Les Québécois s’avouent ignorants de l’Holocauste plus que les Canadiens
14 juin 2022
Les Québécois ignorent bien plus l’histoire de l’Holocauste et des autres catastrophes de la Deuxième Guerre mondiale que le reste du Canada, révèle un nouveau sondage. En parallèle, deux nouveaux musées à propos des camps de la mort verront bientôt le jour à Montréal et Toronto.
Près d’un tiers (32 %) des Québécois affirme posséder une « connaissance insuffisante » de l’Holocauste, contre 21 % des Ontariens et 24 % des Canadiens. Cet écart se creuse si l’on trie ces données en fonction de la langue maternelle des sondés. Pas moins de 36 % des francophones avouent manquer d’informations sur ce drame, comparativement à 13 % des anglophones.
C’est ce qu’indique un sondage « d’autoévaluation » auprès de 1534 Canadiens réalisé par Léger pour le compte de l’Association d’études canadiennes (AEC).
La modestie des Québécois concernant leurs propres connaissances justifie en partie cette différence. Le manque d’attention portée à la Deuxième Guerre mondiale dans les écoles québécoises explique le reste de cette disparité, selon le président de l’AEC, Jack Jedwab.
« Si on traite moins la Deuxième Guerre mondiale, on va porter moins d’attention à l’Holocauste », avance-t-il en entrevue au Devoir. La connaissance de cet événement majeur du XXe siècle est d’ailleurs considérée comme « insuffisante » par 29 % des francophones canadiens, contre 21 % des anglophones, note le sondage.
M. Jedwab connaît l’Holocauste de très près. Sa propre mère a survécu à un camp de la mort. Elle est encore en vie, mais ses contemporains ne sont plus de ce monde. La disparition de ces mémoires vivantes rend donc la transmission de l’histoire plus compliquée, dit-il.
« Les derniers survivants de cette époque ont plus de 90 ans en majorité. Après eux, le fardeau pour transmettre cette mémoire va être ailleurs. »
Tendance à l’oubli
Au fil des sondages sur la question, la proportion de répondants affirmant connaître l’histoire de l’Holocauste diminue d’année en année.
Cette tendance à l’oubli s’observe également en Europe, note l’historien. « Le risque, c’est avoir un certain détachement, et que les leçons de cette époque ne s’appliquent plus aujourd’hui. »
Cependant, les gouvernements investissent les espaces muséaux afin de perpétuer la mémoire des six millions de Juifs exterminés.
Un nouveau Musée de l’Holocauste à Montréal doit ouvrir ses portes en 2025. Un musée de l’Holocauste sera aussi inauguré à Toronto en 2023.
La parution de ce sondage, le 14 juin, coïncide avec le jour où, il y a exactement 82 ans, démarrait la première déportation vers un camp de concentration de Pologne.
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