambres à gaz, c’est bien la preuve qu’elles ont existé, donc que les nazis ont exterminé les juifs ». On comprend donc pourquoi l’auteur s’est contenté de donner la référence du document, sans en citer le moindre passage. Il fallait à tout prix que le lecteur moyen ne puisse pas vérifier… Soulignons que, dans son ouvrage paru en 1993, l’historien exterminationniste Jean-Claude Pressac s’est bien abstenu de citer la déclaration de Kurt Becher. Il s’est contenté d’écrire, page 93 :
« Fin novembre, sur ordre verbal d’Himmler, les gazages homicides furent arrêtés ». Cette fois, plus aucune date précise n’est donnée. Quant à l’ordre, il est devenu « verbal », ce qui explique qu’il n’y en ait aucune trace. Exit, donc Kurt Becher et sa déclaration fantaisiste.
Mais sans Kurt Becher, Jean-Claude Pressac ne peux pas étayer son affirmation : aucune référence ne vient à l’appui de ce qu’il affirme. Son allégation est totalement gratuite. Le prétendu ordre de Heinrich Himmler de faire cesser les gazages homicides est totalement fantomatique. On me répondra que la déclaration de Kurt Becher a refait surface dans un ouvrage de Saul Friedlander paru en 2007 et intitulé (pour la version française) : Les années d’extermination. C’est vrai, mais l’auteur s’exprime au conditionnel et ne parle ni d’un quelconque arrêt des gazages homicides, ni d’un quelconque démantèlement des installations de mort. Il écrit, page 791 :
« Si l’on en croit la déposition de Becher après la guerre, c’est dans le courant de l’automne 1944 qu’on convainquit Himmler d’ordonner la fin des déportations, y voyant une ouverture pour engager des négociations avec des représentants du Joint [Commetee] et, plus spécifiquement, avec son représentant en Suisse, Sally Meyer. En contrepartie des virements demandés aux représentants juifs, il semble que, suivant la suggestion de Becher, Himmler ait bel et bien donné des ordres en ce sens à Kaltenbrunner et à Pohl ; il semble aussi qu’en réponse Mayer, avec l’accord du représentant du WRB en Suisse, ait été prêt à ouvrir un compte bloqué pour les Allemands dans une banque suisse. Mais Himmler, qui devait pressentir que Hitler ne consentirait à aucun compromis d’importance s’agissant des affaires juives, fit probablement marche arrière. » On le voit, la déposition de Kurt Becher n’est plus citée qu’à titre anecdotique, et il n’est plus question ni d’arrêt de gazages homicides, ni de détruire des installations de mort. Dès lors, que reste-t-il de la thèse de Raul Hiberg ? Rien, absolument rien.
Mais aujourd’hui encore, le prétendu ordre de Heinrich Himmler est présenté comme une réalité. Qui sont les véritables falsificateurs de l’Histoire ?
J’en viens au fameux discours prononcé par Heinrich Himmler à Posen (Poznan). C’était le 4 octobre 1943. Le site internet antirévitionniste the holocaust history project le décrit comme :
« l’un des documents les plus terrifiants de l’Holocauste ». Afin d’éviter toute polémique inutile, je vais en donner une version française à partir de l’enregistrement original de ce discours, un enregistrement découvert par les Alliés après 1946 et produit lors du derniers des procès organisés à Nuremberg (le onzième), sous la cote NO-5909. Cette version respectera le plus possible le style allemand.
Mais dans un premier temps, je donnerai à certains mots clés les sens qu’on peut légitimement leur donner, sans me prononcer ni pour l’un ni pour l’autre.
« Je veux aussi évoquer devant vous, en toute franchise, un sujet assez pénible (ganz scheweres). Il doit être abordé entre nous et, pourtant, nous n’en parlerons jamais publiquement […]. Je veux parler de l’évacuation des juifs (Judenevakuierung), de l’éradication/extermination (Ausrottung) du peuple juif. C’est une des choses qui est facilement dite. Chaque membre du Parti va vous dire : « Le peuple juif est ausgerottet (éradiqué/exterminé), c’est parfaitement clair, cela figure dans notre programme, élimination (Ausschaltung) des juifs, éradication/extermination (Ausrottung), nous le faisons, pff ! une broutille ». Et alors viennent les 80 millions de braves Allemands, et chacun a son bon juif. Ils disent : tous les autres sont des porcs, mais voici un juif génial. Mais aucun n’a été témoin, aucun n’a enduré [ce que nous avons vu et enduré]. Parmi vous, la plupart sauront ce que ça veut dire quand 100 corps, quand 500 corps, quand 1000 corps sont étendus côte à côte. L’avoir enduré et ―à l’exception de rares cas de défaillance humaine― être restés dignes nous a endurcis et c’est une page de gloire jamais mentionnée et qui ne le sera jamais. Parce que nous savons combien les choses seraient difficiles si, aujourd’hui, à l’heure des bombardements, des charges et des privations dues à la guerre, nous avions encore dans chaque ville des juifs comme saboteurs clandestins, comme agitateurs et comme provocateurs. Nous en serions probablement au même stade qu’en [19]16/17, si les juifs résidaient encore au sein du peuple allemand.
[Je saute six phrases relatives aux biens saisis aux juifs et directement donnés à l’État sans que les SS se soient eux-mêmes enrichis.] Nous avons moralement le droit, nous avions le devoir envers notre peuple de le faire, de tuer/d’en finir avec (umzubrigen) ce peuple qui voulait nous tuer/en finir avec nous (umbringen wollte). Mais nous n’avons pas le droit de nous enrichir, ne serait-ce que d’une fourrure, d’une montre, d’un mark, d’une cigarette, ou de toute autre chose. Ça, nous ne l’avons pas. Car en définitive, nous ne voulons pas, parce que nous éradiquons/exterminons un bacille, devenir malades et mourir à cause du bacille ».
Le site internet antirévisionniste PHDN donne au mot Ausrottung le sens sinistre d’exterminer. Pourquoi pas ? Dans ce cas, le discours dit bien que les juifs étaient exterminés. Mais une question capitale subsiste : dans les faits, les juifs ont-ils vraiment été exterminés ? Un discours, si sinistre soit-il, est incapable de le prouver. Car un discours reste un assemblage de mots prononcés, sans qu’il soit à priori permis de dire si le sens correspond aux faits. Sachant que, d’après Raul Hilberg, à la page 1045 de son livre : l’extermination des juifs aurait été principalement perpétrée dans les « camps de la mort », c’est-à-dire dans des « chambres à gaz » homicides, la question revient à celle-ci : les « chambres à gaz » homicides ont-elles existé ? Si l’on démontre que ces chambres à gaz homicides ont bien existé et qu’elles ont permis de gazer des centaines de milliers de victimes, alors on aura la confirmation que, dans le discours de Heinrich Himmler, « Ausrottung » signifiait : exterminer. Je le répète : quand il s’agit de meurtre, un discours, même sinistre, n’est tout au plus qu’un indice. Il doit être confirmé à l’aide de preuves matérielles. J’attends donc que l’on me démontre, matériellement, l’existence de chambres à gaz homicides dans les camps allemands, chambres à gaz dans lesquelles de centaines de milliers de personnes auraient été gazées. Je pourrai m’arrêter et attendre cette démonstration qui n’est jamais venue.
Mais je sais que nombreux sont ceux qui, même parmi les révisionnistes, me diront : « Si les juifs n’ont pas été exterminés, alors comment expliquer le discours de Heinrich Himmler ? » Ma réponse commencera avec une question : « Et si le discours de Heinrich Himmler avait mal été interprété ? » Reprenons le début du discours de Heinrich Himmler, et plus particulièrement lorsqu’il déclare :
« Je veux parler de l’évacuation des juifs (Judenevakuierung), de l’éradication/extermination (Ausrottung) du peuple juif ». Si l’on traduit Ausrottung par extermination, on note une sévère contradiction au sein même de la phrase : évacuer n’est pas exterminer.
Ici, on me répondra que Heinrich Himmler soulignait l’existence d’un langage codé issu d’un accord tacite et utilisé au sein de la hiérarchie national-socialiste. Pourquoi pas ? Mais il faut alors considérer les deux seules situations possibles.
Le public se composait en partie, au moins, de gens non-avertis. Dans ce cas, Heinrich Himmler aurait dû leur expliquer en quelques phrases qu’il existait un langage codé et que la prétendue évacuation des juifs était en réalité une extermination. Pourtant, il n’y consacre qu’une seule phrase, sans rien expliquer.
On en déduit que Heinrich Himmler parlait à des gens informés. Dans ce cas, il n’avait aucune raison d’utiliser un langage codé ; il allait au contraire leur parler franchement. Or, il faut savoir que la transcription écrite du discours a également été retrouvée après 1945. Elle est conservée dans les archives de Nuremberg ce qui m’a permis de m’en procurer une copie. On y découvre que le chapitre consacré à la question juive était intitulé : « Judenevakuierung ». Prétendre qu’il s’agirait d’un titre codé au sein d’un discours où Heinrich Himmler aurait tout révélé est doublement absurde.
1°) Parce que les autres titres sont le reflet de ce dont Heinrich Himmler va parler ;
2°) Parce que si, dans son discours, Heinrich Himmler avait révélé l’existence d’un génocide, rendant tout langage codé inutile, le titre du paragraphe n’aurait eu nul besoin d’être codé. Il aurait été : « Ausrottung den Juden » ou « Vernichtung den Juden ».
Me dira-t-on que celui ou celle qui a transcrit le discours a préféré utiliser un langage codé ? Alors je répondrai que les notes manuscrites utilisées par Heinrich Himmler afin de charpenter son discours ont également été retrouvées et sont également conservées dans les archives de Nuremberg.
Que lit-on sur le neuvième feuillet, de la propre main de Heinrich Himmler ? « Judenevakuierung ». Nouvelle preuve que c’était bien l’objet du paragraphe, car on ne voit pas Heinrich Himmler utiliser un langage codé dans ses notes personnelles, sauf à prétendre qu’il voulait se cacher à lui-même le génocide…
Cette évacuation dont s’apprêtait à parler Heinrich Himmler était conforme à ce que Hermann Göring avait demandé, deux ans plus tôt, à Reynard Heydrich. Dans une lettre du 31 juillet 1941, il lui avait donné la mission de préparer la résolution de la « question juive, par la voie de l’émigration ou de l’évacuation ». Loin de prouver une quelconque extermination, le discours de Heinrich Himmler semblerait donc indiquer qu’à l’automne 1943 rien n’avait changé dans la politique antijuive : il s’agissait toujours de refouler les juifs hors de la sphère d’influence allemande.
Certains me reprocheront peut-être d’attacher trop d’importance à ce titre et à cette expression : « Judenevakuierung ». Je leur répondrai que si cette expression n’avait aucune importance, les vainqueurs n’auraient pas eu besoin de la remplacer lorsqu’à Nuremberg, ils présentèrent le discours de Heinrich Himmler. Ce cas étant très grave, je vais m’y attarder un peu. Le document en question est issu des archives de Nuremberg. Il s’agit d’une première analyse du discours de Heinrich Himmler, rédigée afin d’aider les procureurs dans leur mission. Cette analyse date du 29 octobre 1945. Pour effectuer son travail, l’auteur s’est fondé sur le texte allemand du discours.
Dans son analyse, il écrit :
« Les pages 64-67 sont consacrées à l’ “évacuation” des juifs ». Bien que le terme soit mis entre guillemets, son utilisation démontre que l’auteur l’avait bien lu dans le document en allemand. Quinze jour plus tard, le 13 novembre 1945, le texte fut traduit par une dénommée, Esme Sherriff. Celle-ci certifia avoir fait une
« traduction correcte et véridique d’extraits du document PS-1919 ». Et en effet, le titre ainsi que la fameuse phrases étaient bien traduites, avec l’expression « evacuation of the Jews ». Mais lorsque, un mois plus tard, l’avocat général américain, Thomas Dodd, prononça son réquisitoire introductif, il s’appuya sur la « traduction anglaise » du document PS-1919 pour prétendre que, le 4 octobre 1943, Himmler aurait lancé :
« I mean the clearing out of the jews, the extermination of the jewish race ».
L’accusation avait donc falsifié le texte, afin de faire disparaître l’expression « évacuation des juifs ». Cette falsification n’était pas innocente, car lorsqu’il s’agit d’un ennemi, « clearing out » peut signifier « éliminer ».
Notons d’ailleurs que les traducteurs français des comptes rendus de Nuremberg ne s’y sont pas trompés. Sachant très bien ce que Thomas Dodd voulait dire, ils ont traduit « clearing out » par « liquidation ». Faut-il invoquer un lapsus du procureur général américain. Non, cette falsification était délibérée. On le sait car, dès 1946, les Etats-Unis publièrent la version américaine de tous les documents qu’ils avaient utilisés lors du procès de Nuremberg. Dans le tome IV figure le document PS-1919. On s’aperçoit que, par rapport à la traduction d’Esme Sherriff, l’expression « evacuation of the jews » (évacuation des juifs) avait été changée par « clearing out of the jews » (nettoyage des juifs). J’ajoute que, deux ans plus tard, lors du procès d’Oswald Pohl et autres, la même version falsifiée du discours de Heinrich Himmler fut encore utilisé contre les accusés. Dans son réquisitoire introductif, le procureur général prétendit que Heinrich Himmler avait déclaré :
« Je veux dire l’élimination (clearing out) des juifs, l’extermination de la race juive ». Loin d’être un lapsus, c’était là encore conforme à la traduction anglaise que l’on trouve dans les archives de ce procès. On s’aperçoit que le titre du passage et l’expression avaient été changées. Mais la surprise survient lorsque l’on consulte la dernière page pour voir qui a traduit ce texte. On s’aperçoit que cette dernière page est identique à celle de la traduction honnête, faite par Esme Sherrif le 13 novembre 1945. La conclusion s’impose : après le 13 novembre 1945, une ou plusieurs pages de la traduction originale ont été changées, afin d’en obtenir un nouvelle, plus accusatrice, où l’expression « evacuation of the jews » étaient remplacée par « clearing out of the jews ». La falsification était donc non seulement délibérée, mais très bien organisée. J’y vois la preuve que l’expression « Judenevakuierung » était capitale, sans quoi les vainqueurs n’auraient pas éprouvé le besoin de se livrer à tous ces tripatouillages. Dans son discours, Heinrich Himmler parlait bien de l’évacuation des juifs, pas de leur élimination (sous-entendu, physique).
Mais alors, pourquoi a-t-il utilisé dans la même phrase, le mot « Ausrottung » ? Tout simplement parce que ce terme peut aussi signifier « éradication » et que, d’après le dictionnaire de référence Littré, dans son sens premier, « éradiquer » signifie : « action de déraciner, d’extirper », ce qui s’accorde bien avec une expulsion, une évacuation forcée durant laquelle on déracine des gens, extirpant ce qu’ils représentent (ici le judaïsme). A Nuremberg, on reprocha à l’accusé Alfred Rosenberg d’avoir voulu parler de l’extermination des juifs dans un discours qu’il devait prononcer en décembre 1941. Il y aurait renoncé pour de simples raison tactiques, lors d’une conversation avec Adolf Hitler. Dans le document original, le mot « Ausrottung » apparaissait effectivement, mais Alfred Rosenberg contesta que le sens à lui donner était celui que supposait l’accusation. Le procureur américain lui ayant proposé l’utilisation d’un dictionnaire anglais-allemand pour résoudre la question, Alfred Rosenberg répondit :
« Je n’ai pas besoin d’un dictionnaire étranger pour dire ce que signifie en allemand le mot Ausrottung qui a beaucoup d’acceptions. On peut extirper une idée, ou peut anéantir un système économique, on peut détruire un ordre social et finalement, on peut, certes, exterminer une communauté. Telles sont les multiples interprétations possibles de ce mot. Je n’ai pas besoin, pour cela, de dictionnaire anglais-allemand ». Plus loin, il souligna que l’expression utilisée dans le document était
« Ausrottung des Judentums », ce qui signifiait « extirpation du judaïsme », car quand il est question d’en finir avec une religion ou d’une idéologie, « éradiquer » ou « extirper » s’appliquent davantage qu’« exterminer ». Nouvelle preuve que le terme « Ausrottung » ne signifie pas obligatoirement « extermination », loin de là.
Autre exemple. Le 24 février 1943, Adolf Hitler fit une proclamation publique depuis son Quartier général. Parlant des juifs de New York et de Londres qu’il accusait de vouloir anéantir le peuple allemand, le Führer déclara :
« Nous sommes décidés à leur répondre d’une façon non moins claire. C’est pourquoi cette lutte ne se terminera pas, comme certains en avaient formé le projet, par la destruction de la race aryenne, mais par la Ausrottung de la juiverie en Europe ». Le lendemain, le quotidien français Les Nouveaux Temps reproduit de larges extraits de cette proclamation. On constate que si le titre de la rédaction parlait d’une « extermination », dans l’extrait lui-même, Ausrottung était traduit par « extirpation » : « extirpation, en Europe, de la juiverie en Europe ». Pas encore convaincu ?
Alors je vous soumettrai une brochure de l’exterminationniste Robert Wolfe : Holocauste, la preuve documentaire. La page 35 est entièrement consacrée au discours de Heinrich Himmler du 4 octobre 1943. Eh bien, dans ses commentaires, Robert Wolfe lui aussi traduit « Ausrottung » par extirpation. Je suis donc en bonne compagnie…
Pourtant, Heinrich Himmler parle de cadavres par centaines étendus les uns à côté des autres. Cela atteste davantage la thèse de l’extermination que celle de l’évacuation. Quand les propos sont cités hors contexte, oui.
Mais reprenons le passage du discours tel qu’on l’entend sur la bande sonore et tel qu’il a été retranscrit, avec de légères différences, par une secrétaire. La traduction donne :
« L’évacuation des juifs. Je veux aussi évoquer devant vous, en toute franchise, un sujet assez pénible. Il doit être abordé entre nous et, pourtant, nous n’en parlerons jamais publiquement […]. Je veux parler de l’évacuation des juifs, de l’éradication du peuple juif. C’est une des choses qui est facilement dite. Chaque membre du parti va vous dire : « Le peuple juif est éradiqué, c’est parfaitement clair, cela figure dans notre programme, élimination des juifs, Ausrottung, nous le faisons, pff ! une broutille ». Et alors viennent les 80 millions de braves Allemands, et chacun a son bon juif. Ils disent : tous les autres sont des porcs, mais voici un juif génial. Mais aucun n’a été témoin, aucun n’a enduré [ce que nous avons vu et enduré]. Parmi vous, la plupart sauront ce que ça veut dire quand 100 corps, quand 500 corps, quand 1000 corps sont étendus côte à côte. L’avoir enduré et ―à l’exception de rares cas de défaillance humaine― être restés dignes nous a endurcis et c’est une page de gloire jamais mentionnée et qui ne le sera jamais. Parce que nous savons combien les choses seraient difficiles si, aujourd’hui, à l’heure des bombardements, des charges et des privations dues à la guerre, nous avions encore dans chaque ville des juifs comme saboteurs clandestins, comme agitateurs et comme provocateurs ». Je n’ai pas traduit « Ausrottung » lors de sa deuxième apparition pour la raison suivante : ce passage peut être compris de deux façons différentes.
Première façon : l’expression « Mais aucun n’a été témoin » désigne les membres du parti et les 80 millions d’Allemands. Heinrich Himmler aurait fustigé les fanfarons qui, en paroles, réclamaient l’extermination proprement dite des juifs (Ausrottung devant alors être traduit par extermination) et ceux qui, au contraire, venaient défendre leurs bons juifs. A ceux-ci, il aurait dit : « Nous qui luttons à l’Est, nous savons ce que peuvent faire les contingents de saboteurs judéo-bolcheviques. Nous sommes obligés de les combattre et, parfois, dans le cadre de nettoyages ou de représailles, nous devons fusiller plusieurs centaines de personnes à la fois. Soyeux heureux de ne pas avoir dans vos villes de semblables agitateurs, ce qui vous épargne cette lutte terrible… ». Quant aux fanfarons du parti, il leur aurait dit : « Vous réclamez une extermination, mais vous ne savez pas ce que c’est que de tuer massivement ».
Deuxième façon : l’expression « Mais aucun n’a été témoin » désigne uniquement les 80 millions d’Allemands. Dans ce cas, le message de Heinrich Himmler aurait été le suivant : « Lorsque nos camarades du parti répètent que les juifs seront extirpés (Ausrottung devant alors être traduit par extirpation), le bon peuple vient défendre ses bons juifs. Mais nous qui luttons à l’Est, nous savons ce que peuvent faire les contingents de saboteurs judéo-bolcheviques, etc. ».
Personnellement, je pense que Heinrich Himmler visait les 80 millions d’Allemands. Mais peu importe, car la conclusion s’impose : quelle que soit l’analyse de ce passage, il apparaît nettement que les corps étendus évoquaient non une extermination de masse (car les chiffres cités auraient alors été beaucoup plus grands), mais de la lutte antiterroriste à l’Est. Or, on sait que dans la phraséologie allemande de l’époque, les terroristes étaient assimilés aux juifs avec l’expression « judéo-bolchevique ». Quant à la phrase habituellement traduite ainsi : « Nous avons moralement le droit, nous avions le devoir envers notre peuple de le faire, de tuer (umzubrigen) ce peuple qui voulait nous tuer (umbringen wollte). », je note qu’au figuré, le verbe umbringen peut signifier : en finir avec quelqu’un. La phrase devient alors : « Nous avons moralement le droit, nous avions le devoir envers notre peuple de le faire, d’en finir avec ce peuple qui voulait en finir avec nous ».
Tous ces développements démontrent que, le 4 octobre 1943, à Posen, Heinrich Himmler n’a pas évoqué une quelconque extermination systématique des juifs, mais leur évacuation. Pour prétendre le contraire, les accusateurs, à Nuremberg, n’ont pas hésité à cacher le titre du passage (Judenevakuierung) et à falsifier le texte afin de faire disparaître toute référence à une évacuation.
Je sais que les exterminationnistes repousseront ma démonstration. Ils développeront une savante dialectique pour expliquer que les fautes commises à Nuremberg n’ont guère d’importance et ils contesteront le sens que je donne aux mots prononcés par Heinrich Himmler. Alors pourrait commencer une interminable dispute où chacun brandirait son dictionnaire, sa grammaire, etc. Mais cela n’arrivera pas, car je le répète : concrètement, un discours, des déclarations, des aveux, un témoignage ne sont que des assemblages de mots. Dans une affaire de meurtre, ils peuvent certes être considérés comme des indices de culpabilité. Mais ils ne sauraient constituer des preuves. Dès lors, quelle que soit la façon dont on analyse le discours de Heinrich Himmler, quel que soit le sens que l’on donne aux mots, tout cela ne change finalement rien à l’existence ou à la non-existence des chambres à gaz homicides allemandes. Ce que j’attends de mes adversaires, c’est un nom de juif et une preuve matérielle que ce juif est bien mort gazé dans un camp allemand. Un nom et une preuve que nous examinerons ensemble. Mes adversaires relèveront-ils le défi ?
J’attends…
Vincent REYNOUARD